lundi 17 avril 2017

Un site nommé désir, de Lou Borgia





Résumé

« Un site nommé Désir… » C’est le nom que Lou a donné au site qu’elle a créé avec Adèle – DJ dans une boîte de filles – et Victoire – qui rêve de gloire sur les podiums –, afin de parler librement de sexe entre jeunes. Côté coeur, il y a l’amoureux que Lou a quitté et qui continue à la harceler. Mais aussi Miss Mojito, une jolie Cubaine qui brûle de lui faire découvrir les plaisirs entre filles. Et, surtout, le mystérieux internaute qui reproche à Lou de ne rien connaître au désir et qui lui lance un défi : remettre au goût du jour le concept de flirt. Le programme ? Jouer avec le désir par tous les bouts, en s’interdisant d’aller jusqu’à l’orgasme. Et ne pas tomber amoureux…
À 26 ans, Lou a une imagination débordante et elle fantasme plus vite que son ombre. Quoi de plus excitant pour elle qu’un garçon qui joue à l’Homme Fatal, celui qu’on n’a pas le droit d’aimer ?



Mon avis

Avec « Un site nommé désir » ma surprise a été double en commençant ma lecture : 
- le personnage principal porte le même nom que l'auteur (ce détail ne m'avait pas frappé auparavant). On s'interroge un peu sur ce double emploi. Est-ce un livre inspiré de faits réels, de recherches , ou des fantasmes couchés par écrit par l'auteur ? Questions bien trop indiscrètes et indélicates pour que l'on pousse l'investigation plus loin, mais c'est vrai que cela effleure forcément l'esprit du lecteur. Tout ce que nous révèle l'auteure, c'est qu'elle ressemble à son personnage... Mystère !
J'avoue que j'ai été surprise de retrouver un concept peu original : un trio de copines qui échangent sur leur vie sexuelle. Je m'attendais à un récit plus mature, se centrant sur la relation sur le net. Le résultat aurait pu être indigeste (comme je l'ai souvent vécu : avec des lectures, la plupart du temps, bien vite abandonnées), mais ce fut loin d'être le cas avec ce roman. J'ai tellement été captivée par celui ci, que je l'ai lu bien rapidement. Les sujets abordés et situations sont variés, traités avec naturel et légèreté, mais sans pour autant survoler. L'auteure prend le temps de traiter différentes pratiques sexuelles ( lesbianisme et recherche d'une identité bi, l’exhibitionnisme, le désir, le plaisir, le BDSM, l'utilisation de sex-toys...) avec un certain réalisme même si sans être pointu. 



La narration se fait du point de vue de Lou à la troisième personne. On lit également des échanges de mails et textos entre les personnages. L'humour tantôt immature, tantôt ironique apporte un zeste de fraîcheur. Certaines situations font sourire, et parfois même franchement rire. Certaines sont carrément hilarantes. On frôle le ridicule, mais calculé et bien mis en place par l'auteure.
Le rythme se fait autour de chapitres courts, vite lus. On se dit « allez encore un... » et on se retrouve facilement en train de lire la moitié du bouquin d'une traite !



Lou est donc le personnage principal de ce roman. La jeune femme vient de rompre avec un petit ami jaloux et encore fort présent dans le récit (ce qui permet à l'auteur de traiter le principe de jalousie, normale et abusive). Au delà de son job alimentaire (testeuse de sex-toys), elle est administratrice du site « Un site nommé désir » avec ses deux amies Adèle et Victoire. Elle espère en vivre un jour, et s'évertue avec leur aide de leur faire vivre et le faire connaître.


Lou est jolie, peu sûre d'elle et dans le roman, enfin libérée de son « tyran », explore des pratiques sexuelles nouvelles, poussée par ses pulsions, mais aussi par un mystérieux internaute, qui lui propose un challenge sur le site : celui du flirt. Apprendre à se connaître, étape par étape, sans coucher, développer le désir et le différencier du plaisir, tel est le défi.


Lou personnage sympathique s'avère loin d'être parfait. Son côté égocentrique l'aveugle parfois dans ses relations avec ses amies, avec son ex et les autres personnages et cela lui vaudra quelques revers de fortune, qui heureusement restent finalement sans grandes conséquences (même si, de ce fait, la fin s'avère surprenante et savoureuse).


A travers ses yeux, on découvre ses amies Adèle et Victoire, deux jeunes femmes totalement différentes.


