samedi 31 décembre 2016

2017, Hello sweetie !!!


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Je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d'année.
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Accueillons 2017 dans la joie et la bonne humeur !





Pas de résolutions cette année, tout comme les années précédentes,
 sauf peut-être celle de rester moi même quelques soient les circonstances,
 dans les moments de bonheur et de lutte, 
pour privilégier ce qui me tient vraiment à cœur.





Bonne et heureuse année 2017 !!!



mardi 27 décembre 2016

Osez 20 Histoires d'obsessions sexuelles


résumé

Ce nouveau recueil particulièrement corsé d’Osez 20 histoires, la collection de nouvelles érotiques à thèmes de la Musardine, s’est donné pour but d’illustrer l’obsession sexuelle. Sous toutes ses formes. Obsession pour un fétiche, une pratique, un fantasme, un scénario, obsession pour une personne follement désirée, obsession pour le sexe en lui-même, obsession physique, ou mentale, ou les deux, obsession qui nous empêche de réfléchir, de travailler, obsession qui nous réveille la nuit, obsession qui nous consume, bref : 20 histoires fiévreuses, passionnées, tourmentées, où l’obsession suinte de chaque mot !

mon avis



La prolifique collection « Osez 20 histoires » de la Musardine nous propose avec le recueil de nouvelles « Osez 20 histoires d'obsessions sexuelles » un nouveau thème à découvrir, bien intrigant et intéressant à la lecture. Les différents auteurs du recueil l'ont exploité, selon leur univers personnel, et de manière diverse. 

L’obsession peut ainsi porter sur d'autres personnes, mais aussi sur des parties du corps ou des objets, ainsi que sur des pratiques spécifiques. Les nouvelles proposées ciblent l'objet de l'obsession avec précision. Leurs auteurs jouent sur cette fixation des personnages, pour mieux l'exploiter, la développer et la déployer jusqu'à la libération finale ou sa continuité. 
L’obsession d'autrui reste la plus courante : 
Le désir de l'autre, attirance soudaine et intense pour la personne qu'on rencontre pour la première fois.
Le désir ancré depuis déjà longtemps, que l'on découvre et qui prend force dans la nouvelle. 
Le désir pour une personne qui vous garde sous son emprise, comme un(e) maître(sse) vénéré(e).
Le désir d'une catégorie de personnes qui comble un vide affectif, ou des fantasmes particuliers.
Quand l’obsession est partagée, elle devient d'autant plus vive et cohérente, les scènes d'autant plus chaudes. Pourtant, si la romance n'est pas exclue, on reste centré sur le thème de l'obsession.

Le sexe et les pratiques sexuelles restent un champ thématique également très fructueux. Le sexe devient une nécessitée presque maladive, les pratiques spécifiques (voyeurisme, BDSM...) se découvrent et/ou s'avèrent les seules à pouvoir assouvir les désirs.
La focalisation sur les sens, les objets (même banals), ou de manière plus originale, les lieux et la recherche de l'esthétisme, eux aussi propices au plaisir peuvent accompagner efficacement l'objet de convoitise abordé dans les nouvelles.

La diversité des sujets et l'unité sur son traitement (choix de la précision) offrent une cohérence à l'ensemble du recueil pour le thème choisi.
L'obsession incite les personnages, hommes ou femmes (équilibre maintenu dans le recueil), à l’excès dans leurs pensées, leurs sensations et émotions, leurs pratiques. Elle peut les transformer, leur apporter un déclic nécessaire à l'excitation et l'épanouissement ou les pousser à des pensées et comportements de plus en plus nocifs pour eux même, socialement ou dans leur travail. Elle bouleverse leur vie de manière positive ou malsaine. La nocivité de celle ci peut mener à l’abandon au détriment de soi, à la perte de raison.
Sauf exception, les fantasmes obsessionnels doivent prendre forme pour atteindre la libération. Dans quelques nouvelles pourtant, la réponse reste négative, le personnage ne trouvant pas satisfaction au final, mais la désillusion et de nouvelles questions.

Beaucoup des histoires proposées sont à la première personne. Celle-ci permet d'entraîner le lecteur dans les fantasmes des personnages, la frontière entre leur désir et la réalité restant assez fragile. Leur fixation influe sur leur manière de concevoir la réalité et l'utilisation de la première personne nous rapproche un peu plus d'eux. La troisième personne apporte plus de recul, mais utilisée à bon escient s'adapte également aux récits proposés.

L'unité dans le traitement du thème se ressent aussi dans la narration, que j'ai trouvé de qualité. Bien sûr certaines nouvelles sont plus sensuelles ou plus crues, selon l'auteur, mais l'équilibre retrouvé dans l'ensemble du recueil, ainsi que la fluidité du style, des personnages justes et bien caractérisés demeurent très appréciables à la lecture. 

En conclusion, sauf exception (pour cause de personnage harceleur et violeur), j'ai aimé chacune des nouvelles permettant des découvertes sur une thématique intéressante, la lecture de scènes sensuelles et chaudes
Je recommande donc Osez 20 histoire d'obsessions sexuelles aux amateurs de lectures coquines et je remercie les éditions « La Musardine » et le forum « Au cœur de l'Imaginarium » pour cette belle découverte.

samedi 24 décembre 2016

Joyeuses fêtes !



Je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d'année ...


Et que la magie de Noël soit avec vous !!!



jeudi 22 décembre 2016

Lune de miel, de Manon Elisabeth d'Ombremont



Résumé

Paris, 1876. Lison a perdu ses parents, assassinés dans des circonstances mystérieuses et particulièrement sanglantes.
Un an après, elle tente toujours d'échapper à la folie. Au cœur des ombres, un monstre émerge et la tourmente, quelques jours avant son mariage arrangé. Réalité ou construction d'un esprit malade ? Parfois, la frontière peut être mince.
L’écriture de Manon Elisabeth d’Ombremont est d’une incisivité diabolique et vous entraîne au seuil d’une démence certaine.

Mon avis

Lune de miel est une nouvelle fantastique de Manon Elisabeth d'Ombremont, jeune auteure, dont on peut également suivre la série de dark et urban fantasy « Nechtaànomicon » publiée par les éditions L'Ivre-book.

Le nouvelle « Lune de miel » entraîne le lecteur dans une parenthèse certes courte, mais intense, à mi-chemin entre rêve (ou plutôt cauchemar) et réalité. L'ambiance teintée de morbide, de macabre et d'un côté malsain accompagne le personnage principal, jeune fille au destin tragique, mais aussi le lecteur, qui se laisse happer par son atmosphère tragico-mélancolique. On ne peut que s'attacher à Lison, jeune fille suicidaire, à la santé mentale fragile et trembler pour elle.

