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mardi 28 février 2017

Cheveux de feu, de Sylvie Wolfs



Résumé

Une épopée pleine de vent, de fureur et de mystère. Une quête de liberté et d'identité. Une histoire de courage, celui d'une femme flamboyante et rebelle. Mais plus que tout, une grande histoire d'Amour qui marquera à tout jamais une légende à naître : celle de la Femme-Louve.
Violente et flamboyante, telle est l’écriture de Sylvie Wolfs, telle est cette saga.
Jamais l'Irlandaise et le Sioux n'auraient dû se rencontrer. Entre eux, un océan. Des océans... 1845. Jewell O'Connor et Zuzeca Cik'ala Iyasni ne sont encore que des enfants, mais déjà ils luttent pour leur survie dans un monde qui s'effondre. Pour elle, la famine. Pour lui, la guerre. Pour eux deux, la barbarie.
Au fil des bonheurs, des apprentissages, des drames et des épreuves, ils cheminent l'un vers l'autre. L'Irlande de la Grande Famine, le New York des gangs, l'Amérique de la conquête de l'Ouest, les grandes plaines sauvages et ses tribus indiennes.



Mon avis


Dans son roman « Cheveux de feu - La légende de la femme Louve », Sylvie Wolfs nous présente deux personnages, issus de deux milieux différents, mais que le destin va réunir. Rien pourtant ne s'y prête : aucun lien entre Jewel et Petit Serpent Immobile, issu d'une tribu indienne.
Même si la vie leur apprend la perte et la douleur, leurs univers et cultures totalement différents les séparent. Pourtant tous deux se montrent courageux face aux épreuves de la vie. Celle de Jewel s'avère beaucoup plus sordide. Entraînée dans un monde de misère et de prostitution, elle ne peut compter sur sa mère, femme mauvaise et jalouse, qui s'arrange pour la briser. Petit Serpent immobile, de son côté, peut toujours compter sur sa tribu pour le soutenir, cela malgré les pertes d'être chers et la souffrance.

L'auteure met bien en place l'ambiance pour décrire la vie des deux jeunes gens et apporte du réalisme dans le récit. S'attacher à eux n'est pas difficile : on tremble pour Jewel, souffre avec elle et on découvre avec plaisir la culture et les coutumes du jeune sioux. Les émotions distillées dans des moments simples de la vie quotidienne, bonnes ou mauvaises, apportent d'autant plus de crédibilité à l'ensemble.

Le roman déroule, devant nos yeux, la vie des deux personnages. Le parallèle entre eux amène le lecteur à se demander où va le récit, si les deux jeunes gens vont se rencontrer enfin. Les conflits entre Américains et Indiens (bien présentés et nuancés, ce qui fut appréciable à la lecture, même si on ne peut que prendre parti pour les personnages et les tribus indiennes) vont les réunir dans la lutte.

Jewel devient « Cheveux de feu ». La jeune fille, anéantie mais courageuse, qui a dû faire face au pire, devient vite essentielle, redoutable et intrépide au sein de la tribu : une femme sur laquelle on peut compter. L'évolution de celle ci à travers le récit s'avère la plus poignante. Elle trouve parmi les indiens son rôle, celui qu'elle doit jouer et qui lui rend sa dignité perdue. C'est une renaissance.
Dans ce sens, la couverture illustre bien cette transformation.

Le quotidien parmi les indiens nous révèle également leur respect de la vie et de la nature, leur perception de ce qui est sacré. Ils savent prouver leur code d'honneur et leur bravoure. Même si on connaît l'issue fatale (pas de suspense sur ce point, même si l'auteure ne l'évoque pas par respect et cohérence pour le récit), on se prend à espérer à une variante plus heureuse de l’histoire, éprouvant une nostalgie pour cette culture et cette sagesse perdue.

Le récit fluide emporte le lecteur avec facilité. Le style riche et précis se révèle poétique. La plume agréable de l'auteure apporte un plus indéniable à une intrigue déjà riche et intéressante.

En conclusion, j'ai tout aimé dans ce ce roman : les personnages, l'ambiance et le style. Même si l’intrigue prend le temps de réunir Jewel et Petit Serpent, leur infligeant bien des mésaventures et pertes, on apprend à les connaître et les apprécier. La force de Jewel et la culture indienne sont les deux points qui m'ont le plus transportée dans l'histoire. Le récit fut d'autant plus agréable à la lecture, grâce au style riche et poétique.
Une excellente lecture au final, et même un coup de cœur.
Merci au forum Au cœur de l'Imaginarium et aux éditions L'Ivre-book pour cette très belle découverte.

jeudi 22 décembre 2016

Lune de miel, de Manon Elisabeth d'Ombremont



Résumé

Paris, 1876. Lison a perdu ses parents, assassinés dans des circonstances mystérieuses et particulièrement sanglantes.
Un an après, elle tente toujours d'échapper à la folie. Au cœur des ombres, un monstre émerge et la tourmente, quelques jours avant son mariage arrangé. Réalité ou construction d'un esprit malade ? Parfois, la frontière peut être mince.
L’écriture de Manon Elisabeth d’Ombremont est d’une incisivité diabolique et vous entraîne au seuil d’une démence certaine.

Mon avis

Lune de miel est une nouvelle fantastique de Manon Elisabeth d'Ombremont, jeune auteure, dont on peut également suivre la série de dark et urban fantasy « Nechtaànomicon » publiée par les éditions L'Ivre-book.

Le nouvelle « Lune de miel » entraîne le lecteur dans une parenthèse certes courte, mais intense, à mi-chemin entre rêve (ou plutôt cauchemar) et réalité. L'ambiance teintée de morbide, de macabre et d'un côté malsain accompagne le personnage principal, jeune fille au destin tragique, mais aussi le lecteur, qui se laisse happer par son atmosphère tragico-mélancolique. On ne peut que s'attacher à Lison, jeune fille suicidaire, à la santé mentale fragile et trembler pour elle.

L'auteure M.E. d'Ombremont prend le temps de mettre en place le personnage principal de Lison, mais aussi les personnages secondaires, tels sa tante égoïste et malveillante, son futur mari, et sa très chère sœur, seule raison qui la fait hésiter à franchir le pas (passer la corde autour de son cou).
Rien de gai dans cette nouvelle imprégnée d'une forte mélancolie, à la fois désespérée et dangereuse. On y trouve en effet désillusion, tristesse et désespoir. Nous suivons Lison sur le sentier du non-retour entre cauchemar et démence grandissante : la frontière restant mince entre les deux. Le lecteur peine à trouver le vrai du faux dans ce cheminement macabre. 

On se retrouve même parfois mal à l'aise, touché par un soupçon d’obscénité (celui-ci toujours accompagné d'une sensualité trouble et équivoque, voire sadique), qui existe dans la relation, liant Lison à un mystérieux inconnu. Leurs étranges connexions nous dévoilent un individu auquel la jeune fille ne peut résister. Celui ci est animé d'une tendresse violente, d'une douce luxure, qui poussent Lison un peu plus loin dans sa chute. Mais peut être est-ce le dessein de cet homme aux intentions semblant pernicieuses ?
De plus, Lison se livre à des automutilations et tortures mentales : la jeune fille trouve de l'esthétisme et une forme de beauté dans ses propres cicatrices, mais continue de ruminer sans cesse la mort de ses parents, véritable déclencheur et guide de son évolution cauchemardesque.

L'auteure met en place le récit de manière judicieuse, dans le déroulement des scènes et les informations distillées le long du récit : cohérence de la narration pour mieux perdre Lison dans sa folie et le lecteur dans ses doutes. Le style élégant et fluide, les descriptions détaillées des émotions et sensations y contribuent aussi largement.