Victoire, franche, directe, sûre d'elle et de son corps, ne manque pas d'ambition. Elle utilise d'ailleurs ses atouts avec brio pour faire avancer sa carrière. Au contraire de Lou, elle manque d'imagination, ne fantasme pas. Il lui faut de l'action, si besoin un peu de technologie, mais surtout des regards attentifs sur ses prouesses. Reine de l’exhibition, elle aime se donner en spectacle avec son ex, Alex, mannequin bien doté par la nature, apparaissant bien souvent dans le roman : le charmeur de ses dames. 


Adèle, parait beaucoup plus secrète, toujours en jean et sweet shirt large, pour cacher ses formes pourtant avantageuses. Elle change son look et opte pour des tenues gothiques quand elle se rend au Pussykiss, boîte où elle est DJ (job alimentaire auquel elle tient). Quand elle demande à Lou de venir jouer le rôle de petite amie, pour décourager une belle Cubaine au sang chaud qui lui fait des avances, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. Lou succombe vite au charme de la demoiselle. Bien des complications s'ensuivent... pas forcément celles auxquelles on s'attend : l'auteure sait nous surprendre !


Le scènes et situations proposées sont chaudes, décrites en détail, l'ambiance bien campée, mais l'ensemble ne tombe pas dans le vulgaire. Les dialogues apportent leur lot de de mots crus (mais jamais trop) et d'expressions et de comparaisons amusantes. Pas de tabous ne viennent freiner les jeunes femmes et c'est tout à fait appréciable !


Je ferai cependant deux petits reproches au récit :
-Un petit manque de subtilité, car on tombe facilement dans la facilité (problèmes vite résolus, situations évidentes)
-la brochette de jolies filles et de beaux gosses chez les mecs : tout le monde est beau... Je comprends que cela fasse parti du fantasme, mais cela retire un peu de réalisme et les petits détails, petits défauts qui font le charme d'une personne. 



En conclusion, ce fut une lecture rafraîchissante, amusante, légère... presque un coup de cœur. En tout cas, elle va rejoindre mes lectures doudous (ces livres que j'aime relire une centaine de fois, par simple plaisir de retrouver les personnages et ici l'humour du récit). Une très bonne lecture au final, que je recommande aux amateurs du genre et aux personnes qui voudraient se lancer. Merci Au forum Au cœur de l'Imaginarium et aux éditions La Musardine.

lundi 3 avril 2017

Dimension fées, de Collectif





Résumé

Anthologie de nouvelles présentées par Chantal Robillard.

Textes de Olympia Alberti, Jean-Pascal Ansermoz, Christiane Baroche, Ugo Bellagamba, Pierre Bordage, Elizabeth Chamontin, Muriel Chemouny, Henri Etienne Dayssol, Philippe Di Folco, Pierre Dubois, Sylvie Durbet-Giono, Estelle Faye, Patrick Fischmann, Claudine Glot, Joel Henry, Emmanuel Honneger, Olivier Larizza, Jacques Lovichi, Hélène Marchetto, Sybille Marchetto, Roland Marx, Chantal Robillard, Joel Schmidt, Hervé Thiry-Duval, Françoise Urban-Menninger et Bernard Visse.
Nouvellistes, conteurs, poètes, journalistes ou chercheurs, et même un elficologue et un féericologue, tous de styles variés, vous feront ici découvrir leur vision des fées, intemporelles ou actuelles. Oui les fées existent, en tout cas ici !

Car cette anthologie vous propose une lecture-promenade buissonnière à travers les époques, les frissons ou les rêves... Vous y rencontrerez des fées du logis ou des champs, des Carabosse insolites, des dames de fontaines ou de stations d'épuration, du désert ou des forêts, des Restos du coeur ou des étoiles... Des fées virevoltantes, bienveillantes ou vengeresses, mais aussi des "fées mûres", des pandas, du lierre grimpant... Pas de raton laveur dans cette anthologie, mais un enchanteur : le grand Giono, vu par sa fille.

A déguster sans modération, l'abus de lecture ne faisant de mal à personne !




