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mercredi 8 février 2017

Dimension Sidération, de Collectif


Résumé

Né de l'imagination de Serge Lehman, dont l'un de ces recueils porte le titre, La Sidération attire de nouveaux auteurs, comme le prouve cette anthologie dirigée par Noé Gaillard.

Vous avez, un jour, été complètement stupéfié par quelque chose auquel vous n'aviez absolument pas pensé, que rien, jusque-là, ne vous avait préparé à admettre, à envisager... A moins que, comme le personnage de la première nouvelle ici proposée, vos préoccupations ne vous aient tout simplement fait accepter cet "impensé" pour du normal... du convenu implicite... Ainsi, on peut trouver sidérant aussi bien ce que l'on n'avait pas imaginé, que l'incapacité à imaginer. Alors, surgissant des ténèbres, de l'au-delà de la nuit, l'auteur vous offre de quoi être stupéfait et vous aide à imaginer son monde pour qu'au gré de la lecture, plus rien de ce qui est raconté ne vous surprenne... pour de douces sidérations.


Mon avis


Dès la préface, le ton humoristique introduit l'ironie que l'on retrouve dans l'anthologie : ironie caricaturale ou plus dramatique, selon l'histoire lue.
Elle apporte également des éléments d'informations sur le thème de la sidération : ce qui est stupéfiant, que l'on trouve difficile ou incapable à imaginer. Elle invite alors le lecteur à entrer dans le récit et à se laisser porter par le texte. On comprend bien mieux l'implication de ces conseils à la lecture de l'anthologie.
Comme pour chaque édition des anthologies « Dimension... » chez Rivière Blanche, les nouvelles sont présentées avant la lecture, pour préparer le lecteur. La présentation de l'auteur reste située à la fin et n'alourdit pas l 'ensemble.

La narration des nouvelles proposées se fait largement à la première personne. Dans l'une d'elle, le mélange de la première et troisième personne prend son sens. Quelle que soit la narration adoptée, elle est choisie avec logique et stratégie. Le but reste d'emmener le lecteur, de lui faire perdre ses repères en même temps que le personnage, voire jusqu'à la folie. Le doute est toujours permis à la première personne, celle de la vision rapportée du personnage. Il piège le lecteur, l'emmène dans la fiction, l'installe dans la sidération.
Les personnages possèdent un rythme différent. L'immersion peut être directe ou il peut mettre du temps à se dévoiler, de manière naturelle, par jeu, pour faire durer le suspense.
La plume des différents auteurs, toujours fluide, se révèle parfois plus riche, et même poétique.

Faire entrer le lecteur dans la sidération, c'est aussi le mener au sein de la fiction, lui faire accepter l'anormalité, l'irrationnel comme la réalité. 
Les nouvelles de SF ou fantasy s'appuient sur des descriptions détaillées et un vocabulaire bien précis, pour rendre le récit visualisable, vivant et réaliste.
Les mises en situations bien amenées entraînent dans des intrigues mystérieuses, caricaturales, parodiques. Parfois, le lecteur tombe dans un délire bien construit, ou alors n'ayant ni queue ni tête et restant agréable à la lecture. Ce gentil fouillis, parfois noyé sous une profusion de personnages, plaît, même si le sens peut vite échapper au profit de l'incompréhension. C'est totalement subjectif, selon le lecteur : la magie ou plutôt la sidération prend ou non.
Dans cette logique, on retrouve également deux histoires, où des segments de récits sont imbriqués de manière aléatoire, tout en restant logiques : un puzzle intéressant à reconstituer (il faut juste s'accrocher pour suivre le fil)

L'ironie se retrouve donc dans la narration, mais également dans le retournement de situations ou des rôles des personnages (stéréotypes inversés), tout à fait plaisants à la lecture. 
Ce retournement se retrouve également au niveau de l'intrigue, dans les chutes proposées qui bien souvent servent à surprendre et sidérer le lecteur (et souvent le personnage). Il confère la dimension surréaliste (sidération) de l'intrigue et des nouvelles. Parfois, la chute ne vient pas malgré l'attente et il semble manquer quelque chose, même si le récit reste sympathique à la lecture. 
Mais quand elle tombe, qu'elle soit la grâce de Dieu (ironie inside, Dieu possède un bon sens de l'humour (noir) visiblement), ou pour la plupart une bonne dose de mystère, elle s'avère le plus souvent parfaitement réussie.