La conclusion est à l'image de la nouvelle, tout aussi macabre et ironique, cela va sans dire, et contribue à la cohérence du récit. Il privilégie esthétisme de l'écriture, de la narration, à l'intrigue en elle même. C'est une nouvelle qui se savoure à la lecture, sans suspense, mais avec une délectation doucereusement malsaine. 
L'auteure manie le format court avec justesse et élégance, atteint son but et entraîne le lecteur, même si le sort du personnage principal reste prévisible. C'est le cheminement qui compte, non le point final.

En conclusion, ce fut une découverte fort intéressante. La plume riche de Manon Elisabeth d'Ombremont, son style et la mise en place du récit, me laissent impatiente de découvrir « Nechtaànomicon ». Je remercie les éditions l'Ivre-book et le forum « Au cœur de l'imaginarium » pour cette belle et enrichissante découverte.

vendredi 26 août 2016

At the tunnel's end, de Laure Izabel




Résumé

Nous n’aurions jamais dû nous rencontrer. Et pourtant... ! Peut-être était-ce le moment d’oser affronter celui que je croyais être, ce à quoi j’aspirais ?

Toujours est-il que des portes se sont ouvertes dès cette fameuse nuit, des portes que je pensais avoir fermées pour de bon. Or, j’ai franchi leurs seuils précipitamment, le cœur marqué d’espoir : entre autres, celui d’être moi-même. Quand bien même les dommages collatéraux me coûteront...
Romance, érotisme et bisexualité dans ce nouveau roman de Laure Izabel.




Mon avis



La couverture et le titre énigmatiques prennent sens, au fil de la lecture et pleinement à la fin de celle-ci : ils symbolisent le chemin parcouru.
Le récit démarre par une rencontre, celle du personnage principal, qui raconte son histoire à la première personne, et celle de Carolanne, jeune SDF, sur le point de mettre fin à ses jours. Il va lui sauver la vie et elle va chambouler la sienne. Cette seule rencontre représente un déclic : il ouvre les yeux sur lui-même et sur sa vie.

Rien ne prédestine ces deux personnages à se croiser, car ils appartiennent à des univers trop différents, si ce n’est le destin… 
Il représente l’archétype de l’homme parfait : beau de corps et de cœur, le fantasme de bien des femmes, une célébrité qui a réussi. Il endosse les rôles qu’on lui fait jouer avec aisance, que ce soit sur scène ou dans la vie. Celui du séducteur au boulot et sa vie tranquille auprès de Jane, sa femme. 
Elle est SDF depuis des mois, désespérée et ne possède rien, quand lui a tout. 

Ce sont deux solitudes qui se croisent. Si on comprend vite celle de la jeune fille, laissée pour compte, le personnage principal révèle vite les failles de sa vie : le côté artificiel de sa profession, la froideur de sa femme Jane (opposée de Carolanne : c’est une femme superbe, possédant une carrière mais boudant les plaisirs simples de la vie). Il est fatigué par son côté superficiel et trouve en Carolanne un baume de fraîcheur.
Carolanne s’avère une jeune femme toute en ambiguïté : elle ne cède pas immédiatement à son charme et se montre d’abord méfiante, mais quand le dialogue commence, ses réparties piquantes sont savoureuses : sa fragilité et sa force la caractérisent. 

La situation évolue favorablement entre eux, devient plus intime, avec des discussions et petits gestes : pas d’impatience, une langueur douce, une rêverie poétique et sensuelle. Il se dégage de la jeune femme une sensualité brute, une magie subtile, qui va vite le rendre dépendant. Un lien naît ce soir là, qui ne fera que se développer entre eux, que ce soit dans la complicité ou la douleur.
Jane, d’un autre côté, se présente sous un jour très stéréotypé. Elle devient vite la méchante qui piège son mari par ce contrat matrimonial, puis par la naissance de sa fille Beth, qu’elle délaisse vite.

La naissance de sa fille s’avère d’ailleurs un autre élément déclencheur dans la remise en question du personnage. 
Il se sent prisonnier d’une vie qu’il n’a pas choisi (en tout cas pas ainsi). La situation s’envenime rapidement avec Jane. Les non-dits avec Carolanne, les malentendus, les disputes avec sa femme et la frustration le mènent vers la dépression. Sa fille est son seul rayon de soleil. 

Un choix s’impose. Sa vie doit changer, mais comment ? Il ne veut pas s’avouer ce dont il a réellement besoin. 
Sur ce chemin semé d’embûches, son meilleur ami et ancien amant Tim (dont il s’est séparé, quand il a décollé dans sa carrière et rencontré Jane), en qui il a entièrement confiance, va l’aider à y voir plus clair. C’est un personnage également essentiel à l’intrigue. 

Même si l’histoire est contée par le personnage principal, les personnages secondaires possèdent autant de consistance, avec une personnalité bien mise en place et auxquels on s’attache rapidement. Sauf Jane bien sûr, puisqu’elle tient le mauvais rôle. Contrairement aux trois autres, je l’ai trouvé, moins nuancée, présente pour jouer son rôle dans l’intrigue. C’est le seul bémol que j’ai ressenti, car comme avec OPJ1 (autre roman de l‘auteure, que je vous recommande vivement), Laure Izabel a su dès le début du récit capter mon attention et me scotcher à la liseuse. 

Le style fluide de l’auteure, tantôt sensible, tantôt efficace, les dialogues naturels, voire savoureux, la narration entraînante sont des qualités que j’ai retrouvé dans les deux écrits. Le ton, les personnages, la narration sonnent justes. Les scènes intimes présentes dans celui ci, sans être explicites, s’ajoutent au plaisir de la lecture , car elles oscillent entre sensualité sauvage et gourmande, entre plaisir de retrouver des repères, de la familiarité et celui de la découverte, de la nouveauté.

La fin est à la fois surprenante et logique, mais je n’en dévoilerai pas plus… Elle dépasse nos espérances, sort des sentiers battus et on ne peut qu’apprécier !

En conclusion, ce fut une lecture coup de cœur et je suis définitivement fan de la plume de Laure Izabel. Je découvrirai ses autres écrits avec plaisir. Merci au forum Au cœur de l’Imaginarium et aux éditions L’ivre-book pour cette belle découverte.

lundi 22 août 2016

Skitswish, ép.1 - Le prix du bélier, de Céline Thomas




Résumé

La vie romancée de la chanteuse de Jazz, Mildred Bailey. Une histoire d’amour sombre et tragique sur fond de prohibition et de magie indienne.
Pougheepsie, 1947.
Alors qu’elle approche de la fin de sa vie, Mildred, rongée par la maladie, revient en pensée sur son passé tortueux. Elle a été la plus grande chanteuse blanche de musique noire et a brûlé les planches des plus grands clubs de jazz... Pourtant, elle est rongée par ses actes manqués. Elle ne cesse d’être torturée par le souvenir de Ted, son unique amour, sa dévorante passion, à qui elle a renoncé pour l’attrait des feux de la rampe. Que ne serait-elle prête à faire pour changer le cours des choses, pour remonter le temps et changer sa destinée...



Mon avis


C’est la très belle couverture de l’épisode qui a attiré mon regard sur « Skitswish », puis le titre original, un peu mystérieux. Le résumé a fini de me convaincre d’essayer littérairement une époque (celle de la prohibition) que je connais peu.
L’auteure Céline Thomas avertit en édito qu’elle s’inspire de la chanteuse de jazz Milfred Bailey (que j’ai écouté sur le net par curiosité, ça met dans l’ambiance), mais prend des libertés, chronologiquement et sur le plan ésotérique, bien entendu !

On retrouve en introduction le personnage, femme de quarante ans rongée par la maladie (diabétique) et qui repense avec mélancolie et nostalgie à sa vie. Entre regrets et actes manqués, elle songe à Ted, son ancien amant.