L'auteure M.E. d'Ombremont prend le temps de mettre en place le personnage principal de Lison, mais aussi les personnages secondaires, tels sa tante égoïste et malveillante, son futur mari, et sa très chère sœur, seule raison qui la fait hésiter à franchir le pas (passer la corde autour de son cou).
Rien de gai dans cette nouvelle imprégnée d'une forte mélancolie, à la fois désespérée et dangereuse. On y trouve en effet désillusion, tristesse et désespoir. Nous suivons Lison sur le sentier du non-retour entre cauchemar et démence grandissante : la frontière restant mince entre les deux. Le lecteur peine à trouver le vrai du faux dans ce cheminement macabre. 

On se retrouve même parfois mal à l'aise, touché par un soupçon d’obscénité (celui-ci toujours accompagné d'une sensualité trouble et équivoque, voire sadique), qui existe dans la relation, liant Lison à un mystérieux inconnu. Leurs étranges connexions nous dévoilent un individu auquel la jeune fille ne peut résister. Celui ci est animé d'une tendresse violente, d'une douce luxure, qui poussent Lison un peu plus loin dans sa chute. Mais peut être est-ce le dessein de cet homme aux intentions semblant pernicieuses ?
De plus, Lison se livre à des automutilations et tortures mentales : la jeune fille trouve de l'esthétisme et une forme de beauté dans ses propres cicatrices, mais continue de ruminer sans cesse la mort de ses parents, véritable déclencheur et guide de son évolution cauchemardesque.

L'auteure met en place le récit de manière judicieuse, dans le déroulement des scènes et les informations distillées le long du récit : cohérence de la narration pour mieux perdre Lison dans sa folie et le lecteur dans ses doutes. Le style élégant et fluide, les descriptions détaillées des émotions et sensations y contribuent aussi largement.

La conclusion est à l'image de la nouvelle, tout aussi macabre et ironique, cela va sans dire, et contribue à la cohérence du récit. Il privilégie esthétisme de l'écriture, de la narration, à l'intrigue en elle même. C'est une nouvelle qui se savoure à la lecture, sans suspense, mais avec une délectation doucereusement malsaine. 
L'auteure manie le format court avec justesse et élégance, atteint son but et entraîne le lecteur, même si le sort du personnage principal reste prévisible. C'est le cheminement qui compte, non le point final.

En conclusion, ce fut une découverte fort intéressante. La plume riche de Manon Elisabeth d'Ombremont, son style et la mise en place du récit, me laissent impatiente de découvrir « Nechtaànomicon ». Je remercie les éditions l'Ivre-book et le forum « Au cœur de l'imaginarium » pour cette belle et enrichissante découverte.

mardi 20 décembre 2016

L'Emprise du Lwa de Patrice Mora


Résumé

Au cœur de Paris, à quelques mois de l'exposition universelle, Mortimer et Lawrence se voient confier une nouvelle mission.
Les deux gentilshommes doivent se rendre à l’ambassade d’Autriche Hongrie.
Membres de la Loge, organisation occulte chargée de réguler les interactions de la capitale des enfers sur le genre humain, ils entendent mettre un terme à une odieuse alliance.

Alors qu'ils délivrent l’avertissement de la Loge, ils remarquent la présence d’un étrange dandy.
Noyé dans la mousseline des robes de soirées, il évolue aussi bien parmi les diplomates que les démons infiltrés.
Le curieux personnage laisse dans son sillage une aura pimentée aussi puissante qu’une malédiction exotique.
Sa seule présence se pose aussitôt comme une nouvelle énigme.

À la recherche d’une explication, Lawrence va entrainer son novice Mortimer dans l’univers du vaudou, où les relents de la mort se mêlent aux arômes de rhum et de tabac…


Mon avis


Le récit débute sur une mise en place un peu longue. Mortimer, personnage principal, narre son histoire à la première personne. Le style est fluide, mais il faut un temps pour s'adapter à l'emploi du présent pour un récit au passé et plus précisément au XIXème siècle. Je ne sais si c'est ce décalage (au niveau temporel) ou une narration un peu froide et peu expansive du personnage (qui ne livre pas ses pensées), qui m'a posé problème pour rentrer dans l'histoire. Les descriptions m'ont semblé également un peu trop développées et artificielles. 
Heureusement, le récit gagne ensuite en fluidité, même si la narration reste toujours un peu distante. Le personnage garde ses mystères. Il faut attendre les péripéties du récit pour que la narration se débloque, permettant de mieux visualiser et vivre les scènes. 

On découvre donc le personnage principal, mais aussi son nouveau partenaire de « travail ». Ce duo formé depuis peu apprend à se connaître au fil du récit et développe une complicité intéressante. Ils cachent des secrets, qu'ils dévoilent l'un à l'autre, et par la même occasion au lecteur, au fil des pages. Et les mystères ne manquent pas !
Le personnage principal, en particulier, possède une identité double et trouble. Il cache « un autre », qu'il doit contenir et maîtriser. Sûr de lui en toute occasion, il ne manque pourtant pas de failles, car son double gênant constitue une menace puissante, d'où son soucis de le dissimuler aux yeux des autres et de son nouveau compagnon. C'est une lutte au quotidien, accentuée par la douleur que lui inflige l'ennemi. Même à la fin du roman, quand le lecteur comprend les tenants et aboutissants de son étrange personnalité, il se garde d'avouer la vérité. 
Ce personnage pourrait paraître un peu austère. Même s'il doit garder son sérieux et rester concentré pour enchaîner son double, il sait se montrer badin, voire provocateur.

Le roman nous offre un récit fantastique mêlant magie, démons, rituels, sortilèges, artefacts et amulettes. On y trouve une touche singulière, bien agréable, conférant de l'originalité à l'histoire. En effet, l'ennemi auquel se confronte notre héros s'avère intrigant, difficile à cerner et à appréhender. Il apporte son lot d’exotisme entre pratiques vaudou et croyances africaines. L'auteur arrive même à nous présenter des zombies d'un genre bien particulier. L'histoire ne manque donc pas d'idées surprenantes. De plus, mettre en place ce côté exotique dans un Paris du XIXème siècle offre d'autant plus de piment à l'histoire, pour le plus grand plaisir du lecteur. 

Les termes sont précis, les pratiques bien décrites, intrigantes et rendent le récit plus prenant. Les descriptions qui m'ont semblé un peu lourdes au début, deviennent ensuite plus naturelles et appréciables à la lecture. L'auteur sait camper l'atmosphère, décrire le Paris du XIX ème et lui faire prendre vie. Il réussit particulièrement également à livrer les scènes de transes et de voyages oniriques. 

