mardi 28 février 2017

Cheveux de feu, de Sylvie Wolfs



Résumé

Une épopée pleine de vent, de fureur et de mystère. Une quête de liberté et d'identité. Une histoire de courage, celui d'une femme flamboyante et rebelle. Mais plus que tout, une grande histoire d'Amour qui marquera à tout jamais une légende à naître : celle de la Femme-Louve.
Violente et flamboyante, telle est l’écriture de Sylvie Wolfs, telle est cette saga.
Jamais l'Irlandaise et le Sioux n'auraient dû se rencontrer. Entre eux, un océan. Des océans... 1845. Jewell O'Connor et Zuzeca Cik'ala Iyasni ne sont encore que des enfants, mais déjà ils luttent pour leur survie dans un monde qui s'effondre. Pour elle, la famine. Pour lui, la guerre. Pour eux deux, la barbarie.
Au fil des bonheurs, des apprentissages, des drames et des épreuves, ils cheminent l'un vers l'autre. L'Irlande de la Grande Famine, le New York des gangs, l'Amérique de la conquête de l'Ouest, les grandes plaines sauvages et ses tribus indiennes.



Mon avis


Dans son roman « Cheveux de feu - La légende de la femme Louve », Sylvie Wolfs nous présente deux personnages, issus de deux milieux différents, mais que le destin va réunir. Rien pourtant ne s'y prête : aucun lien entre Jewel et Petit Serpent Immobile, issu d'une tribu indienne.
Même si la vie leur apprend la perte et la douleur, leurs univers et cultures totalement différents les séparent. Pourtant tous deux se montrent courageux face aux épreuves de la vie. Celle de Jewel s'avère beaucoup plus sordide. Entraînée dans un monde de misère et de prostitution, elle ne peut compter sur sa mère, femme mauvaise et jalouse, qui s'arrange pour la briser. Petit Serpent immobile, de son côté, peut toujours compter sur sa tribu pour le soutenir, cela malgré les pertes d'être chers et la souffrance.

L'auteure met bien en place l'ambiance pour décrire la vie des deux jeunes gens et apporte du réalisme dans le récit. S'attacher à eux n'est pas difficile : on tremble pour Jewel, souffre avec elle et on découvre avec plaisir la culture et les coutumes du jeune sioux. Les émotions distillées dans des moments simples de la vie quotidienne, bonnes ou mauvaises, apportent d'autant plus de crédibilité à l'ensemble.

Le roman déroule, devant nos yeux, la vie des deux personnages. Le parallèle entre eux amène le lecteur à se demander où va le récit, si les deux jeunes gens vont se rencontrer enfin. Les conflits entre Américains et Indiens (bien présentés et nuancés, ce qui fut appréciable à la lecture, même si on ne peut que prendre parti pour les personnages et les tribus indiennes) vont les réunir dans la lutte.

Jewel devient « Cheveux de feu ». La jeune fille, anéantie mais courageuse, qui a dû faire face au pire, devient vite essentielle, redoutable et intrépide au sein de la tribu : une femme sur laquelle on peut compter. L'évolution de celle ci à travers le récit s'avère la plus poignante. Elle trouve parmi les indiens son rôle, celui qu'elle doit jouer et qui lui rend sa dignité perdue. C'est une renaissance.
Dans ce sens, la couverture illustre bien cette transformation.

Le quotidien parmi les indiens nous révèle également leur respect de la vie et de la nature, leur perception de ce qui est sacré. Ils savent prouver leur code d'honneur et leur bravoure. Même si on connaît l'issue fatale (pas de suspense sur ce point, même si l'auteure ne l'évoque pas par respect et cohérence pour le récit), on se prend à espérer à une variante plus heureuse de l’histoire, éprouvant une nostalgie pour cette culture et cette sagesse perdue.

Le récit fluide emporte le lecteur avec facilité. Le style riche et précis se révèle poétique. La plume agréable de l'auteure apporte un plus indéniable à une intrigue déjà riche et intéressante.

En conclusion, j'ai tout aimé dans ce ce roman : les personnages, l'ambiance et le style. Même si l’intrigue prend le temps de réunir Jewel et Petit Serpent, leur infligeant bien des mésaventures et pertes, on apprend à les connaître et les apprécier. La force de Jewel et la culture indienne sont les deux points qui m'ont le plus transportée dans l'histoire. Le récit fut d'autant plus agréable à la lecture, grâce au style riche et poétique.
Une excellente lecture au final, et même un coup de cœur.
Merci au forum Au cœur de l'Imaginarium et aux éditions L'Ivre-book pour cette très belle découverte.

mercredi 8 février 2017

Dimension Sidération, de Collectif


Résumé

Né de l'imagination de Serge Lehman, dont l'un de ces recueils porte le titre, La Sidération attire de nouveaux auteurs, comme le prouve cette anthologie dirigée par Noé Gaillard.