L’auteur propose ensuite le récit par couplet, premier, second couplet…

Dans le premier, les flash-back renvoient la chanteuse dans un club vide, où elle chante malgré tout avec un plaisir évident. Le style est fluide, emporte, mais manque de poésie. La plume de l’auteure est plutôt efficace et cash, bien adapté à son personnage, son côté direct et naturel. La narration à la première personne renforce le sentiment d’être proche de cette femme qui met ses tripes dans ce qu’elle fait et notamment dans la musique où elle exprime ses sentiments. Elle nous permet une familiarité agréable, qui charme et donne de la densité au récit.

La rencontre avec Ted m’a un peu plus déçue.
Les dialogues manquent de naturel. Ce qui tranche avec la narration pourtant bien maîtrisée. La romance s’amorce un peu trop vite, même si on découvre la facette un peu plus effrontée du personnage. C’est sur ce point que j’ai tiqué et trouvé le dénouement amoureux rapide, car si la veille elle prend la fuite devant l’homme qui l’aborde, le lendemain c’est elle qui lui vole le premier baiser. Il devient vite entreprenant et avide, mais là encore c’est lui qui prend les distance nécessaires. 
En deux jours, tout se complique dans la vie de la chanteuse… vraiment trop rapide à mon goût, même si l’ensemble reste plaisant à lire. 

Dans le deuxième couplet, on apprend le destin tragique de Ted, dévoilé par un détective que la chanteuse a engagé. Les regrets n’en sont que plus vifs, et la suite nous explique en quoi le personnage en ressent une sorte de culpabilité. 

Le troisième couplet devient très intéressant avec l’arrivée du surnaturel et d’un rituel bien particulier : le rituel Skitswish. Celui-ci permet, par symboles totems de changer la destinée de celui qui l’invoque… changer le cours de choses. Ce n’est pas la première fois que la chanteuse le pratique - auparavant afin d’accéder à la réussite -, mais ce n’est ni sans conséquences, ni sans sacrifices. 

En conclusion, ce récit instaure une bonne mise ne place de l’histoire, dans ce premier épisode, et laisse le lecteur curieux et en attente. Comment les choses vont-elles évoluer pour la chanteuse ? A-telle une chance de se racheter, d’éliminer les regrets qui la rongent, d’éviter la maladie et peut être retrouver Ted ?
Beaucoup de questions qui trouveront sans doute réponse dans les épisodes suivants. Une série intéressante à suivre, même si le côté romance m’a moins passionné que le côté ésotérique de l’histoire.
Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions L’ivre-book, pour cette agréable découverte.

mardi 2 février 2016

Ce qui murmure (Les Nouvelles aventures de Carnacki saison 1, tome 3), de Frédéric Lyvins


Résumé
Le célèbre détective de l’occulte conte à ses amis le récit de sa première confrontation avec l’indicible et lève, par la même occasion, un pan du voile qui masque sa jeunesse.
C’est donc un Carnacki encore peu au fait des phénomènes occultes qui se verra contraint d’affronter la créature qui tourmente, nuit après nuit, l’un de ses compagnons d’études. 
Quel est cet être indicible que l’on entend murmurer lorsque le soleil a disparu ?


Mon avis:

Les aventures de Carnacki se présentent sous forme d’épisodes et « ce qui murmure » est le troisième d’entre-eux. Chacun des épisodes propose un court récit indépendant des autres dans l’intrigue, mais qui fait allusion aux épisodes précédents. Il est donc préférable, pour profiter pleinement de la lecture, de suivre l’ordre chronologique proposé.

Ces épisodes proposent des enquêtes surnaturelles de Carnacki, mêlant mystères et sciences occultes, dont le héros maîtrise les subtilités. Le narrateur, un ami de Carnacki nous livre les récits que le héros raconte invariablement à chacun de ses retours d’enquête à ses amis, autour d’un repas : rituel instauré où règne franchise et confiance. Carnacki fait aussi bien frissonner ses amis que le lecteur avec des histoires de revenants, de possession et de démons. La touche fantastique et l’enquête sont narrées de manière classique, présentant Carnacki comme un Sherlock Holmes du surnaturel. La présence d’un narrateur à la première personne, utilisé comme faire-valoir renforce cette impression. Le tout donne un charme particulier aux nouvelles qui suivent un schéma pratiquement identique (tout au moins dans les deux premières nouvelles, car elle diffère légèrement dans la troisième). Le style fluide et agréable y contribue également : avec des atmosphères bien décrites et une tension que l‘auteur sait faire monter au fil des pages. Les idées développées, lors des enquêtes n’en sont pas moins intéressantes, plutôt originales et bien mises en place. 


Quand on entame ce troisième épisode, une attente se met en place, celle du rituel déjà instauré, sauf que cette fois Carnacki n’a pas de nouveau récit à apporter. Il n’a pas travaillé depuis sa dernière enquête qui l’a épuisé. L’auteur, à travers les paroles de Carnacki profite de la surprise de ses amis, ménage ses effets et ne reste pas silencieux pour autant. Il raconte l’une de ses premières enquêtes, quand il était encore novice : le récit de sa deuxième rencontre avec le surnaturel, alors qu’il ne possédait pas encore ses connaissances actuelles. Ce récit lui permet de prendre du recul, et au lecteur d’en découvrir plus sur le personnage : son caractère et l’importance de l’expérience acquise que fil de ses enquêtes. On sent la nostalgie du personnage dans un récit bien mené, mais plus centré sur lui que sur l’intrigue par rapport aux deux épisodes précédents. On y retrouve pourtant le mystère et une conclusion surprenante. Les dialogues sont également bien posés. Le tout soigné donne une lecture tout aussi agréable que pour les deux premières nouvelles, même si un peu différente. En fait, cet épisode complète et s’appuie sur les deux premiers, d‘où mon conseil de lire les épisodes précédents : commencer par celui-ci enlèverait au charme des aventures de Carnacki.

Remarque: le premier épisode téléchargeable gratuitement peut permettre aux lecteurs intéressés de se faire une idée, mais attention une fois plongée dedans, difficile de lâcher.

En conclusion, j’ai vraiment apprécié ma lecture et compte bien continuer de suivre les aventures de Carnacki. Je remercie Au cœur de l’Imaginarium et les éditions l’Ivre-book pour cette belle découverte.

vendredi 15 janvier 2016

Journal d'une infection, de Roman H Grey



Résumé
Les zombies de Roman H.Grey ne mangent pas de cervelle humaine en avançant les bras tendus. Ils sont complètement ancrés dans la réalité et donc bien plus tragiques. 

Le ZCV, nouveau virus sexuellement transmissible transforme ses victimes de manière pernicieuse, autant physiquement que psychologiquement. 

L'ombre du sida rôde sur ce texte incisif et personnel qui offre une version fraîche du
 genre zombie.

Mon avis
Journal d’une infection est, comme l’indique le titre, le journal intime d’un malade. Le narrateur nous présente donc au fil du temps (à la première personne) l’évolution de sa maladie, ses symptômes, sentiments et émotions. Cette maladie s’avère bien spéciale puisqu’elle transforme les infectés en zombies. Pourtant, elle fait partie intégrante de la société: à l’hôpital, un service et des traitements spécifiques y sont consacrés. On dépiste le virus (qui est en fait une MST). On traite et soigne, dans la mesure du possible, les infectés. Les malades ne sont pas pour autant bien acceptés par la société, et plutôt rejetés et marginalisés. 

Notre narrateur apprend la nouvelle de sa maladie et passe vite du choc de la nouvelle, à la culpabilité, la colère et la honte, mais c’est une maladie qu’il a déjà affronté, car vu évoluer chez un de ses proches. Il sait que sa vie va changer, anticipe et prépare la suite des événements. La description de ses sensations et émotions se mettent en place naturellement, progressivement.