En conclusion : malgré un début difficile, je me suis laissée emmener par le récit. L'histoire, la magie et son originalité m'ont séduite : une bonne lecture au final. Je remercie le forum Au cœur de l'Imaginarium et les éditions du Petit Caveau pour cette belle découverte.

mercredi 16 novembre 2016

Les dames de Riprole T2 : Les noces de l'innocence d'Eve Terrellon

Les Dames de Riprole, tome 2 : Les Noces de l'Innocence par Terrellon


Résumé
En cette année 1417, alors que l'armée anglaise menace plus que jamais la Normandie, le doux Béranger n'a qu'un rêve : devenir ménestrel. Pour cela, il se sent prêt à braver l'autorité de son frère Arnault, un fier chevalier, au risque de se voir renier par sa famille. Très loin de là, dans les Vosges, Douce, sauvageonne vivant dans la montagne, voit sa vie bouleversée en portant secours à une fugitive. Réunis contre leur gré, les deux jeunes gens se voient plongés dans l'univers cruel et licencieux du comte de Coeurval. Confronté au pire, le caractère bien trempé de Douce parviendra-t-il à s'accommoder des façons timorées de Béranger pour échapper aux griffes de leur prédateur ? 


Mon avis
Dans ce deuxième tome de la série des Dames de Riprole « Les noces de l'innocence », on retrouve la suite du premier roman, avec les personnages rencontrés alors. Les deux romans peuvent cependant se lire de manière indépendante, même si ce serait dommage vu le plaisir de lire, de découvrir, puis retrouver Tristan, Isabelle et ses frères.
Eve Terrellon focalise cette fois sur le personnage de Béranger. Elle apporte, au début du roman, des détails sur le tome précédent, sans alourdir la lecture pour ceux qui l'ont lu, en apportant les informations nécessaires pour ceux qui ne l'ont pas fait, le tout du point de vue de notre nouveau personnage principal.
La couverture de ce deuxième tome, magnifique une fois encore, reste cohérente et dans la lignée du premier.

Béranger, le frère doux et compréhensif du premier tome prend donc plus de relief. Sa volonté de devenir ménestrel n'a pas faibli, les tensions avec son frère Arnault également.
Idéaliste, sensible et passionné par son art, de santé fragile, il est loin d'exceller aux armes et au combat, malgré l'aide de Thierry, son ami qui l'initie.
Si Arnault pense à assurer son avenir en voulant en faire un écuyer, il se montre intraitable et inflexible. L'obstination de celui ci, ainsi que celle de Béranger offrent le déclencheur de l'intrigue : leurs relations houleuses poussent le jeune frère dans bien des mésaventures, alors qu'il essaie d'atteindre son but.
On comprend la détermination de Béranger et Arnault reste un personnage charismatique et intrigant. La relation entre les deux frères va évoluer dans ce volume, ce qui la rend d'autant plus intéressante.

L'auteure alterne le point de vue de Béranger avec celui de Douce, dans un environnement beaucoup plus démuni et sauvage.
Ce nouveau personnage féminin, deuxième protagoniste de cette romance, s'avère vite haut en couleurs.
Seule et farouche, la jeune fille livrée à elle même a pour toute compagnie un lynx appelé Lune Blanche. Elle entretient avec elle une grande amitié complice et trouve réconfort et protection auprès de celle ci.
J'ai apprécié le côté très nature et sauvage du personnage et on se prend vite d'affection pour la jeune fille et l'animal. Elles dégagent toutes deux, force et courage.

De malheureux hasards amènent les deux jeunes gens, Douce et Béranger, dans les griffes de Coeurval, personnage douteux qui aime s'entourer de beaux jeunes gens et n'hésite pas à se passer de leur consentement.
Eve Terrellon met en place avec succès une atmosphère tendue, où les échecs d'évasion se multiplient et nous font craindre le pire pour les deux protagonistes.
Ceux ci s'y rencontrent, s'apprivoisent, s'accordent leur amitié...
Le récit vraiment prenant, nous entraîne, nous fait trembler, mais aussi fait doucement évoluer l'amitié amoureuse en un sentiment plus fort.

Le récit reste toutefois réaliste : les obstacles ne manquent pas et le couple lutte pour les surmonter. Pas de facilité pour eux, pour le plus grand plaisir du lecteur (difficile de lâcher la lecture, une fois qu'on l'a commencée). L'auteure décrit également les émotions avec justesse et délicatesse.
Dans ce tome, comme dans le précédent, le style est fluide, le récit cohérent et très plaisant.

Face aux événements et dans leur relation intime, les jeunes gens se montrent fidèles à eux même. Béranger essaie de faire bonne figure, mais reste quelque peu passif. C'est Douce, l'autoritaire et hardie jeune fille qui lui donne du courage, de l'espoir et de la motivation. Douce sait utiliser sa maturité et son audace face à l'adversité, mais joue assez souvent de malchance. Elle ne s'avoue que rarement vaincue. Voilà donc un couple complémentaire et une relation qui sort de l’ordinaire, avec une femme forte et un homme plutôt sensible, tout en restant respectueuse et intéressante.

Béranger, lors de ses aventures, prend aussi connaissance de faits concernant Arnaut et leur frère décédé. On comprend un peu plus les tourments de l’aîné et on aimerait en savoir plus sur celui ci. Hâte de lire la suite, car je suis bien intriguée.
L'amitié qui lie le jeune homme à Thierry amène aussi à des interrogations.
Mais je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte aux futurs lecteurs, juste que la suite devrait réserver des surprises. Vraiment hâte !!!

En conclusion : j'ai apprécié ce deuxième tome, tout autant que le premier. Et, ce sera bien sûr, avec grand plaisir, que je lirai la suite !








dimanche 18 septembre 2016

Les dames de Riprole T1: La Dame du Vallon Perdu d'Eve terrelon

La Dame du Vallon perdu.

Résumé

En l’an de grâce 1416, Isabelle, sœur désargentée du ténébreux Arnault de Riprole, prend la route pour rejoindre le château de son fiancé. Sujette à une guerre endémique, la campagne normande est peu sûre et le charroi se fait attaquer. Sauvagement molestée, Isabelle est secourue par Tristan, un chevalier errant. Reconnaissante, elle demande à son frère d’accueillir ce dernier au château, pour qu’il y passe l’hiver avec son écuyer. Le fief est pauvre et la vie s’organise entre les mystérieux déplacements d’Arnault et la passion de Béranger pour la musique. Découvrant peu à peu les blessures qui marquent cette famille, Tristan se sent l’obligation de veiller sur Isabelle.


Mon avis

Le récit se centre sur les deux protagonistes de la romance, Isabelle et Tristan. Eve Terrellon alterne les points de vue entre les deux personnages de manière immersive. Même si elle choisit la narration à la troisième personne, le ressenti, les émotions sont présentés avec précision et justesse. Le style fluide et élégant entraîne donc rapidement le lecteur dans le roman, dans la romance et dans l’histoire. En effet, le contexte historique influe de manière réaliste sur la vie des personnages principaux et secondaires.