La sidération s'insinue également dans les nouvelles, de façon plus précise.
Des entités (ennemies ou alliées) défient l'imagination par leur forme, leur nature, leur originalité. Qu'elles soient créatures extra-terrestres, ou à l'échelle d'une planète, d'un système, ou simples anomalies dans la « réalité », elles diffèrent de tout ce que l'on peut connaître, sidèrent ou causent l'état de sidération (de pétrification). Les symptômes des personnes sidérées divergent selon les situations, mais se rejoignent sur le plan clinique (la définition médicale de sidération).
On aime visualiser comme dans un film les créatures hors normes, éloignées de tout ce qui semble conventionnel, défiant même les limites de la fiction. La réalité s'efface et c'est bien un voyage en Dimension Sidération qui transporte le lecteur. L'efficacité de l'évasion annonce un retour difficile à la réalité pour les personnages, comme pour le lecteur.

En conclusion, les nouvelles de l'anthologie Dimension Sidération m'ont touchée de manière inégale : très fortement pour certaines, moins pour d'autres, voire pas du tout, pour celles à côté desquelles je suis passée (ce n'est que subjectif, ce peut être mon inculture sur certains sujets qui est en cause ici). 
Ce n'est pas une anthologie entièrement accessible et encore de façon très subjective, mais tellement fascinante qu'il ne faut pas passer à côté.
De très bonnes lectures au final ! Je remercie Rivière Blanche et Au cœur de l'Imaginarium pour cette très intéressante découverte.


samedi 14 mai 2016

Dimension Arnauld Pontier, d'Arnauld Pontier



Résumé
Pointe nord de l'île. Une bande de terre épaisse et graveleuse séparait en deux l'embouchure de l'ancienne rivière : d'un côté, s'étendait à perte de vue un amas de galets noirs et gluants, de l'autre, un vaste espace pratiquement asséché - ce qu'il restait du lit de l'Hudson River. Sur la rive, la même bande de terre rapportée serpentait jusqu'au pied de l'espèce de tour monumentale qui trônait là, seul relief encore visible sur l'île, ultime vestige d'un temps révolu depuis des millénaires...

En 27 nouvelles, de fantastique et de science-fiction, pour la plupart inédites, vous allez croiser le diable, rencontrer la Mort, visiter d'étranges planètes, contempler le futur, découvrir, aux aguets, derrière la banalité du quotidien d'inquiétantes forces et faire connaissance avec des espèces extraterrestres qui ne nous veulent pas forcément du mal... Car la magie de la nouvelle, c'est cela : en peu de mots vous proposer de multiples et imprévisibles voyages.

Arnauld Pontier a publié une dizaine de récits et de romans, en littérature générale comme en littérature de l'imaginaire ; il a également participé à plusieurs anthologies et a dirigé Dimension Système Solaire. En 2004, il a obtenu le prix Marguerite Yourcenar pour La Treizième cible. Son dernier roman, Agharta - Le temps des Selkies a été finaliste du prix Rosny Aîné 2014.



Mon avis 

Auteur de romans, récits, nouvelles et poésies, Arnauld Pontier a également dirigé l’anthologie de science-fiction Dimension système solaire.
On le retrouve avec sa propre anthologie Dimension Arnauld Pontier mêlant deux genres : science-fiction et fantastique.
Pour introduire celle-ci, il rappelle au lecteur de ne pas confondre la nouvelle avec une histoire courte. Elle possède ses particularités : courte, mais efficace, elle crée une atmosphère particulière, capture immédiatement le lecteur, son attention, contrairement au roman, qui le mène sur la longueur grâce au développement de son intrigue. L’intention et la lecture de ceux-ci sont donc différentes.
Philippe Ward, dans sa Post-face appuie l’idée de cette spécificité, et du plaisir de la lecture. Il témoigne du savoir faire de l’auteur, sur ce format et dans les « mauvais genres ». 