L’auteur se penche donc plus sur l’infecté (le narrateur) que sur l’infection en elle-même. Le narrateur aborde avec précision les symptômes auxquels il a déjà assisté et auxquels il va devoir faire face.
L’aspect surnaturel n’est donc pas vraiment exploité et aurait peut être pu l‘être un peu plus, pour donner du piment au récit. 
On apprend à connaître le personnage au fil du temps et de son journal, sa vie et sa situation familiale tendue. Le point de vue n’en est pas pour autant innocent pour le déroulement de l’intrigue et s’avère original. Il propose un traitement différent, plus humain, intime et moins spectaculaire, du phénomène de « zombification ». Le processus détaillé apporte un éclairage sur le vécu, sur le phénomène en lui-même. Par contre, la nature de la transmission, les ravages, la honte des infectés et le rejet de la société, les difficultés et douleurs engendrées par le traitement fait tristement penser à un virus de notre réalité.

Au fil des pages et du journal, on assiste au dégoût, aux angoisses du malade ainsi qu’aux changements dus à la maladie. Les secrets de familles se révèlent également et on en apprend un peu plus sur la personne que le narrateur a perdu.
Malgré les tensions qui l’opposent à ses parents, il décide de les revoir avant que les symptômes soient trop présents. Conscient de sa haine pour son père qui s’amplifie, il ne sait si elle est liée à la maladie ou à un agacement véritable. On comprend pourtant la vérité et le lien entre les secrets de famille et la perte de la personne qui lui était chère. Les pièces du puzzle se mettent en place. 

Le récit bien mené et le style fluide rendent la lecture du récit agréable, malgré sa gravité. On compatit aux angoisses du personnages, entre des souvenirs pénibles, un présent douloureux et des perspectives d’avenir peu réjouissantes.
Passée la surprise du point d’attaque adopté pour évoquer l’infection et les zombies, on plonge facilement dans l’histoire.
De plus, le narrateur alterne son récit sur ses états d’âme, son quotidien et les contraintes de son travail : il est un célèbre scénariste et garde en tête de finir sa tâche, tant bien que mal. Il l’achève et termine son journal par la même occasion. La fin arrive ensuite très logiquement. On l’attend avec le narrateur et l’accompagne jusqu’au bout de son voyage.

Je remercie le forum « Au cœur de l’Imaginarium » et les éditions « House Made of Dawn » pour cette agréable lecture.

mercredi 23 décembre 2015

Les talons rouges de Corpus Delecta


Résumé
Écrire le trouble ressenti, écrire pour attiser le désir, écrire pour témoigner d'une expérience érotique sans commune mesure. Toutes les femmes de ces lettres, qu'elles prennent la plume ou qu'elles soient évoquées par un tiers, portent des talons rouges. Il semblerait qu'il s'agisse d'un signe indiscutable de liberté sexuelle…

Mon avis

Les talons rouges n’est pas le premier écrit de Corpus Delecta publié chez e-ros, on la retrouve également avec le titre Shéhérazade 2.0, roman graphique, tout aussi tentant que le recueil présenté ici.

En introduction, l’auteure présente son recueil de manière agréable, avec un style tout à fait prometteur pour les nouvelles à suivre. 
Elle rappelle le symbolisme fort des talons rouges qu’ils soient escarpins, bottines ou bottes. Ils représentent l’accessoire de séduction ultime. Elle évoque des personnages féminins et masculins, qui se livrent pour des jeux chauds à deux ou, comme on le découvrira au fil de la lecture, à plusieurs.

Les nouvelles se présentent toutes sous forme de lettres adressées à leur partenaire, à une amie ou à un parfait inconnu. Ce sont principalement les femmes qui sont narratrices, mais l’une des nouvelles adopte le point de vue masculin.

Si les personnages se livrent, à travers leur écrit, évidemment à la première personne, ils s’affirment aussi. Les femmes s’y imposent comme maîtresse de leur sexualité décomplexée et débridée, prêtes à verbaliser leur désir, leur plaisir et leur fantasme. Aucune gêne n’entrave les mots, juste une sacralisation des moments passés ou à venir.
Dans la première nouvelle, Héloise rappelle à l’ordre son amant pour son manque de discrétion, mais en profite pour décrire dans le moindre détail, avec des mots crus, mais sur le ton de la conversation, l’excitation et le plaisir éprouvé lors de leurs derniers débats. Dans la deuxième, une femme raconte à son ami Sally un épisode très chaud de ses vacances, passé au bord de la piscine, avec de nombreux inconnus. C’est comme si elle la prenait à témoin de sa revanche sur sa vie et sa libération. Elle s’attarde également sur tous les détails, sans le moindre soucis des convenances. Dans la troisième nouvelle, une femme annonce à son amant la punition qui l’attend quand il viendra, et donc la nouvelle se lit au futur. La quatrième, du point de vue de l’homme, qui parle à un de ses potes de sa collègue experte, lui exprime son plaisir et le détachement presque insolent de celle-ci. La cinquième s’adresse à un inconnu rencontré chaque jour au même arrêt et dont le parfum évoque des souvenirs de sa première fois et entraîne des fantasmes qu’elle lui propose de réaliser. 

Ces femmes assument leurs fantasmes, leur plaisir et, même si elles se soumettent au plaisir de leur partenaire, elles savent leur rappeler qu’elles mènent le jeu. Elle semblent telles des déesses aux talons rouges. 
Leurs talons rouges sont toujours présents, mais discrets, témoins de leurs ébats, signes de reconnaissance, symboles de leur féminité et de leur séduction. 

Le style de l’auteur est fort agréable à la lecture et parfaitement maîtrisé. Il s’adapte à merveille au point de vue adopté. Certaines nouvelles sont plus crues, plus directes, mais la narration semble toujours différente selon le personnage et finalise leur caractérisation.
Les récits sont bien menés, épicés et savoureux à la lecture. Chacun échelonne la montée de l’excitation et du plaisir des personnages, fait monter progressivement la tension jusqu’au final. 

En conclusion, ce recueil « Les talons rouges » est une belle découverte. Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et la collection e-rospour cet agréable et chaud moment de lecture.

mardi 22 décembre 2015

Proie du noir, de Gaëlle K. Kempeneers


Résumé

My name is Dunoir. Proie Dunoir. Laissez tomber : private joke. Qui je suis ? La nouvelle recrue du B.A.S., la banshee de service. On m’a engagée pour botter les culs des méchants qui hantent les rues de Rédemption. Sauf qu’entre les monstres mythiques, les divinités en goguette, les vampires crétins et les Puissances qui se bousculent au portillon, je ne sais plus où donner de la tête. Alors, quand en plus la Famille (la mienne, sinon ce ne serait pas drôle) s’en mêle, j’ai bien besoin de mes collègues Lucrèce et Leyhan pour y mettre un peu d’ordre. Sans oublier Jack, le loup. Mon âme-sœur, parait-il. Je vous ai déjà parlé de mon âme ? Y a moyen d’écrire tout un roman sur le sujet. Ah ! Mais attendez… Bref, y a des jours comme ça où on se dit qu’on aurait mieux fait de se casser la jambe au saut du lit !


Mon avis


J’ai découvert la plume de Gaelle K Kempeneers à l’occasion du premier Ray’s day. Séduite par sa plume, j’étais curieuse de la découvrir dans ce roman pulp, proposé par les éditions Walrus.

Dès le début, je me suis retrouvée scotchée à la liseuse. Le ton du récit, écrit à la première personne, est direct, plutôt enjoué, voire même cynique et teinté d’une bonne dose d’humour, toujours vivant et crédible. Car, Proie Dunoir est un sacré personnage !

Proie, loin de porter correctement son nom est plutôt une chasseuse. Elle laisse derrière elle un passé douloureux, une famille loin d’être sympathique et une mauvaise conduite à racheter, pour rejoindre les États-Unis, plus précisément Rédemption au pied des Rocheuses, et le BAS, bureau des affaires surnaturelles. Sur place, elle rencontre ses coéquipières, une sorcière blanche et une sirène, sa supérieure, elle aussi sorcière blanche, parfois possédée par un être surnaturel appelé Puissance, un étrange homme-loup avec qui elle établit un lien dépassant la simple amitié, mais aussi celui qu’elle hait par-dessus tout, son cousin Basil.