Les deux personnages principaux, bien que peu nuancés, sont attachants et bien caractérisés. 
Isabelle, comme Tristan ont connu bien des épreuves dans la vie et celle-ci continue de ne pas les épargner. Tristan sauve Isabelle après qu’elle ait été victime d’une agression et d’un viol, alors qu’elle se rendait chez son futur époux pour un mariage de raison. De son côté, Tristan, chevalier, cache de lourd secrets et dissimule ses mystères derrière son titre et sa vie errante. 
Isabelle, marquée par les événements, se montre souvent courageuse et plutôt mature dans son comportement: entre douleur et honte, elle surmonte sa peine et ne se laisse pas abattre. Charmante, on ne peut qu’éprouver de la compassion pour son état, à l’instar de Tristan. Celui-ci, par contre, intrigue par ses non-dits, liés à une promesse, qu’on ne comprend que tardivement. Il ne manque pas de charme pour autant, comme tout vrai chevalier : courtois et attentionné, vite apprécié de tous.

La relation entre les deux amoureux se développe doucement. L’auteure prend le temps de nous conter l’approche et l’amitié qui les lie. Quand les sentiments deviennent plus affectueux, tout se complique entre eux, car le secret de Tristan dresse un mur infranchissable. Si il torture le jeune homme, il laisse Isabelle dans une incompréhension et une frustration qui lui demanderont beaucoup de patience. 
La romance s’appuie plus sur la tendresse, le respect et la complicité, ainsi que la difficulté de se rapprocher d’Isabelle et Tristan. La sensualité reste explicitement peu présente.

Les personnages secondaires sont également bien traités par l’auteure et enrichissent le récit. Tous possèdent un rôle utile: tuteurs, amis et confidents. Ils se rendent attachants par leur personnalité et leur caractère.
Les relations entre Isabelle et ses frères Arnault et Béranger s’avèrent intéressantes: Béranger doux et rêveur qui veut devenir ménestrel et Arnault qui doit assumer le rôle de seigneur et maître de la famille et dont la froideur, voire la cruauté, se teintent de tristesse et compassion dissimulées. Ce dernier souvent incompris, certainement seul, joue un peu le « méchant de l’histoire », bien malgré lui , parce que la vie n’a pas été tendre avec lui non plus et qu’il a à cœur de bien faire et d’assumer avec dignité ses fonctions: un personnage influent et charismatique.  

Le contexte historique explique bien des événements et comportements. Sans noyer le lecteur, Eve Terrelon met judicieusement en place l’Histoire dans le récit, dans sa façon de marquer la vie et le quotidien des personnages et c’est très appréciable.

En conclusion: Eve Terrelon exploite à merveille le contexte historique, utilisant les détails pertinents, qui donnent du réalisme au récit, ainsi que pour étayer la romance. Même si peu axée sur la sensualité, celle-ci fut très agréable à lire et à relire, avec des personnages attachants et justes. La belle plume de l’auteur y contribue également. Et, bonus non négligeable, la couverture est superbe !
Je suis en général difficile en matière de romance, mais celle-ci a su me toucher par sa sensibilité et sa simplicité. J’attaque de suite le deuxième tome avec grand plaisir !

mercredi 14 septembre 2016

Requiem pour âmes d'ombres de Jean Michel Archaimbault




Résumé

"La Fée Noire... Un vrai cancer mental !
Des ondes négatives et destructrices émanaient de ce monstre. Des vagues de terreur pure, glaciale, paralysante.
L'homme en était arrivé à un point que je ne connaîtrais jamais. Il ne savait plus sortir de l'impasse dans laquelle, en jouant, je l'avais conduit à s'enfermer. Il avait essayé de fuir en composant des images transfigurées, abstraites, pour tenter d'y voir plus clair en lui-même. Mais il n'en avait que replongé, et plus profond encore."

Soudain, l'été 1989. L'été d'incertitude…
Il peut suffire d'un rien à des hantises oubliées et à des fantasmes enfouis pour remonter à la surface. Alors, un désir inaccessible exige son aveu. Des rêves sûrement cryptés imposent leur récit. Des lieux connus depuis l'enfance demandent à se dévoiler dans le prisme d'un imaginaire parfois traumatique. L'envie de fuir n'importe où, hors du monde, cherche à s'exprimer dans toutes les nuances de l'angoisse ou de l'étrange. Puis tout un équilibre menace de se rompre.
Mais quel sera le terme de ce voyage au bout de la nuit ? Les ténèbres des abîmes, ou un chant de REQUIEM POUR ÂMES D'OMBRE... ?

Après Seentha, son space opera wagnérien, flamboyant et désespéré, voici Jean-Michel Archaimbault "plus noir que vous ne pensez" dans un tout autre registre.
Quinze textes de fantastique intimiste, sans monstres ni horreurs tangibles, où démons et merveilles surgissent de l'inconscient profond. Quinze perspectives ouvertes sur la fascination ou le vertige...




Mon avis

En ouvrant le recueil, j’ai eu la bonne surprise de trouver une préface écrite par Anne Guduël (la regrettée Gudule), dont j’ai découvert la plume avec « Dancing Lolita », extrait du « club des petites filles mortes ».
Elle nous parle de l’auteur « Jean Michel Archaimbault », de sa plume poétique, de son univers teinté d’irréalité: la frontière avec le réel reste toujours floue, celui-ci contaminé par les mondes imaginaires de l’auteur. Elle évoque sa plume poétique et sa subtilité, présentant les 15 nouvelles comme des « des échappées ». L’envie de commencer le recueil, comme un voyage onirique, s’installe à la lecture de cette préface savoureuse  et on a hâte de s’y plonger !

On sent les deux auteurs proches, liés par une « sensibilité jumelle ». Il me faudra dès que possible me lancer dans la lecture du « Club des petites filles mortes » également. (c’était déjà mon intention, mais me voilà d’autant plus motivée.)
Cette complicité littéraire se dévoile un peu plus dans le premier écrit : Petit fragment resté dans la pénombre, prélude initial actualisé et inédit au « Club des petites filles mortes ». L’auteur évoque le livre, Dancing Lolita entre autre et s’adresse à Gudule, pour faire écho à ses paroles, à leur complicité partagée. Un bel échange, une belle amitié.

Les nouvelles sont toutes présentées par l’auteur, qui y cite ses inspirations, ses influences (rêves, auteurs comme Lovecraft ou Dunsany et textes écrits pour un thème précis, pour une anthologie). Il nous accompagne le long des récits, nous invite et nous met à l’aise. On sent son investissement. Celui ci qui paraît d’autant plus personnel, car l’enfance, les souvenirs qui y sont liés, ainsi qu’une dose de nostalgie apparaissent dans certains écrits : à la lecture, on sent le vécu. La narration à la première personne accentue ce sentiment que souvenirs réels et imaginaires se côtoient, entre rêve et réalité.