Vous avez, un jour, été complètement stupéfié par quelque chose auquel vous n'aviez absolument pas pensé, que rien, jusque-là, ne vous avait préparé à admettre, à envisager... A moins que, comme le personnage de la première nouvelle ici proposée, vos préoccupations ne vous aient tout simplement fait accepter cet "impensé" pour du normal... du convenu implicite... Ainsi, on peut trouver sidérant aussi bien ce que l'on n'avait pas imaginé, que l'incapacité à imaginer. Alors, surgissant des ténèbres, de l'au-delà de la nuit, l'auteur vous offre de quoi être stupéfait et vous aide à imaginer son monde pour qu'au gré de la lecture, plus rien de ce qui est raconté ne vous surprenne... pour de douces sidérations.


Mon avis


Dès la préface, le ton humoristique introduit l'ironie que l'on retrouve dans l'anthologie : ironie caricaturale ou plus dramatique, selon l'histoire lue.
Elle apporte également des éléments d'informations sur le thème de la sidération : ce qui est stupéfiant, que l'on trouve difficile ou incapable à imaginer. Elle invite alors le lecteur à entrer dans le récit et à se laisser porter par le texte. On comprend bien mieux l'implication de ces conseils à la lecture de l'anthologie.
Comme pour chaque édition des anthologies « Dimension... » chez Rivière Blanche, les nouvelles sont présentées avant la lecture, pour préparer le lecteur. La présentation de l'auteur reste située à la fin et n'alourdit pas l 'ensemble.

La narration des nouvelles proposées se fait largement à la première personne. Dans l'une d'elle, le mélange de la première et troisième personne prend son sens. Quelle que soit la narration adoptée, elle est choisie avec logique et stratégie. Le but reste d'emmener le lecteur, de lui faire perdre ses repères en même temps que le personnage, voire jusqu'à la folie. Le doute est toujours permis à la première personne, celle de la vision rapportée du personnage. Il piège le lecteur, l'emmène dans la fiction, l'installe dans la sidération.
Les personnages possèdent un rythme différent. L'immersion peut être directe ou il peut mettre du temps à se dévoiler, de manière naturelle, par jeu, pour faire durer le suspense.
La plume des différents auteurs, toujours fluide, se révèle parfois plus riche, et même poétique.

Faire entrer le lecteur dans la sidération, c'est aussi le mener au sein de la fiction, lui faire accepter l'anormalité, l'irrationnel comme la réalité. 
Les nouvelles de SF ou fantasy s'appuient sur des descriptions détaillées et un vocabulaire bien précis, pour rendre le récit visualisable, vivant et réaliste.
Les mises en situations bien amenées entraînent dans des intrigues mystérieuses, caricaturales, parodiques. Parfois, le lecteur tombe dans un délire bien construit, ou alors n'ayant ni queue ni tête et restant agréable à la lecture. Ce gentil fouillis, parfois noyé sous une profusion de personnages, plaît, même si le sens peut vite échapper au profit de l'incompréhension. C'est totalement subjectif, selon le lecteur : la magie ou plutôt la sidération prend ou non.
Dans cette logique, on retrouve également deux histoires, où des segments de récits sont imbriqués de manière aléatoire, tout en restant logiques : un puzzle intéressant à reconstituer (il faut juste s'accrocher pour suivre le fil)

L'ironie se retrouve donc dans la narration, mais également dans le retournement de situations ou des rôles des personnages (stéréotypes inversés), tout à fait plaisants à la lecture. 
Ce retournement se retrouve également au niveau de l'intrigue, dans les chutes proposées qui bien souvent servent à surprendre et sidérer le lecteur (et souvent le personnage). Il confère la dimension surréaliste (sidération) de l'intrigue et des nouvelles. Parfois, la chute ne vient pas malgré l'attente et il semble manquer quelque chose, même si le récit reste sympathique à la lecture. 
Mais quand elle tombe, qu'elle soit la grâce de Dieu (ironie inside, Dieu possède un bon sens de l'humour (noir) visiblement), ou pour la plupart une bonne dose de mystère, elle s'avère le plus souvent parfaitement réussie.

La sidération s'insinue également dans les nouvelles, de façon plus précise.
Des entités (ennemies ou alliées) défient l'imagination par leur forme, leur nature, leur originalité. Qu'elles soient créatures extra-terrestres, ou à l'échelle d'une planète, d'un système, ou simples anomalies dans la « réalité », elles diffèrent de tout ce que l'on peut connaître, sidèrent ou causent l'état de sidération (de pétrification). Les symptômes des personnes sidérées divergent selon les situations, mais se rejoignent sur le plan clinique (la définition médicale de sidération).
On aime visualiser comme dans un film les créatures hors normes, éloignées de tout ce qui semble conventionnel, défiant même les limites de la fiction. La réalité s'efface et c'est bien un voyage en Dimension Sidération qui transporte le lecteur. L'efficacité de l'évasion annonce un retour difficile à la réalité pour les personnages, comme pour le lecteur.

En conclusion, les nouvelles de l'anthologie Dimension Sidération m'ont touchée de manière inégale : très fortement pour certaines, moins pour d'autres, voire pas du tout, pour celles à côté desquelles je suis passée (ce n'est que subjectif, ce peut être mon inculture sur certains sujets qui est en cause ici). 
Ce n'est pas une anthologie entièrement accessible et encore de façon très subjective, mais tellement fascinante qu'il ne faut pas passer à côté.
De très bonnes lectures au final ! Je remercie Rivière Blanche et Au cœur de l'Imaginarium pour cette très intéressante découverte.