Si tout ce petit monde appartient au monde du surnaturel, Proie y trouve sa place en tant que Banshee, dont le cri tue n’importe quelle créature surnaturelle agressive. Et Rédemption n’en manque pas. D’ailleurs ce phénomène de concentration d’êtres surnaturels alarme notre fée Banshee et l’embarque dans bien des aventures palpitantes. 

Le roman se divise en plusieurs parties, divisées elle-même en chapitres presque indépendants, mais dont le fil conducteur reste toujours présent. Intrigue principale et sous intrigues se rejoignent jusqu’au dénouement final, un peu trop rapidement passé à mon goût, puisque Proie s’évanouit et doit se contenter de ce qu’on lui rapporte brièvement.

Pourtant, le roman se lit avec un réel plaisir jusqu’à la fin, car il propose un rythme soutenu, prenant, avec des enquêtes surnaturelles intéressantes, entre l’influence des contes traditionnels, du folklore amérindien et l’univers féerique et surnaturel créé par l’auteur, organisé et cohérent.

Le véritable atout du livre reste tout de même le personnage principal : Proie Dunoir qui, sous la plume de l’auteure, se révèle être une femme de caractère !
Son originalité prend source dans sa marginalité, que ce soit pour son aspect physique (jeune femme menue aux cheveux courts et blancs, de nombreux piercings et tenues loin de passer inaperçues dans la petite ville de Rédemption) ou pour sa nature même de fée (une banshee, ce n‘est pas courant et son âme est atrophiée, pratiquement inexistante), sans oublier sa capacité très pratique dans les enquêtes de communiquer avec les fantômes.
Même si elle peut paraître petite et fragile, c’est une dure à cuire, qui n’a peur de rien ou presque, à l’esprit vif et plus souvent ronchonne que de bonne humeur. Elle manie l’ironie à merveille, mais sait se faire apprécier de tous et surtout du lecteur. Difficile de ne pas adhérer à son caractère fort et son charme singulier. 

La relation que Proie entretient avec Jack, l’homme-loup, prend une tournure intéressante et importante dans l’intrigue. Complicité et sensualité sont au rendez-vous. Pourtant la fin nous laisse dans l’incertitude quand à leur avenir et je trouve cela un peu dommage de ne pas donner une conclusion définitive à cet aspect non négligeable du roman. 
Est-ce annonciateur d’une suite ? J’espère car je retrouverais Proie et ses amis avec enthousiasme !

En conclusion, je suis ravie d’avoir fait la connaissance de ce personnage hors du commun, Proie Dunoir. Je suis restée scotchée à la liseuse pour lire ses aventures, portée par la plume de l’auteure. Clairement je lirais d’autres aventures avec plaisir si elle devait reprendre du service. Merci au forum « Au cœur de l’imaginarium » et aux éditions Walrus pour ce très bon moment de lecture.

lundi 21 décembre 2015

Anthologie A voile et à vapeur


Résumé
De la science-fiction à la fantasy en passant par le fantastique, dix auteurs proposent leur vision d’un avenir du passé. Dans ce rétro-futur haut en couleurs, la vapeur et la voile cohabitent, le chevalier d’Éon use de charmes inattendus, des automates interrogent le tic tac de leur cœur mécanique et des élixirs permettent de changer de sexe à volonté. Embarquez à bord de la Vagabonde ou du Quatorze Sacs à Malice, destination la Russie, l’Afrique coloniale, Paris ou Londres, et partagez avec ces personnages les tourments et les plaisirs d’une vie à voile et à vapeur riche en aventures de tous genres – et sans distinction de genre...

Mon avis

L’anthologie « A voile et à vapeur »  de la collection Y (éditions Voy’el) propose des nouvelles LGBT dans le cadre de la SFFF et plus précisément du steampunk. 

 Arthur Morgan signe, à cette occasion, la préface de l’anthologie et exprime ce qui fait l’essence du steampunk, qui ne se limite pas seulement à une esthétique, mais propose une réflexion sur la place de l’homme dans la société.
Les nouvelles proposées sont des écrits engagés, qui se positionnent sur l’aspect LGBT, mais au niveau humain. Ils poussent  au questionnement et s’attardent sur des personnages problématiques et différents, car chaque individu quelque soit son identité et son orientation sexuelle a sa propre histoire. Ce sont ces histoires que nous content les différents auteurs de l’anthologie. Cette préface donne donc un axe de réflexion pertinent, qui prépare à la lecture et oriente le lecteur par son analyse intéressante.

Un des premiers aspects abordés dans l’anthologie et cela dès la première nouvelle est celui de l’identité sexuelle.
Dans la nouvelle « Louise Geneviève de Beaumont de Tonnerre » (alias le chevalier d’Eon),  d’ Anthony Boulanger, le personnage assume totalement son ambiguïté sexuelle, d’ailleurs très bien mise en place. Tantôt appelé(e) Geneviève, ou Charles Louis, il joue de son androgynie, cherche le regard et non l’inverse. Ce personnage se sert de ses charmes et de ses atouts de séduction féminine pour déjouer un complot, en tant qu’espion(ne) du roi.

L’identité sexuelle peut être également source de nombreux doutes. Dans sa nouvelle « Ceci n’est pas une histoire de tortue » Tesha Garisaki, nous présente Ludovic/ Ludivine qui se voit hésiter entre ses deux identités et entre deux amours: l’un passionné, basé sur le désir, l’autre profond basé sur le respect. Le choix est douloureux à faire, car il pousse à renoncer à un aspect de lui même. Deux facettes de sa personnalité se disputent. Le personnage fera le choix de l’amour, en choisissant la personne qui apprécie ses deux facettes et les comble finalement pleinement. Donc, sa décision est clairement influencée par l’autre, par le regard de l’être aimé, par la façon de le considérer et de l’accepter.
 On retrouve cette problématique dans « le pudding Bavarois » de Jarod Felten, ou l‘amour platonique de deux hommes ne peut se concrétiser que par le changement de l’un d’entre eux. Ces deux textes font appel aux progrès technologiques pour permettre le changement de sexe de leur personnage. A noter que ces changements se font visiblement assez naturellement, sans que cela ne choque les personnes de leur entourage. Par contre, dans « le pudding Bavarois », l’auteur évoque la condamnation par la société de l’homosexualité. Ces textes interpellent le lecteur, le pousse à réfléchir sur la question de l’identité, et peut être même un peu sur la sienne.

Dans sa nouvelle « Du vent dans les voiles » de Jean Basile Boutak, Harvey l’automate choque toute la bonne société quand il veut changer de fonction. La métaphore est parfaitement réussie. D’automate d’intérieur, il veut devenir jardinier. Si Charles, son ami, dans toute l’innocence de l’enfance comprend que ce changement le rendra heureux, les parents ne l’entendent pas de la même oreille. Ce n’est pas convenable ! L’auteur se joue du « qu’en dira-t-on » puis retourne la situation de façon tout à fait savoureuse. 

Dans « Poupée de Chiffons » de Sophie Fischer, les doutes de Ragdoll l’automate même si différents, se révèlent pas moins douloureux. Il doute d’être à la hauteur de celui qu’il aime: son créateur. Il se sent un vulgaire automate, porte peu d’estime à lui-même. Ce sentiment d’infériorité et sa timidité l’empêchent d’exprimer ce qu’il éprouve vraiment.