Dans le recueil, on retrouve une narration bien maîtrisée, quel que soit le point de vue adopté, que ce soit à la première ou troisième personne. Jean Michel Archaimbault joue même avec ces points de vue, pour renforcer l’ironie par exemple dans La faute aux fusées.
Il sait également faire monter la tension dans ses récits, entraîner le lecteur. Les style y contribue aussi: riche, soigné et poétique, avec de belles descriptions, nombreuses, précises, parfois courtes, mais toujours efficaces. On vit le récit, on s’y projette, y plonge avec plaisir, surtout une fois que la réalité bien ancrée se trouble pour laisser entrer le fantastique.
A travers le thème de l’enfance, l’auteur fait parler son imaginaire, car c’est l’âge où tout est possible. Il se rappelle « le petit citadin à l’aise à la campagne ». Il fait parler ses fantasmes et peurs dans des lieux qui lui sont familiers depuis longtemps (très prégnants dans le recueil), ou d’autres qu’il a visité (Branwyn par exemple se déroule en Irlande): des lieux qui l’ont influencé et inspiré. Il se révèle à demi-mot, mais entrouvre des portes, où s’infiltre toujours réel et imaginaire.
Il utilise également avec brio les hasards, pour amplifier l’ironie du sort, mieux piéger ses victimes et le lecteur. Dans Jeux d’une âme d’ombre et Requiem pour âmes d’ombres (première et dernière nouvelle du recueil, deux parties d‘une même histoire), une âme damnée se fait prendre à son propre piège.

La frontière entre réel et imaginaire s’avère donc fragile, les récits oscillant entre merveilleux et angoisse (voire menace), selon la porte qui s’ouvre au lecteur. Parfois, l’entrée se fait dans notre monde, l’étrange s’invitant dans notre réalité, parfois, un passage s’ouvre entre deux mondes ou deux dimensions. L’auteur parvient même à les faire se chevaucher dans un angle, comme une fissure entre réel et invisible : le surnaturel peut investir notre monde, comme on peut y entrer ou se retrouver prisonnier. Entre échos d’autres époques, menaces provenant de personnages hostiles (comme la bête, le vampire psychique), on retrouve aussi les amis imaginaires, et d’autres personnages issus du folklore ou de l’imaginaire enfantin.

Beaucoup des nouvelles évoquent finalement la fuite d’une réalité peut être trop présente, et/ou de l’âge adulte. Que ce soit une fatalité ou un choix, l’invitation des mondes fantastiques semble trop tentante pour les personnages principaux et pour le lecteur qui profite de l’évasion.

La mise en place de l’atmosphère favorise cette échappée, en teintant d'imaginaire la réalité avec subtilité et légèreté. La dimension fantastique, le flou onirique introduits par l’auteur restent en effet crédibles, donnent envie d’y croire le temps d’une lecture, voire plus pour les rêveurs...
Seul petit bémol, la transition entre réel et quotidien semble parfois abrupte.

Le recueil se termine sur un article : Une Académie Pour Perry Rhodan, série de science-fiction qui tient particulièrement à cœur à Jean Michel Archaimbault et qui a su éveiller mon  intérêt.

En conclusion, j’ai retrouvé le style de Jean Michel Archaimbault avec grand plaisir. Quelle belle plume ! Le recueil m’a permis de le découvrir sous un autre format, la nouvelle, que j’ai bien apprécié. Si je devais citer ma nouvelle préférée, je citerai sans doute La fraternité de Molua et ses étranges créatures des lagune ou Dix de la masse critique, où les livres deviennent des personnages à part entière du récit, mais beaucoup d’autres me viennent à l’esprit. Entre rêve et  réalité, ce livre correspond bien au blog, car évidemment, j’ai aimé cette frontière invisible et fragile que l’auteur sait imposer, cet imaginaire qu’il laisse se déployer. Un recueil à découvrir !



Retrouvez d'autres chroniques des romans de Jean Michel Archaimbault sur ce blog :



Afficher l'image d'origine   Seentha   


vendredi 26 août 2016

At the tunnel's end, de Laure Izabel




Résumé

Nous n’aurions jamais dû nous rencontrer. Et pourtant... ! Peut-être était-ce le moment d’oser affronter celui que je croyais être, ce à quoi j’aspirais ?

Toujours est-il que des portes se sont ouvertes dès cette fameuse nuit, des portes que je pensais avoir fermées pour de bon. Or, j’ai franchi leurs seuils précipitamment, le cœur marqué d’espoir : entre autres, celui d’être moi-même. Quand bien même les dommages collatéraux me coûteront...
Romance, érotisme et bisexualité dans ce nouveau roman de Laure Izabel.




Mon avis



La couverture et le titre énigmatiques prennent sens, au fil de la lecture et pleinement à la fin de celle-ci : ils symbolisent le chemin parcouru.
Le récit démarre par une rencontre, celle du personnage principal, qui raconte son histoire à la première personne, et celle de Carolanne, jeune SDF, sur le point de mettre fin à ses jours. Il va lui sauver la vie et elle va chambouler la sienne. Cette seule rencontre représente un déclic : il ouvre les yeux sur lui-même et sur sa vie.

Rien ne prédestine ces deux personnages à se croiser, car ils appartiennent à des univers trop différents, si ce n’est le destin… 
Il représente l’archétype de l’homme parfait : beau de corps et de cœur, le fantasme de bien des femmes, une célébrité qui a réussi. Il endosse les rôles qu’on lui fait jouer avec aisance, que ce soit sur scène ou dans la vie. Celui du séducteur au boulot et sa vie tranquille auprès de Jane, sa femme. 
Elle est SDF depuis des mois, désespérée et ne possède rien, quand lui a tout. 

Ce sont deux solitudes qui se croisent. Si on comprend vite celle de la jeune fille, laissée pour compte, le personnage principal révèle vite les failles de sa vie : le côté artificiel de sa profession, la froideur de sa femme Jane (opposée de Carolanne : c’est une femme superbe, possédant une carrière mais boudant les plaisirs simples de la vie). Il est fatigué par son côté superficiel et trouve en Carolanne un baume de fraîcheur.
Carolanne s’avère une jeune femme toute en ambiguïté : elle ne cède pas immédiatement à son charme et se montre d’abord méfiante, mais quand le dialogue commence, ses réparties piquantes sont savoureuses : sa fragilité et sa force la caractérisent. 

La situation évolue favorablement entre eux, devient plus intime, avec des discussions et petits gestes : pas d’impatience, une langueur douce, une rêverie poétique et sensuelle. Il se dégage de la jeune femme une sensualité brute, une magie subtile, qui va vite le rendre dépendant. Un lien naît ce soir là, qui ne fera que se développer entre eux, que ce soit dans la complicité ou la douleur.
Jane, d’un autre côté, se présente sous un jour très stéréotypé. Elle devient vite la méchante qui piège son mari par ce contrat matrimonial, puis par la naissance de sa fille Beth, qu’elle délaisse vite.

La naissance de sa fille s’avère d’ailleurs un autre élément déclencheur dans la remise en question du personnage. 
Il se sent prisonnier d’une vie qu’il n’a pas choisi (en tout cas pas ainsi). La situation s’envenime rapidement avec Jane. Les non-dits avec Carolanne, les malentendus, les disputes avec sa femme et la frustration le mènent vers la dépression. Sa fille est son seul rayon de soleil. 