Dans son anthologie, l’auteur présente chaque nouvelle, les remet dans leur contexte : écrites selon l’inspiration ou pour un appel à textes, usant de thèmes qui lui tiennent à cœur.
Celles ci sont bien construites : l’auteur mise sur les classiques et apporte une atmosphère détaillée, claire et permettant l’immersion immédiate. S’il s’appuie sur les codes connus des lecteurs de science-fiction et de fantastique, il ne se laisse pas aller aux clichés, gardant sa touche personnelle. Il apporte un message, une idée, se pose sur une situation donnée, sur un moment, un instant précis.
Le lecteur se trouve vite happée par l’histoire, pour certaines plus que d’autres, selon ses goûts, ses préférences littéraires, mais chacune sait se montrer efficace, avec une écriture précise et claire.
Si l’auteur présente son intention, et les messages qu’il veut faire passer en introduction, il ne spoile pas pour autant, et arrive bien souvent à surprendre le lecteur malgré lui.
Les fins se présentent sous forme de chutes toujours soignées, et se concluent de manière plus ou moins efficace. Elles sont généralement noires, sombres et sans espoir, mais tombent parfois un peu à plat. Certaines nouvelles de l’anthologie m’ont scotchées plus que d’autres, même si toutes restent agréables à la lecture.

Arnauld Pontier trouve influences et inspirations dans diverses ressources. S’il s’appuie sur un mythe serbo-croate pour l’une de ses nouvelles, il sait aussi se servir des mythes et légendes conférant un statut et un pouvoir particulier aux chats ou aux hibou. Il s’attarde aussi sur le phénomène de l’effet papillon. S’il rend hommage à LovecraftJean RayPhilipe K Dick ou Boris Vian, il sait aussi s’inspirer du cinéma avec le filmPrédator. Les sources sont donc très variées et bien d’autres idées viennent alimenter son imaginaire et enrichir son univers.

Plusieurs thèmes ressortent dans l’anthologie.
L’homme s’y voit souvent puni pour sa stupidité (les guerres et conflits destructeurs, ses habitudes nocives, telle son avidité démesurée). Ce peut être la nature qui reprend ses droits suite aux conflits. Même les éléments peuvent se rebeller : l’eau, le sable. Des planètes vivantes les piègent pour satisfaire leurs propres intérêts, leurs propres besoins. Ce peut être également des créatures surnaturelles qui prennent leur revanches ou des extra-terrestres qui prennent le contrôle, envoûtent et créent des pièges élaborés. La prise de pouvoir peut se faire perfidement : une invasion facile sur le long terme qui mène à l’extinction de la race humaine. 
L’auteur exploite aussi le pouvoir de créatures jugées insignifiantes, faisant parti du quotidien, dont on ne conçoit pas la dangerosité : les chats (et leur don), les chiens (qui servent de catalyseur pour l’éveil des humains), le hibou (porteur de malédiction) et la femme charmante (mais fatale au double sens du terme). Les sceptiques avides et matérialistes voient leurs certitudes s’ébranler et en paient le prix. Ceux qui désirent croire goûtent à de réels moments de bonheur .
Le temps s’avère parfois un élément à part entière de la nouvelle. Manipuler et rembobiner le temps propose un éternel recommencement. Les boucles dans le temps sont autant de chances données, ou peut être un jeu à grande échelle, une expérience ? 
La quête d’identité se complexifie quand le corps se métamorphose, ou quand le clonage est en jeu : comment savoir se différencier entre modèle et clone. 

En conclusion, j’ai découvert dans l’anthologie Dimension Arnauld pontier, un univers qui lui est propre, des thématiques classiques mais traitées avec sa touche personnelle et souvent avec originalité. Le mélange science-fiction et fantastique m’a beaucoup plus. Si j’ai apprécié les nouvelles de manière inégale selon ma subjectivité, chacune est écrite et construite avec soin. 
Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions Rivière Blanche pour cette excellente découverte.

samedi 2 avril 2016

Le Crépuscule des rois, d'Arnaud Cuidet


résumé:
Sasha est une new-yorkaise d'une trentaine d'années au passé de loubarde. Au cours d'une rixe, elle découvre un anneau qui la transporte sur une planète étrange : Nalaâm. Elle et l'anneau sont désormais liés.

Capturée, elle combat dans une arène de gladiateurs. Elle découvre que son anneau lui confère une force incroyable, mais uniquement pendant ses accès de colère. Sasha finit par s'évader de l'arène et découvre un monde en proie à une guerre terrible : l'Empereur Tarkass veut régner sur tous les royaumes. Sasha sera propulsée au milieu des combats, qui sonneront le glas de bien des monarchies et ouvrira une nouvelle ère, celle du CREPUSCULE DES ROIS.