Mon avis

Dès la préface, on comprend que « Dimension Fées » est une anthologie qui valorise la diversité : diversité des auteurs et des points de vue. On y rencontre des écrivains, novellistes, conteurs et poètes, dont l'influence se veut plutôt traditionnelle ou plus moderne, voire mixte. Même si tous connaissent les fées et leur univers (de près comme de loin, qui n'a pas un minimum de connaissances sur le sujet ? Les clichés abondent, les informations plus culturelles aussi, mais l'anthologie recèle des spécialistes, des passionnés), les approches de chacun diffèrent et offrent au lecteur des textes qui se rejoignent où s'opposent sur certains points.
Certains se focalisent dans le récit sur les fées, d'autres sur les personnages, jouant sur la narration, variant soit à la première ou à troisième personne. En effet, les plumes s’adaptent au besoin de l'écrit: toujours fluides et agréables à la lecture, au langage soutenu ou plus familier, mais ne tombant pas dans l'excès.

Les fées prennent donc des formes variées et deviennent un peu plus accessibles aux hommes (sauf exception). Leur côté sacralisé disparaît, même si leur dimension reste toujours supérieure à celle des humains. Leur pouvoir, quel que soit sa forme, ne disparaît pas et elles choisissent leur manière de se manifester : des simples ombres à l'amante secrète. De même en va avec les hommes concernant leur intérêt pour leur existence. Sauf exception, elles attirent le regard, la sympathie.

Dans le monde moderne, elles semblent plus proches : que ce soit une fée, œuvre du diable qui vient en aide aux pauvres, à la sœur bien aimée (le fantôme, la sœur fée) qui œuvre pour la liberté du personnage. Les fées peuvent également se montrer sans pitié quand on ne croit pas en elles,ou hors de portée quand on cherche à déceler leurs secrets. Le choix d'une vie humaine, près de l'être aimé peut également les priver du statut féerique.
La vision plus traditionnelle décrit les fées, plus fidèles à notre culture et à certains clichés, que l'on reconnaît alors plus facilement : belles et gracieuses, mystérieuses.

La frontière entre le monde réel et le monde féerique s'avère plutôt trouble dans les récits, tout en restant inaccessible. Le peuple des fées n'ouvre pas les portes de son monde au premier venu. Que ce soit en refuge ou en rêve, la frontière pourtant mince se clôt aux non-initiés. Il faut croire, savoir le reconnaître et il faut être raffiné, différent, proche des leurs et de leurs coutumes sans doute, pour découvrir leur existence, ou leurs domaines et secrets bien gardés.
Parfois, il est inutile d'entrer dans le royaume des fées ou de connaître son peuple mystérieux :on peut faire de sa vie un conte de fée, ou tout simplement être la fée de quelqu'un.

L'ambiance et les descriptions sont bien mises en place dans chacun des récits. Du franc parlé, en passant par le récit traditionnel, conté de manière teintée d'humour ou plus sérieux, aux jeux de mots, à la poésie, l'anthologie fait le tour de divers styles, nous fait voyager dans des lieux et dans le temps de manière fort agréable.

La conclusion, récit à part entière, permet à la fée à l'origine de l'anthologie de nous faire découvrir les auteurs et éditeurs, sous l'esprit vif de sa plume. Une fin glougloutante bien amusante...
De toutes les nouvelles, poésies et contes lus, j'avoue une affection particulière pour la fée Mélangette, bien ancrée dans notre quotidien et faisant preuve d'un soutien concret, réel. Certes, on perd le côté féerique, mais j'apprécie son état d'esprit. Sinon, j'ai aimé les textes de manière inégale, trouvant mon bonheur aussi bien dans les plutôt modernes ou plus traditionnels. Monsieur Paul, qui trouve refuge dans les Roches Longues (sanctuaire de nature) parmi les ombres, m'a également touché.

En conclusion, j'ai découvert en « Dimension fées » la diversité promise, des textes de qualité. Chacun peut y trouver sa perle rare : il y en a pour tous les goûts. Je remercie le forum « Au cœur de l'Imaginarium » et les éditions Rivière Blanche pour cette découverte intéressante.

dimanche 2 avril 2017

Tome 3 des Dames de Riprole : L’Épervier de l’Espoir, d'Eve Terrellon


Résumé

Marqué par la guerre et avide de vengeance, Arnault, fier seigneur de Riprole, a longtemps vécu en chevalier, jusqu’à ce qu’un drame l’oblige à reprendre le titre et la fonction de chef de famille. Mais voilà qu’en ce début de printemps 1418, un espoir insensé l’incite à croire que le frère qu’il pensait mort est toujours vivant. Retrouver Eudes devient sa priorité, et peu importe si pour cela il doit s’enfoncer en territoire soumis aux Anglais.