Dans certaines nouvelles, le problème de l’homophobie ne se pose pas, non pas, qu’elle soit forcément absente, mais plutôt occultée. Entre attirance sensuelle, passionnelle, destructrice et dépassant toute mesure dans « Dans les bras d’Orion » de Céline Etcheberry, la folle course-poursuite de deux amants dans « Une histoire d’éléphants » de Isaac Orengo ou la passion du personnage principal  de « Suivez cette cathédrale » de Gareth Owens (traduction de Mathieu Rivéro) quand elle parle de son amante, dans toutes ces nouvelles, les personnages s’adonnent à leurs émotions et attirances, sans que la problématique LGBT  soit posée et c’est également tout à fait agréable à la lecture.
Dans « Les mécanismes de l’errance » d’Alex Barlow, l’équipage d’un navire spatial écoute l’histoire de Jimmy et William que leur raconte Duke, façon de signifier à Aaron et Ron que leur affection l’un pour l’autre ne gêne personne. Le navire s’y présente comme un refuge, un lieu où ils peuvent être eux même, sans craindre le regard extérieur.

Deux nouvelles changent les codes de la société, et propose une perception du « politiquement convenable » différente de celle que nous connaissons.
 Les couples mariés de « Du vent dans les voiles » ont officiellement pour amants une personne du même sexe et il est mal vu de déroger à la règle, en se montrant fidèle à son époux ou son épouse par exemple. On se retrouve donc dans une société imposant la bisexualité. 
Dans « une histoire naturelle » d’Angou Levant, les femmes ont tout simplement disparu. L’idée de relations entre hommes et femmes parait au personnage principal, dans un premier temps, contre-nature, les relations entre hommes formant la normalité. Si sa réflexion évolue, il se forge son identité et se reconnait homosexuel, les femmes ne provoquant en lui aucun trouble. Il se trouve donc libéré du rôle donné par la société pour l’adopter de façon naturelle, consentie.  

La touche steampunk reste tout de même discrète dans certaines nouvelles et on  ne retrouve pas forcément les codes qui la composent. Les nouvelles apportent parfois un clin d’œil à travers l’esthétique de la technologie steampunk ou en évoquant la montée de l’industrialisation, ou encore l’époque Victorienne. C’est un peu léger pour les qualifier de nouvelles steampunk.
Les nouvelles qui proposent des automates pour personnages principaux avancent un peu plus dans le genre, ainsi que celles qui posent la technologie au service de l’humain, grâce à des sources magiques (fluides, auras, mais pas forcément la vapeur) pour soigner ou changer de genre.

Les récits proposés sont bien écrits, les plumes des auteurs, certes différentes proposent des nouvelles tantôt centrées sur l’intrigue, tantôt sur les personnages avec des atmosphères diverses: certaines douces, amères et mélancoliques, poétiques, d’autres palpitantes, intenses, rythmées. Elles se complètent par leur diversité : pas de redite et pas d’ennui à la lecture. Les nouvelles se lisent avec fluidité et intérêt.

En conclusion, c’est une anthologie fort agréable à la lecture. Les nouvelles proposées sont diverses et marquantes quelque soit l’aspect mis en valeur. Parfois, elles poussent à réflexion, d’autres fois nous font vibrer par leur intensité et leur mélancolie, ou nous offrent une intrigue prenante, dans laquelle on plonge sans hésiter. Même si la touche steampunk reste trop discrète, c’est une anthologie équilibrée qui offre suffisamment de similitudes et différences sur l’aspect LGBT pour s’interroger, aborder et comprendre différentes problématiques.

dimanche 20 décembre 2015

Le chaudron des âmes d'Anne Rossi

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Résumé
Plusieurs siècles après son incarnation en Dana, la séraphine Viviane doit se rendre sur Terre : le chaudron de Dagda a repris du service et les morts reviennent à la vie. L'archange Arthur sera là pour la seconder. Ainsi que Merlin, toujours aussi enchanteur... Mais la présence de leur vieille ennemie Morgane risque de changer la donne.

Mon avis
Je connais la plume d’Anne Rossi pour l’avoir lue dans divers registres: romance, fantastique et littérature de jeunesse. J’apprécie son style fluide et maîtrisé. J’ai donc commencé la lecture de la nouvelle « Le chaudron des âmes » avec plaisir et curiosité.

Dès le début du récit l’auteure capte l’attention du lecteur en le plongeant dan un univers surnaturel : d’étranges et inquiétantes disparitions d’anges se produisent au paradis. Le chaudron de Dagda a repris ses activités et nul doute que la Morrigane, alias la fée Morgane est derrière tout cela. Vivianne ancienne dame du Lac et également déesse Dana dans l’une de ses anciennes réincarnations, accompagnée de l’archange Arthur retrouve Merlin sur terre, pour démasquer Morgane et faire échouer ses manigances.

L’auteure nous livre donc une nouvelle, non pas dans l’univers Arthurien, mais dans notre monde moderne, tout en introduisant ses personnages et leurs caractéristiques. On retrouve ainsi une Vivianne séraphine, consciente de ses vies antérieures, toujours attirée par son ancien amant Merlin, dont elle est maintenant séparée. Il lui garde rancœur de son enfermement, même s’il était dicté par son amour pour lui.
Si elle apprécie son travail dans la bibliothèque du paradis, elle s’est adaptée à l’époque moderne. Merlin au contraire, qui prend l’apparence d’un homme mûr et séduisant pour les accueillir, montre des signes de vieillesse, se sent dépassé par ce monde et n’y trouve plus sa place. Arthur fidèle à lui-même garde sa stature chevaleresque pour se lancer dans l’aventure. Leurs investigations les mèneront sans surprise à affronter Morgane, Mordred et leur armée de Zombie. La caractérisation des personnages reste fidèle à la légende et les artefacts sont utilisés à bon escient.

Le tout est bien écrit. On retrouve la plume sûre et fluide de l’auteure et son intérêt pour la légende Arthurienne à travers cette nouvelle. C’est un plaisir de suivre les personnages. On connait leur destinées et retrouve leurs querelles anciennes, toujours présentes, mais la fin de la nouvelle propose une alternative séduisante, comme une deuxième chance pour Vivianne et Merlin. 
J’ai donc apprécié la lecture du « Chaudron des âmes ». Encore une belle découverte dans la collection e-court des éditions Voy’el.


vendredi 18 décembre 2015

Snezelheim, de Laetitia Millet


Résumé 

Élevé par son frère Madriel depuis son plus jeune âge, Arquel partage son quotidien entre une vie tranquille à la campagne et ses allées et venues au lycée. Il ne rêve que d'une chose : marcher dans les pas de son aîné et devenir, comme lui, créateur de jouets.
Jusqu'au jour où la marionnette rouge fabriquée autrefois par Madriel se réveille, levant le voile sur l'existence de Snezelheim, un pays caché où une magie aussi mystérieuse que maléfique permet aux objets de venir à la vie...

Nouvelle venue chez L’ivre-Book, l’auteure signe un chef-d’œuvre au premier essai.



Mon avis

A ma grande surprise, « Snezelheim » est le premier roman de Laetitia Millet. Elle fait preuve d’une maîtrise telle, aussi bien sur le fond que sur la forme, que j’en reste admirative.

« Snezelheim » est un roman qui s’adresse plutôt aux enfants petits et grands. A la manière d’un Harry Potter arrivant à Poudlard, Arquel, personnage principal, nous entraîne dans un autre monde « Snezelheim », régi dans une réalité très différente de la nôtre, empli de mystère, de magie et de danger, avec une cohérence et une originalité qui lui est propre.

Au début du roman, Arquel est un adolescent comme les autres… enfin presque. Élevé par son frère Madriel, artisan marionnettiste de métier, il lui donne bien du fil à retordre. Peu sérieux en classe, il préfère bricoler dans l’atelier que de travailler ses cours.
Arquel vit dans une maison isolée, et garde son côté sauvage et peu sociable. Il ne veut pas ressembler aux autres et perdre son étincelle créatrice et son savoir faire.
Sa vie change soudainement quand il prend connaissance des secrets que son frère lui a cachés depuis toujours et qu’il se fait repérer à un concours de jouet. Leur véritable identité constitue alors un danger. Par discrétion et pour éviter les soupçons il part devenir apprenti à Snezelheim, sous sa fausse identité.