Mon avis:

Lorsque le partenariat a été proposé pour ce roman « Le crépuscule des rois », j’ai un peu hésité à m’inscrire. Le résumé me semblait alléchant, mais la couverture, certes superbe, ne correspondait pas à mes attentes : un personnage légèrement vêtu, dont la posture sur la moto met en avant ses charmes féminins… J’ai tout de même tenté, misant sur la qualité des romans SF de Rivière Blanche, qui ne m’ont jamais déçu. Bonne décision, puisqu’il aurait été dommage de passer à côté du personnage principal de l’histoire, Sasha, héroïne aucunement semblable au stéréotype féminin renvoyé par la couverture. 

Bien au contraire !

Sasha, jeune femme originaire de Brooklyn, grande et athlétique se fait agresser et s’échappe grâce à un anneau, qui la téléporte immédiatement dans un autre monde, où elle est une « élue » (porteuse d’anneau).
Capturée, elle devient gladiatrice, puis simple guerrière. Elle s’adapte vite grâce à son fort caractère et son expérience de la « baston » acquise dans les rues de Brooklyn. Sasha se révèle être une femme forte, têtue, belle et rebelle (mais ce n’est pas son physique son atout principal), souvent provocatrice, voire insolente, mais toujours pour de bonnes raisons. Impossible de de ne pas apprécier ce personnage bien construit et nuancé, riche, possédant des valeurs et un code de l’honneur qui lui est propre. C’est une vraie Héroïne, qui sait faire preuve de générosité et compassion, se bat pour la justice et la défense des opprimés. Certes rien d’original à première vue, mais totalement nouveau dans ce monde qui néglige son peuple. 
Son rôle d’élu et son fort tempérament, ses actions héroïques forcent l’admiration : celle du peuple, aussi bien que celle des rois, ou de ses ennemis, et celle du lecteur bien évidemment !

Le lien qu’entretient l’élue avec son anneau, très particulier et original, est bien mis en place. Elle l’appelle « Sauron » par dérision et on sourit à cette évocation. Si elle se sert de l’artefact, elle lutte également contre son influence. Celui-ci se sert de sa colère qu’il catalyse pour décupler ses forces, mais lui ôte toute limite et l’entraîne à tuer ses ennemis. 
Sasha éprouve des remords pour les meurtres qu’elle commet (même si justifiés par la bataille). Ce côté très humain et sensible de Sasha, la rend d’autant plus sympathique aux yeux du lecteur.
Pourtant, on se demande qui influence qui, de l’élue et de l'artefact.

La narration à la troisième personne, très bien menée, livre du point de vue de Sasha, ses émotions et interrogations, ses angoisses et sa détermination.
Si l’intrigue suit ses pas pendant une grande partie du récit, les points de vue se diversifient quand les événements finaux s’enchaînent. Ce changement demande un temps d’adaptation au lecteur, mais apporte des informations intéressantes sur les personnages secondaires.
La narration est vive, parfois rapide, alternant des scènes diverses entre combats, descriptions de l’univers et de l’état d’esprit du personnage. C’est tout de même l’action qui domine dans le roman.

Les personnages secondaires, également bien caractérisés s’avèrent tout aussi intéressants que notre héroïne Sasha. Les relations que celle-ci entretient avec eux, réalistes, évoluent, se renforcent en amitiés fortes et même en sentiments fraternels et amoureux : ils apprennent à se connaître entre alliances et traîtrises. 

L’univers du roman, pas forcément original, reste cohérent.
On découvre avec Sasha les cités et royaumes, leurs dirigeants, et même si certains deviennent des amis, elle n’oublie pas que la population reste la victime principale des guerres qui les opposent. Si elle participe aux batailles, c’est pour la défendre et limiter les dégâts, non pour prendre parti dans les batailles de pouvoir.
Dans cet univers rongé par la guerre, des temples, où sont conservés de précieux artefacts, apportent un élément original et crucial dans l’intrigue. L’auteur ajoute également une touche technologique avec des énergies particulières, entre vibration et pulsation : on découvre ainsi des vibrajets (moto de la couverture), des vibranefs etc…

En conclusion : j’ai adoré le personnage principal du roman (qui m’a d’ailleurs fait rire par ses réparties savoureuses), une femme forte et généreuse, une véritable héroïne sans qu’on ne tombe dans le cliché.
Mon seul bémol serait l’intrigue simple et un peu prévisible, mais l’auteur fait la part belle aux personnages et ce serait dommage de ne pas faire leur connaissance. Un roman SF avec une Vraie Héroïne, ce n’est pas si courant et je le recommande ! 
Merci au forum Au cœur de l’Imaginarium et à Rivière Blanche pour cette très belle lecture.




dimanche 31 janvier 2016

Dernières acquisitions 14

Il y a longtemps que je n'ai pas posté les derniers arrivés (des partenariats avec le forum au cœur de l'Imaginarium essentiellement, puisque les deniers livres étaient sous le sapin ...
Il manque juste Femme de vikings, mais je le prendrai en photo avec les futurs petits derniers, qui devraient arriver cette semaine.