Voyageant sous une fausse identité, son périple se heurte rapidement à celui de Judith, qu’un chantage sordide a rendue veuve et accusée de sorcellerie. Réunis malgré eux, les deux jeunes gens se portent mutuelle assistance, mais leur alliance sera-t-elle suffisante pour contrer Jean de Hodes, leur ennemi commun et prévôt de Calais ?


Mon avis

Après avoir lu les deux premiers tomes de la série « Les dames de Riprole », j'attendais de lire la suite avec une certaine impatience et une curiosité d'autant plus vive, sachant qu'elle allait concerner Arnault, le chevalier charismatique.
Arnault est le frère d'Isabelle et Béranger, le seigneur secret et froid, laissant la priorité aux responsabilités et ne comprenant que peu celles du cœur. Intriguée, je me suis donc lancée dans la lecture.

Arnault croule sous les responsabilités, mais n'hésite pas à confier les rênes de son domaine et la charge de sa famille à Tristan, son beau frère, afin de se lancer dans une quête bien difficile : celle de retrouver son frère qu'il a longtemps cru mort. Il part vers Calais, territoire appartenant à l'ennemi anglais pour chercher des informations. C'est sa responsabilité de frère qui le pousse, mais aussi et surtout sa culpabilité. Dans ce troisième volet de la série, on apprend les souvenirs et les remords qui rongent le chevalier. Ce passé douloureux explique son caractère emporté et peu chaleureux, voire égoïste, cruel et grossier.

Sur son chemin, Arnault rencontre Judith et la sauve d'un tragique destin et d'un ennemi commun : l'ignoble Jean de Hodes. Judith, jeune veuve et guérisseuse, possède un caractère assez contraire au chevalier, puisqu'elle s'avère souple et généreuse, prête au sacrifice quand le destin l'exige.
Si celui ci est séduit pas la belle rousse (son point faible en matière de femmes), il résiste à lui ouvrir son cœur (la porte semble fermée et bouclée à double tour).

Judith, vite attirée par le jeune homme, ne se ment pas quant à ses sentiments pour Arnault. Il faut pourtant bien des épreuves pour franchir les défenses de celui ci. Sa souplesse de caractère, son courage et sa patience l'aideront pourtant à l'atteindre. Elle sait contrer ses attaques et les coups bas.

Du courage, les deux jeunes gens n'en manquent pas dans le récit, car bien des aventures et désagréments les attendent. Jean de Hodes les guette aussi au tournant, avec toute la haine et le ressentiment qui le caractérisent.
On trouve cependant d'autres points communs qu'ils partagent : leur assurance et leur arrogance face à l'ennemi. On connaît celle d'Arnault, mais Judith s'avère avoir autant de répondant et de répartie, que ce soit face à eux ou face à lui, mais dans ce cas teintée d'une douce ironie...
Leur relation se fait plus adulte que celles partagées dans les premiers tomes. On retrouve de la sensualité, mais aussi deux personnages qui ont du vécu, des souffrances et des désillusions derrière eux. Encore une fois, l'auteure, Eve Terrellon, a su équilibrer leur relation à merveille et celle-ci ne manque pas de piquant. On s'attache aux deux personnages sans mal, tout comme dans les premiers tomes. Leur évolution reste subtile, mais bien présente, et ravit le lecteur.

Plus on avance dans la série, plus on sent l'importance du contexte historique. La « rivalité » avec les Anglais devient prégnante, imbriquée dans l'intrigue amoureuse. Dans ce contexte difficile, on se prend à avoir peur pour Arnault et sa famille, tout autant qu'on espère pour le frère disparu. En effet, les duperies et traîtrises ne manquent pas. Elles impliquent des événements survenus dans les premiers volumes. Bien sûr, on peut lire ce troisième tome indépendamment, mais ce serait dommage de ne pas savourer l'évolution de toute la famille à travers la série.
Tout comme pour les premiers tomes, le récit s'avère prenant, Arnault et Judith se partageant chapitre après chapitre la narration. Cela permet de comprendre leurs états d’âmes et émotions, l'évolution de leur relation de chaque point de vue. Le style fluide et juste reste toujours agréable : une bien belle plume gardant sa stabilité.

Ma lecture de ce troisième tome fut donc excellente et c'est avec plaisir que je lirai la suite ! Je l'attends même avec impatience. Je remercie le forum Au cœur de l'Imaginarium et les éditions Lune écarlate pour m'avoir permis de lire la suite de cette série « coup de cœur ».