Dans cette partie du roman l’auteure prend le temps de poser les bases de son personnage, de le rendre attachant. La narration à la première personne fonctionne très bien. Elle donne de la profondeur à la caractérisation d’Arquel et c’est avec enthousiasme que l’on suit les aventures du garçon, qui ne font que commencer…

Arrivé à Snezelheim, la vie n’est pas simple, surtout qu’Arquel doit protéger le secret de son identité. Difficile de savoir à qui se fier.
Les personnages sont nombreux, mais on s’y retrouve parfaitement, car l’auteur maîtrise les fils de son intrigue à merveille. Ils sont d’ailleurs multiples, se croisent, s’étendent et ne se dénouent qu‘à la fin du roman. Entre les secrets d’Arquel, sa vie d’apprenti, les amitiés, les béguins amoureux, les traîtrises, qui se font et se défont, mais aussi les meurtres qui se multiplient dans son quartier de résidence, impossible de s’ennuyer. 

Arquel avance à tâtons dans cette toute nouvelle vie, apprend à ne compter que sur lui-même et à déjouer les pièges d’une ville remplie de magie et de dangers. Cela ne l’empêche pas d’avoir des comportements immatures, mais il reste tout de même un adolescent généreux et courageux, que l’on apprécie sans peine. 
Pour faire face, il est accompagné de deux marionnettes facétieuses, fabriquées par son frère pour le protéger, qui l’aident dans son enquête, le soutiennent et le rabrouent si nécessaire. Ces deux personnages s’avèrent particulièrement amusants et apportent une touche pétillante au récit.
Sa vie d’apprenti mécaniste lui apprend également le dur métier d’artisan, le mène à utiliser l’animatière, élément magique qui permet de créer des jouets « vivants ». Si à la base, tout le destinait à être marionnettiste, il s’adapte parfaitement à sa condition de mécaniste.

La ville de Snezelheim est tout à fait fascinante. Avec une hiérarchie sociale basée sur le grade de la personne dans les différentes guildes (mécanistes, logisticiens, marionnettistes etc…), être apprenti, c’est être en bas de l’échelon, mais cette position apporte un certain respect ou tout du moins de la crainte de représailles pour les gens « du commun ». La différence est immense entre les nantis et les miséreux des quartiers gris. C’est pourtant dans ces quartiers de misère qu’Arquel trouve un logement dans une pension, son faible salaire d’apprenti ne lui permettant pas mieux. Dans cette pension, Arquel trouve des amis inestimables, même s’il ne les considèrent pas souvent à leur juste valeur. Il apprend à les connaître eux et leurs voisins et ne peut donc pas rester de marbre quand un meurtrier sévit et massacre ses victimes. Il pourrait même être la prochaine !

Le centre de Snezlheim est un lieu enchanteur, entre l’éternitrain, conçu par les mécanistes, les marionnettes et automates qui sont au service des humains et qui parcourent les rues parmi eux. Les constructions de la villes, le décor et les coutumes fermées au monde extérieur et eu développement moderne la rendent forcément différente de nos villes (pas de télévision, de téléphone etc…). Comme Arquel, on retrouve nos yeux d’enfants quand on parcourt ses rues.
L’auteure ne manque pas de nous décrire les scènes dans les moindres détails et maîtrise avec habileté l’organisation de sa ville, de sa population et des clans qui la dirigent. 

En conclusion, la plume de l’auteur vive, fluide, agréable à la lecture mène le lecteur à travers Snezelheim pour notre plus grand bonheur. Je lirai la suite avec grand plaisir et je ferai découvrir le livre à mon garçon qui devrait aussi l’apprécier (j‘espère qu‘il y aura une version papier, car il ne lit pas en numérique). Une bonne alternative à Harry Potter, mais attention, l’auteure n’est pas tombé dans le piège de perdre son originalité. Elle a su garder pour son roman son identité propre et une magie subtile et enchanteresse. Merci aux éditions L'Ivre-book et au forum Au cœur de l'imaginarium pour cette excellente découverte !

mardi 15 décembre 2015

Rédemption, de Géraldine Blondel


Résumé

"Ce qui restait de l'humanité s'est entassée dans le vaisseau spatial Rédemption, en quête d'une planète habitable. La béta-Syphillis fait rage et le vaisseau aura bientôt épuisé toutes ses réserves. C'est dans ce climat tendu et chaotique qu'une série de meurtres ignobles survient dans les rues de Whitechapel, le district des laissés pour compte et des malades au stade terminal."


Mon avis



Géraldine Blondel, avec cette nouvelle Rédemption, retranscrit l’histoire de Jack l’éventreur dans une intrigue de science fiction. En effet, si elle reprend les ficelles de l’histoire que nous connaissons déjà, elles s’inscrivent dans les subtilités d’enjeux futuristes.
Le titre en est la preuve, puisque « Rédemption » est le nom porté par le vaisseau qui mène le reste de l’humanité en quête d’une nouvelle planète d’adoption. Si l’auteure réussit à entremêler les deux intrigues, celle des meurtres reste très classique et la dimension Sf, même si essentielle, un peu trop discrète.

Sur le vaisseau, la vie s’organise selon l’époque victorienne. On y retrouve la reine Victoria et le quartier de Whitechapel. Dans ce quartier de misère sont regroupés les personnes atteintes d’un virus virulent qui les atteint physiquement, mais aussi mentalement, les menant à la démence. Ils y sont traités comme des monstres. Si on entre dans Whitechapel contraint et forcé par la maladie, on n’en ressort jamais, ou tout du moins théoriquement. Sauf que l’éventreur, « le boucher », nargue la police et l’inspecteur Abberline, en y circulant selon son bon vouloir pour y perpétuer ses horribles meurtres.

L’auteure fait le choix de découper sa nouvelle en différentes parties rythmée par les tableaux de scènes de crimes fort bien décrits. On retrouve entre les deux la position de la reine, donc les enjeux politiques, les discussions et réflexions de l’inspecteur, donc les enjeux de l’enquête et des incursions de l’assassin dont on perçoit la démence et la haine de l’humanité à travers ses lettres. Certains passages concernent un peintre, observant le poste de pilotage et on peine à comprendre l’intérêt de ceux-ci avant la fin de la nouvelle. Fin d’ailleurs tout à fait ironique et fort bien adaptée.

Dans "Rédemption" , on ne se pose pas sur un personnage en particulier, oscillant entre eux, comprenant les enjeux, mais difficile de s’impliquer en tant que lecteur. De plus l’intrigue reste peu originale, aurait pu être plus impliquée dans la dimension SF et s’introduire un peu plus dans Whitechapel et ses quartiers, car l’idée de la maladie ravageant ses habitants était bien pensée.

Le style fluide et soigné et de bonnes idées rendent la nouvelle agréable et intéressante, mais il lui manque un peu de profondeur.
Je lirai avec plaisir d’autres écrits de l’auteure, car cette nouvelle me semble tout à fait prometteuse.
Merci au forum Au cœur de l’Imaginarium et aux éditions House made of dawn pour ce bon moment de lecture.

dimanche 13 décembre 2015

La petite fée de Noël d'Eve Terrellon

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Résumé
Il y a longtemps, Pierre a rencontré un être unique et merveilleux : une Petite Fée de Noël, qui pour combler un de ses souhaits, n’a pas hésité à accomplir un acte interdit. Pierre a grandi en oubliant ses rêves d’enfants. Mais lorsque la veille de Noël, il rencontre une jeune femme un peu extravagante dans un magasin bondé, c’est comme si la magie revenait dans sa vie.
Le coup de foudre qu’il éprouve pour Gaëlle est réciproque. Leur idylle pourrait être parfaite. Pourtant, de nombreux mystères entourent Gaëlle, qui souffre de devoir se cacher de Pierre. Les deux amoureux sauront-ils se faire suffisamment confiance pour survivre aux trois cent soixante-cinq jours qui les séparent du Noël suivant ? Entre la jalousie d’une assistante éconduite et les manigances d’un fiancé aussi encombrant que rusé, les embûches seront nombreuses.