J'ai fini Mémoires de Fanny Hill (chro dès que possible) et je viens d'attaquer Le crépuscule des rois, un début très prometteur. 

vendredi 15 janvier 2016

Journal d'une infection, de Roman H Grey



Résumé
Les zombies de Roman H.Grey ne mangent pas de cervelle humaine en avançant les bras tendus. Ils sont complètement ancrés dans la réalité et donc bien plus tragiques. 

Le ZCV, nouveau virus sexuellement transmissible transforme ses victimes de manière pernicieuse, autant physiquement que psychologiquement. 

L'ombre du sida rôde sur ce texte incisif et personnel qui offre une version fraîche du
 genre zombie.

Mon avis
Journal d’une infection est, comme l’indique le titre, le journal intime d’un malade. Le narrateur nous présente donc au fil du temps (à la première personne) l’évolution de sa maladie, ses symptômes, sentiments et émotions. Cette maladie s’avère bien spéciale puisqu’elle transforme les infectés en zombies. Pourtant, elle fait partie intégrante de la société: à l’hôpital, un service et des traitements spécifiques y sont consacrés. On dépiste le virus (qui est en fait une MST). On traite et soigne, dans la mesure du possible, les infectés. Les malades ne sont pas pour autant bien acceptés par la société, et plutôt rejetés et marginalisés. 

Notre narrateur apprend la nouvelle de sa maladie et passe vite du choc de la nouvelle, à la culpabilité, la colère et la honte, mais c’est une maladie qu’il a déjà affronté, car vu évoluer chez un de ses proches. Il sait que sa vie va changer, anticipe et prépare la suite des événements. La description de ses sensations et émotions se mettent en place naturellement, progressivement.

L’auteur se penche donc plus sur l’infecté (le narrateur) que sur l’infection en elle-même. Le narrateur aborde avec précision les symptômes auxquels il a déjà assisté et auxquels il va devoir faire face.
L’aspect surnaturel n’est donc pas vraiment exploité et aurait peut être pu l‘être un peu plus, pour donner du piment au récit. 
On apprend à connaître le personnage au fil du temps et de son journal, sa vie et sa situation familiale tendue. Le point de vue n’en est pas pour autant innocent pour le déroulement de l’intrigue et s’avère original. Il propose un traitement différent, plus humain, intime et moins spectaculaire, du phénomène de « zombification ». Le processus détaillé apporte un éclairage sur le vécu, sur le phénomène en lui-même. Par contre, la nature de la transmission, les ravages, la honte des infectés et le rejet de la société, les difficultés et douleurs engendrées par le traitement fait tristement penser à un virus de notre réalité.

Au fil des pages et du journal, on assiste au dégoût, aux angoisses du malade ainsi qu’aux changements dus à la maladie. Les secrets de familles se révèlent également et on en apprend un peu plus sur la personne que le narrateur a perdu.
Malgré les tensions qui l’opposent à ses parents, il décide de les revoir avant que les symptômes soient trop présents. Conscient de sa haine pour son père qui s’amplifie, il ne sait si elle est liée à la maladie ou à un agacement véritable. On comprend pourtant la vérité et le lien entre les secrets de famille et la perte de la personne qui lui était chère. Les pièces du puzzle se mettent en place. 

Le récit bien mené et le style fluide rendent la lecture du récit agréable, malgré sa gravité. On compatit aux angoisses du personnages, entre des souvenirs pénibles, un présent douloureux et des perspectives d’avenir peu réjouissantes.
Passée la surprise du point d’attaque adopté pour évoquer l’infection et les zombies, on plonge facilement dans l’histoire.
De plus, le narrateur alterne son récit sur ses états d’âme, son quotidien et les contraintes de son travail : il est un célèbre scénariste et garde en tête de finir sa tâche, tant bien que mal. Il l’achève et termine son journal par la même occasion. La fin arrive ensuite très logiquement. On l’attend avec le narrateur et l’accompagne jusqu’au bout de son voyage.

Je remercie le forum « Au cœur de l’Imaginarium » et les éditions « House Made of Dawn » pour cette agréable lecture.