Un choix s’impose. Sa vie doit changer, mais comment ? Il ne veut pas s’avouer ce dont il a réellement besoin. 
Sur ce chemin semé d’embûches, son meilleur ami et ancien amant Tim (dont il s’est séparé, quand il a décollé dans sa carrière et rencontré Jane), en qui il a entièrement confiance, va l’aider à y voir plus clair. C’est un personnage également essentiel à l’intrigue. 

Même si l’histoire est contée par le personnage principal, les personnages secondaires possèdent autant de consistance, avec une personnalité bien mise en place et auxquels on s’attache rapidement. Sauf Jane bien sûr, puisqu’elle tient le mauvais rôle. Contrairement aux trois autres, je l’ai trouvé, moins nuancée, présente pour jouer son rôle dans l’intrigue. C’est le seul bémol que j’ai ressenti, car comme avec OPJ1 (autre roman de l‘auteure, que je vous recommande vivement), Laure Izabel a su dès le début du récit capter mon attention et me scotcher à la liseuse. 

Le style fluide de l’auteure, tantôt sensible, tantôt efficace, les dialogues naturels, voire savoureux, la narration entraînante sont des qualités que j’ai retrouvé dans les deux écrits. Le ton, les personnages, la narration sonnent justes. Les scènes intimes présentes dans celui ci, sans être explicites, s’ajoutent au plaisir de la lecture , car elles oscillent entre sensualité sauvage et gourmande, entre plaisir de retrouver des repères, de la familiarité et celui de la découverte, de la nouveauté.

La fin est à la fois surprenante et logique, mais je n’en dévoilerai pas plus… Elle dépasse nos espérances, sort des sentiers battus et on ne peut qu’apprécier !

En conclusion, ce fut une lecture coup de cœur et je suis définitivement fan de la plume de Laure Izabel. Je découvrirai ses autres écrits avec plaisir. Merci au forum Au cœur de l’Imaginarium et aux éditions L’ivre-book pour cette belle découverte.

jeudi 25 août 2016

Erections romaines 1, de Julien Ligny



Résumé

Un texte coup de poing, du sexe débridé : Érections romaines, une série gay à découvrir chez Sexie !

Un Post-it de rupture. Quatre ans de couple dans la figure. Germain perd pied, pète un câble et prend le premier train pour Rome. Avec une seule idée en tête : niquer le plus de mecs possible, les enfiler à la chaîne et ne plus penser à rien d’autre qu’à sa bite. Oublier tout le reste. Traîner dans Rome jour et nuit, le sexe épais au fond du fut, enchaîner les plans entre potes, les soumis à tirer, les orgies à l’improviste… Surtout faire durer l’abattage au maximum et ne plus jamais désirer un mec plus de quelques heures. Mais est-ce vraiment possible ? Peut-on remiser pour toujours ses amours au placard ?


Mon avis


Le premier épisode d’« Érections romaines », au titre provocateur, à la couverture simple et belle, fait parti de la collection Sexie by la Musardine. Il s’agit d’une série gay, qui fait l’objet de plusieurs épisodes. 
Dés la présentation, le lecteur est prévenu, il s’agit d’une série érotique aux scènes trash et débridées, pas de la romance MM. Les sentiments ne sont pas au centre de la série. 

Sous le coup d’une rupture, le personnage annonce également la couleur dès le début : il compte combler le vide, dompter la colère par le sexe, seule solution pour oublier sa douleur. Déterminé et désespéré, il en veut beaucoup, avec de nombreux partenaires, sans émotion parasite, à la chaîne…

La narration à la première personne, immersive, plonge immédiatement dans l’histoire et ne laisse pas de temps mort car, si la nouvelle est courte, elle s’avère intense. Seul son point de vue importe, il ne se soucie de l’autre que par jeu, reste au centre de l’histoire, donc le choix de cette narration semble on ne peut plus judicieux. 
Il y a d’ailleurs peu de dialogues, le personnage se contentant de sa version des faits, un monologue dense, révélant ses envies, son ressenti.
L’écriture fluide, naturelle, efficace s’adapte parfaitement au récit.

Dans le train en partance pour Rome, il rencontre son premier partenaire : un employé de train, un « blondinet », qui correspond à ses attentes. Le jeune homme étant facile, malléable et soumis, il profite de différentes situations pour se servir de lui, jouer avec lui et plus, bien entendu. Passant de froid à provocateur, charmant à limite violent, il s’amuse avec sa première « proie », varie les situations, certaines plus intimes dans la cabine du train, d’autres plus exhibitionnistes, contre la vitre du train ou dans le wagon restaurant où l’employé travaille. Le personnage principal aime profiter des opportunités, fantasmer, humilier… Rien ne l’arrête et le « blondinet » aime se prêter au jeu.

Il m’a semblé sentir dans ce besoin de dominer de la part du personnage, dans son besoin de maîtriser et sa violence sous-jacente, les conséquences de sa colère et de sa douleur. Même s’il joue les indifférents, le maître du jeu, il ne contrôle pas ce côté désespéré dans les scènes de sexe et cela se traduit par une brutalité gratuite. Peut être qu’il y transpose son envie de revanche sur « l’autre ».
Le choix du partenaire aussi ne semble pas laissé au hasard, même si le personnage principal ne veut pas le reconnaître, l’appelle vulgairement, et fait tout pour le dépersonnaliser (intentions et vocabulaire employés). Par la même occasion, il se déshumanise (manière d’échapper à lui-même ?). Pourtant, il ne lâche pas prise sur son « blondinet », même si une autre occasion s’est présentée.

Les scènes de sexe sont largement explicites, bien décrites, avec un langage cru, volontairement toujours à la limite du vulgaire, reflétant la brutalité des intentions et parfois des gestes. Le ton est pourtant juste. On oublie tout préliminaire, tout est direct, le personnage aime maîtriser et se faire craindre.
Les scènes sont variées selon les situations. Si certaines se teintent d’un côté trash, d’autres (moins nombreuses cependant) sont plus sensuelles. Pas de tendresse pour autant, ou tout au moins le personnage ne voudrait pas le reconnaître et la narration est à la première personne.
Les scènes exhibitionnistes paraissent plus invraisemblables, mais se fondent dans le récit sans problème, et l’auteur arrive à leur donner la crédibilité voulue.