Mon avis


Les fées de Noël se présentent aux enfants qui croient en elles et exaucent leurs souhaits. A 6 ans, Pierre croit encore à son amie la fée qui vient lui rendre visite, comme chaque année, la veille de Noël. Seulement, son frère sème le doute en lui et elle disparaît. Pour le réconforter, elle lui offre un cadeau et se compromet. Punie elle doit rester dans le monde des humains pour 22 longues années. Avant que la punition ne s’achève, elle retrouve Pierre.

Pierre est un personnage attachant. Petit garçon tendre, sensible à la magie et aux fées, il devient un adulte à la vie bien rangée. Pourtant, il n’a pas perdu de sa gentillesse, même s’il y a bien longtemps qu’il ne croit plus aux fées. Quand il retrouve la sienne, devenue Gaelle, spécialiste en effets spéciaux, il ne la reconnait pas, mais c’est le coup de foudre. 

Gaëlle n’a rien perdu de son caractère et de son charme féerique: elle est gentille, généreuse, malicieuse et mutine. Un personnage pétillant ! Même si elle hésite entre colère, puisque c’est à cause de lui qu’elle est punie et intérêt pour celui qu’elle considère comme son passeur (c’est-à-dire celui qui fait le lien entre le monde féerique et le monde humain ), elle tombe également sous le charme.

Eve Terrellon nous décrit très bien leurs émotions. Sa plume fluide, sensible et subtile nous retranscrit des scènes tantôt tendres, tantôt sensuelles, toujours teintées de magie féerique : un enchantement à la lecture ! On apprécie les moments de bonheurs simples entre les deux personnages, leur amour sincère, et leurs personnalités chaleureuses.  
De plus, on visualise sans mal les scènes à travers des descriptions précises, mais qui n’alourdissent pas le récit. 

La relation amoureuse des deux personnages se renforce par l’aspect naturel de leur lien entre passeur et fée. Pourtant, bien des obstacles viennent s’interposer entre eux: la nature même de Gaëlle, son âge et son fiancé Joachim qui s’arrange pour leur mettre des battons dans les roues, ainsi que la jolie assistante de Pierre. L’ancienne faute de Gaëlle en tant que fée et les faiblesses de Pierre entravent également leur bonheur patiemment construit. 

Un petit plus dans le récit: le nid douillet de Gaëlle, véritable capharnaüm, où elle collectionne des objets en tout genre et plus précisément les dragons qu'elle affectionne. On les retrouve à toutes les sauces et elle sait les animer de sa magie si besoin, mais bien sûr en dehors de tout regard extérieur. J'aime imaginer cet endroit empli d'un fourbi organisé, d'un éventail de matières et de couleurs : un lieu chaleureux propice à la flânerie et à la rêverie  

En conclusion, même si l’intrigue peut paraître simple et la romance assez classique, l’aspect surnaturel, les personnages attachants, l’atmosphère magique et le style entraînant de l’auteur rendent ce roman féerique, frais et scintillant. Je vous conseille donc cette romance  de  circonstance à l'approche de Noël, pour un moment de lecture enchanteur.


Bad moon rising, de Marika Gallman




Résumé

Elle rêve d’un nouveau départ, mais c’est la mort qui l’attend au tournant. Recueillie par ceux qui l’ont arrachée aux mains de ses agresseurs, c’est dans un monde de ténèbres qu’elle devra tenter de survivre.
Tout a commencé un soir de lune bleue, et tout se terminera dans le sang…




Mon avis

Le nom de Marika Gallman n’est pas inconnu aux amateurs d’Urban Fantasy et plus précisément de Bit Lit, car elle est l’auteure, entre autre, de la saga Maéve Regan. Le premier tome Rage de dent fut d’ailleurs le roman qui m’a permis de découvrir le genre. Même si je n’en suis pas une grande lectrice, j’aime me laisser tenter par un roman de temps en temps. J’ai donc choisi de découvrir la série « Bad Moon Rising », constituée en tout de six épisodes.

Si la série peut se lire épisode par épisode en numérique, elle peut se lire également comme un court roman (publié en version papier).
J’ai choisi de lire ces épisodes à la suite, pour ne pas perdre le fil des aventures de Neela, le personnage principal.
A noter que chaque épisode comporte comme titre une émotion que l’on trouve présente dans l’écriture du récit : choc, déni, colère, tristesse, résignation et reconstruction : déroulement logique des réactions de Neela. J’ai trouvé l’idée sympathique et originale et l’auteure a su tirer son épingle du jeu dans cet exercice de style.

La narration à la première personne permet une immersion immédiate. Se pliant au format de l’épisode, chacun d’entre-eux offre une unité dans l’intrigue et l’action s’invite rapidement dans le récit, dès le premier épisode. 
La plume vive, fluide et efficace de l’auteure et l’emploi du présent accentue cette impression de vitesse et d’action, un peu comme dans un épisode de série TV. L’auteure entraîne le lecteur au fil des pages et lorsqu’on possède l’épisode suivant dans sa pal, on ne prend pas la patience d’attendre : j’avoue avoir lu le tout d’affilé en pratiquement une soirée.

Neela, jeune femme tout à fait ordinaire, fille de diplomate, envisage de donner un nouveau tournant à sa vie. C’est ce qu’elle explique à son amie Sandra lors d’un dîner, en lui dévoilant son intention de partir en Inde et de découvrir ainsi le pays d’origine de sa mère.
Sauf que tout ne se déroule pas comme prévu : les deux jeunes femmes sont sauvagement agressées. Non seulement Neela perd sa meilleure amie, mais se retrouve menacée de devenir un vampire, tel les monstres qui les ont attaqués.
En effet, dans la série «Bad Moon Rising », les vampires n’ont pas le beau rôle ! Pas de beaux bruns ténébreux, mais des êtres à la limite de la décomposition, des monstres horribles, féroces et assoiffés de sang, vivant dans des nids autour de leur reine.

Les vrais « héros » de l’histoire sont au contraire les chasseurs.
Neela a été sauvée et recueillie par Marcus et Marat, deux de ces chasseurs de vampires. Je n’ai pu m’empêcher de penser à la série TV Supernatural : une organisation de vampires, un duo de chasseurs, lourdement armés et menant une vie de chasse sans attaches, avec les risques et les dangers liés…

Les personnages sont attachants, même s’ils manquent un peu de profondeur. Ils correspondent aux stéréotypes d’une intrigue qui se veut simple et efficace : les « gentils » chasseurs d’un côté, baroudeurs et bourrus, mais beaux gosses et les méchants vampires de l’autre, sans oublier Doyle et ses sbires à la tête d’une organisation militaire aux méthodes douteuses, largement caricaturé. 

La morsure de Neela et ses implications apportent tout de même des nuances et des informations supplémentaires, car elle apprend à connaître les vampires, au fur et à mesure qu’elle se « rapproche d’eux », de par son état de transformation progressive. La course contre la montre, pour savoir si elle pourra éviter la transformation définitive tient également le lecteur en haleine.

La romance entre Neela et l’un des chasseurs, leur attirance surnaturelle et sensuelle apporte du piment et un peu de répit au récit, sans pour autant prendre le pas sur l’action. L’auteure a su doser l’action et l’émotion. 

En conclusion, ce court roman fut fort agréable à lire : un livre que je conseille pour une lecture détente qu’on soit amateur du genre ou non, car on se laisse entraîner dans l’aventure. Je remercie les éditions du Petit Caveau et le forum Au cœur de l’Imaginarium pour ce bon moment de lecture.