En conclusion, il s’agit d’un épisode dense et intense, dont les scènes possèdent un côté trash indéniable. Mais, derrière un personnage sûr de lui, maître des situations et à la recherche de « chair fraîche », on remarque une fêlure due à la séparation. J’avoue être impatiente de lire la suite, pour voir comment les choses vont évoluer. 
Merci au forum « Au cœur de l’Imaginarium » et à Sexie by La Musardine pour la découverte de cette série très chaude.

mercredi 24 août 2016

Mortelles attractions, d'Yves-Daniel Crouzet




Résumé

Une soirée pyjama qui ne se passe pas du tout comme prévu, un appartement de banlieue et son ignoble secret, une histoire d’amour et de dupe, un assassin qui souffre de TOC, un autre qui considère le meurtre comme une méthode de développement personnel, de petits jeux amoureux pas si innocents que ça…
Yves-Daniel Crouzet, lauréat du prix du jury du roman de l’été Femme Actuelle 2009, n’a pas son pareil pour nous décrire la psychologie des psychopathes et nous entraîner dans un cruel jeu du chat et de la souris.
Heureusement, l’humour et l’ironie désamorcent souvent l’horreur de la situation et provoquent chez le lecteur un éclat de rire salutaire.
À moins que ce ne soit le rire de la folie communicative…

Mon avis

Si la couverture du recueil semble sobre, le titre « Mortelles attractions » reste bien révélateur du contenu proposé. Les nouvelles entrent toutes dans cette thématique, en flirtant avec folie et manipulations, savamment teintées d’une ironie et d’un cynisme exacerbés, parfois dérangeants, mais dans le bon sens du terme. Les fins y sont tragiques : pas de happy end, mais du frisson. Lecteurs, vous voilà avertis !

Même si les récits ne sont pas toujours originaux, Yves Daniel Crouzet réussit à imposer une cohérence sur le fond, explorant diverses situations et divers panels d‘attractions, mais aussi sur la forme dans la construction de ceux-ci. 

En effet, « Attractions mortelles » nous révèlent bien des pièges machiavéliques, où se côtoient bourreaux et victimes. Que l’on se centre sur les premiers ou les seconds dans chacune des nouvelles. On assiste à leur chute progressive ou vertigineuse dans une folie meurtrière, salvatrice pour ceux qui tombent dans la décadence de leur vice, désespérée et fatale pour les autres. L’ambition, la cupidité, la violence et la luxure y sont de bons moteurs, pour entraîner les personnages et le lecteur. 
On plonge parfois dans une dimension tellement horrible et morbide, qu’il semble que le voile de la réalité est déchiré, mais l’auteur s’accroche tout de même la plupart du temps au réel, car l’être humain possède, par nature, bien des zones d’ombres. 

De plus, Yves Daniel Crouzet sait à merveille ancrer les personnages et le lecteur dans un quotidien relativement banal pour sombrer peu à peu dans l’horreur.
L ’ humour noir, voire morbide aide cette mise en place macabre. Rien n’est laissé au hasard : personnages, situations et évolutions. J’ai été happée, scotchée à la liseuse, enchaînant les différentes histoires sans le moindre ennui, goûtant avec plaisir à la plume ironique d‘Yves Daniel Crouzet, d’autant que son style est particulièrement fluide et agréable, adapté au genre et à la thématique adoptée. Les dialogues et descriptions sont également introduits à bon escient et de manière naturelle, jamais gratuitement.

Les chutes s’avèrent généralement sans surprise, mais toujours marquées par la noirceur, et comme précisé auparavant sans d’autre issue possible que la mort : celle qu’inflige le bourreau ou celle de la victime. L’espoir n’y est pas permis ! Il s’agit donc d’un recueil très sombre, laissant souvent s‘infiltrer des atmosphères dérangeantes et même malsaines, mais qui se lit avec grand plaisir pour tout lecteur averti. 

On apprécie particulièrement la dernière nouvelle où se retrouvent, par hasard, les personnages des histoires lues précédemment. Elle y ponctue leurs messages sous-jacents : l’ironie du destin, la fragilité de la vie et la fatalité qu’on ne peut contrer face à la folie des hommes. Un final particulièrement réussi, qui fait sourire (jaune), mais laisse le lecteur vaguement inquiet quand à son propre sort… La vie ne tient finalement qu’à un fil.

En conclusion, ce recueil fut une très bonne surprise à la lecture et je le recommande aux lecteurs avertis, car il s’avère fort plaisant à lire, à défaut de vraiment surprendre. A lire sans modération donc, seulement si les « Mortelles attractions » ne vous font pas peur. 
Je remercie pour cette découverte le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions l’Ivre-book.

lundi 22 août 2016

Skitswish, ép.1 - Le prix du bélier, de Céline Thomas




Résumé

La vie romancée de la chanteuse de Jazz, Mildred Bailey. Une histoire d’amour sombre et tragique sur fond de prohibition et de magie indienne.
Pougheepsie, 1947.
Alors qu’elle approche de la fin de sa vie, Mildred, rongée par la maladie, revient en pensée sur son passé tortueux. Elle a été la plus grande chanteuse blanche de musique noire et a brûlé les planches des plus grands clubs de jazz... Pourtant, elle est rongée par ses actes manqués. Elle ne cesse d’être torturée par le souvenir de Ted, son unique amour, sa dévorante passion, à qui elle a renoncé pour l’attrait des feux de la rampe. Que ne serait-elle prête à faire pour changer le cours des choses, pour remonter le temps et changer sa destinée...



Mon avis


C’est la très belle couverture de l’épisode qui a attiré mon regard sur « Skitswish », puis le titre original, un peu mystérieux. Le résumé a fini de me convaincre d’essayer littérairement une époque (celle de la prohibition) que je connais peu.
L’auteure Céline Thomas avertit en édito qu’elle s’inspire de la chanteuse de jazz Milfred Bailey (que j’ai écouté sur le net par curiosité, ça met dans l’ambiance), mais prend des libertés, chronologiquement et sur le plan ésotérique, bien entendu !

On retrouve en introduction le personnage, femme de quarante ans rongée par la maladie (diabétique) et qui repense avec mélancolie et nostalgie à sa vie. Entre regrets et actes manqués, elle songe à Ted, son ancien amant.

L’auteur propose ensuite le récit par couplet, premier, second couplet…

Dans le premier, les flash-back renvoient la chanteuse dans un club vide, où elle chante malgré tout avec un plaisir évident. Le style est fluide, emporte, mais manque de poésie. La plume de l’auteure est plutôt efficace et cash, bien adapté à son personnage, son côté direct et naturel. La narration à la première personne renforce le sentiment d’être proche de cette femme qui met ses tripes dans ce qu’elle fait et notamment dans la musique où elle exprime ses sentiments. Elle nous permet une familiarité agréable, qui charme et donne de la densité au récit.

La rencontre avec Ted m’a un peu plus déçue.
Les dialogues manquent de naturel. Ce qui tranche avec la narration pourtant bien maîtrisée. La romance s’amorce un peu trop vite, même si on découvre la facette un peu plus effrontée du personnage. C’est sur ce point que j’ai tiqué et trouvé le dénouement amoureux rapide, car si la veille elle prend la fuite devant l’homme qui l’aborde, le lendemain c’est elle qui lui vole le premier baiser. Il devient vite entreprenant et avide, mais là encore c’est lui qui prend les distance nécessaires. 
En deux jours, tout se complique dans la vie de la chanteuse… vraiment trop rapide à mon goût, même si l’ensemble reste plaisant à lire. 

Dans le deuxième couplet, on apprend le destin tragique de Ted, dévoilé par un détective que la chanteuse a engagé. Les regrets n’en sont que plus vifs, et la suite nous explique en quoi le personnage en ressent une sorte de culpabilité. 

Le troisième couplet devient très intéressant avec l’arrivée du surnaturel et d’un rituel bien particulier : le rituel Skitswish. Celui-ci permet, par symboles totems de changer la destinée de celui qui l’invoque… changer le cours de choses. Ce n’est pas la première fois que la chanteuse le pratique - auparavant afin d’accéder à la réussite -, mais ce n’est ni sans conséquences, ni sans sacrifices. 

En conclusion, ce récit instaure une bonne mise ne place de l’histoire, dans ce premier épisode, et laisse le lecteur curieux et en attente. Comment les choses vont-elles évoluer pour la chanteuse ? A-telle une chance de se racheter, d’éliminer les regrets qui la rongent, d’éviter la maladie et peut être retrouver Ted ?
Beaucoup de questions qui trouveront sans doute réponse dans les épisodes suivants. Une série intéressante à suivre, même si le côté romance m’a moins passionné que le côté ésotérique de l’histoire.
Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions L’ivre-book, pour cette agréable découverte.

mardi 16 août 2016

Femmes d'homosexuels célèbres, de Michel Larivière



Résumé:

Quoi de commun entre Isabelle de France et Mme Pierre Loti, entre la princesse Palatine et Mme Verlaine, entre Elsa Triolet et la duchesse de Windsor ? Elles ont toutes épousé un homosexuel !

Bien avant l’ère de la tolérance et de l’acceptation, les homosexuels, pour la plupart, ont également vécu une pratique hétérosexuelle pour ne pas risquer l’opprobre et par souci d’assurer la transmission du nom et de l’héritage. L’Histoire en parle peu, et tait bien souvent les réactions des épouses de « convenance » choisies pour faire écran… Ces femmes-alibi qui ont traversé l’Histoire auprès de certains de nos grands hommes, Michel Larivière en brosse ici le portrait très documenté. Autour de 16 couples célèbres, autant de destins et de parcours différents qui dévoilent au public bien des pans de l’Histoire trop souvent passés sous silence dans les manuels officiels, mais ô combien passionnants et éclairants…
Depuis 1982, Michel Larivière se consacre pleinement à ses recherches sur l’homosexualité. Il a déjà fait paraître de nombreux ouvrages sur le sujet : Les amours masculines, 1984, Pour tout l’amour des hommes, 1998, et plus récemment Les Amours masculines de nos grands hommes à La Musardine, qui de Jules César à Michel Foucault brossait 66 portraits d’homosexuels et bisexuels célèbres.



Mon avis:


Le livre « Femmes d’homosexuels célèbres » de Michel Larivière , publié chez La Musardine, est un documentaire, comme son titre l’indique, consacré aux femmes, dont le mari s’avère être homosexuel. La couverture affiche également la couleur : ce sont les femmes qui sont à l’honneur et d’elles dont on va parler, même si évidemment l’auteur évoquera, par la force des choses, la vie de leur mari.


Le livre se dévoile de manière claire. Michel Larivière annonce en introduction son fil conducteur, présente la cohérence qu’il suivra pour étudier chaque couple et en fait une synthèse en conclusion. Si chacune de ces femmes possède une expérience différente, bien des points communs apparaissent au fil de la lecture, et les points de divergence sont bien mis en valeur.

Entre introduction et conclusion, chaque couple fait l’objet d’un chapitre, chaque partie étant clairement définie : au début, les deux époux sont présentés (noms date de naissance et de décès), accompagnés de leur photo. L’époque contemporaine n’est pas évoquée dans le livre, mais de nombreuses célébrités passées y apparaissent (artistes, écrivains, poètes, princes etc…). 

Le tout se présente en respectant l’ordre chronologique, permettant de comprendre l’évolution des mœurs, même si celles-ci condamnent l’homosexualité (point essentiel dans le livre, car on découvre bien des mariages de convenance, tout au moins du point de vue du mari). Le moyen âge apporte son lot de mariages arrangés, les mariages de convenance sont nombreux aussi, mais cela n’empêche pas les femmes d’être amoureuses de leur mari. Parfois, ces femmes connaissent leurs préférences avant le mariage, s’imaginent pouvoir le convaincre, d’autres ne les connaissent pas et, amoureuses, découvrent cette mauvaise surprise après leur union. Plus rare, et plus proche de notre époque, on retrouve un mariage d’arrangement des deux côtés, la femme cachant sa propre préférence pour les femmes : le mariage y devient une couverture idéale, qui arrange les deux partis. 
Le plus souvent, on retrouve des femmes négligées par leur mari, malheureuses, désirant sauver malgré tout leur couple : mission impossible, on s‘en doute bien. L’auteur évoque un seul mariage qui fonctionne (l’homme étant bisexuel), mais c’est bien le seul. 
Les situations diffèrent selon le comportement de l‘époux, plus ou moins chaleureux, violent ou gougeât. L’humiliation du rejet, de la réputation du couple et du mari (souvent peu discret et peu soucieux de leur femme et des rumeurs qui courent, même s‘ils se sont mariés pour répondre aux convenances de la société.), n’enlèvent pas la dignité de ces femmes. Pour la plupart, elles adoptent une attitude bienveillante et compréhensives, malgré leur tristesse. Elles essaient de surpasser leur mal-être, avancent de leur côté, s’isolent ou au contraire brillent par leurs qualités, voire leurs talents artistiques. L’une d’entre-elles, par contre, se montre particulièrement cruelle dans sa vengeance (mais elle reste un cas à part). On remarque que les situations sont plus tristes, presque cauchemardesques, quand on remonte dans le temps (vers le Moyen Âge). L’auteur a d’ailleurs évoqué dans son introduction la misogynie prononcée, qui existe pendant l’antiquité : la femme n‘est considérée que comme une mère, celle qui donne naissance, mais à laquelle le mari ne doit pas donner de plaisir et dont il ne doit pas tomber amoureux.

Si Michel Larivière décrit avec précision l’influence et le pouvoir des couples et même de leur famille, sur les décisions et mariages, mais également les émotions des femmes concernées, c’est qu’il s’est appuyé sur des sources précises : lettres et échanges écrits, journaux intimes, confessions et témoignages écrits des femmes sur leur vie, leur vie de couple, généralement leur solitude et leur mélancolie. 
Ces sources solides sont citées à la fin du livre et on comprend le travail de recherche que l’auteur a effectué et la véracité, le réalisme qu’il a apporté à ses récits, grâce à elles.

Les récits sont proposés dans un style fluide et clair, de manière plaisante. On se laisse porter au fil des récits, on comprend l’émotion de ces femmes, leurs bonheurs, leurs malheurs. La lecture s’avère donc fort enrichissante et fort plaisante. On voit facilement le fil directeur se dessiner à travers eux et la conclusion apporte une analyse qui complète les impressions éprouvées à la lecture, à partir des informations données.
La cohérence est donc bien en place.

Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions La Musardine pour cette lecture plaisante et enrichissante.