jeudi 30 avril 2015

Le secret du fleuve d'Eve Terrellon



Résumé
Cruellement affecté par une épreuve, Yann quitte Paris et se retrouve au Brésil où l’attend un nouvel emploi. Il va s’investir auprès des dauphins des rivières avec lesquels il noue rapidement une relation étonnante. La découverte d’un milieu parfois hostile amène Yann à croiser la route du mystérieux Celio, vers lequel il se sent irrésistiblement attiré.Ignorant les préférences sexuelles du beau baroudeur, et redoutant surtout de s’engager, Yann lutte contre ses sentiments. Pourtant, deux raisons motivent l’intérêt du Brésilien pour lui, et il n’est pas près d’arriver au bout des surprises.Ce texte d'Eve Terrellon, tient du roman et du conte.

Mon avis
Yann est trompé de manière cruelle et violente par Dominique, avec qui il pensait être dans une relation sérieuse. Trahi, brisé et démoralisé, il part mener une étude sur des dauphins au Brésil. Il y rencontre le mystérieux Célio.
Nous le  suivons donc dès le début du récit et si l'auteure alternera par la suite les points de vue, il restera toujours au centre du récit. La trahison dont il est victime conditionne l'histoire de ce garçon sensible. Sa blessure le rend méfiant et à fleur de peau. Eve Terrellon a su insuffler cette détresse, cette fragilité, sans en faire de trop et rend ce personnage très attachant.
Célio de son côté est un bel aventurier plein de charme et de mystères. On apprend à le connaître et à l'apprécier aussi, notamment pour sa sagesse et sa patience.

Si Yann craque immédiatement pour Célio, sa méfiance et son manque de confiance l'incitent à se contenter d'une relation platonique. Il accueille les moment partagés avec lui simplement, comme ils viennent, sans espérer plus. Quand Célio lui montre de l'intérêt et tente de le séduire tout en douceur, il prend son comportement pour un jeu cruel. Il se demande s'il ne joue pas avec ses sentiments, car si Célio sait interpréter les regards que lui lance Yann, Yann lui ne sait pas du tout où il en est. De plus, si Célio lui demande de se livrer, il garde sa part de secrets.
Ces secrets font partie intégrante de la personnalité de Célio. Ils lui confèrent une touche de mystère. Mais, si Yann n'est pas insensible à celle ci, il n'apprécie pas non plus qu'on lui cache des choses. (Ce qu'on peut comprendre, quand on connaît sa malheureuse expérience avec son ex.)
Les deux hommes vont devoir parcourir du chemin pour se comprendre pleinement l'un l'autre et enfin vivre heureux.
Ce parcours semé d’embûches ne manque pourtant pas de bons moments. La tactique de séduction de Célio est à la fois progressive, tendre et sensuelle. Il sait exactement ce qu'il veut et cherche avant tout à briser la carapace que Yann s'est fabriquée et à guérir ses blessures, pour gagner pleinement sa confiance et ce n'est pas chose facile.
Cependant, malgré leur amour, les malentendus ne manquent pas. L'auteure sait jouer avec nos sentiments, aussi bien qu'avec ceux du couple.

La touche fantastique apportée au récit reste sobre, mais juste. J'ai beaucoup apprécié la teinte apportée par son utilisation. La nature y joue un rôle important et la communion de Yann avec la faune et la flore amazonienne captive le lecteur. Elle passe le plus souvent par sa complicité avec les dauphins, mais prend également d'autres formes plus subtiles.

Le style d'Eve Terrellon est fluide, très agréable à lire. Elle prend le temps de poser les personnages, l'intrigue amoureuse et la touche fantastique qui entoure le récit. L'histoire est progressive, crédible et captivante. Un plaisir à lire du début à la fin.
 « Le secret du fleuve » est donc une très belle romance M/M qu'on dévore avec plaisir. J'ai adoré la touche fantastique et de mystère, mais aussi la sensualité qui enveloppent le récit. Une excellente lecture au final, que je vous recommande.


Comment transformer votre mec en Brad Pitt en 30 jours, de Marie Minelli


Résumé
Il vous arrive de fermer les yeux en pensant à Brad Pitt quand votre chéri vous fait l’amour ? Allez jusqu’au bout de la démarche : transformer le VRAIMENT en Brad Pitt ! C’est ce que vous propose Marie Minelli dans ce programme condensé et ultra efficace de 30 jours : sexualité, beaugossitude, look, galanterie et tout ce qui distingue Brad Pitt du commun des mortels n’aura plus aucun secret pour vous. Et si l’entreprise échoue, vous pourrez au moins en rire, seule ou avec lui. C’est d’ailleurs l’unique but de ce petit livre rigolo… mais qui dit quand même des choses vraies !

Mon avis
Comment transformer votre mec en Brad Pitt en 30 jours est un petit livre de Marie Minelli qui se propose de donner des avis et conseils, évidemment complètement décalés, en se basant sur deux stéréotypes bien ancrés. D’un côté, Brad Pitt, image idéalisée de l’homme, présenté dans le livre comme parfait sur tous les plans… évidemment, c’est Brad Pitt, objet des fantasmes, mais pas des miens. Je tenais à le préciser en ce début de chronique : je le trouve physiquement assez insignifiant (désolée pour les fans). Cela n’a cependant pas endormi ma curiosité, puisqu’il s’agit bien ici de l’exploitation de son image et d’un fantasme. L’auteur le précise d’ailleurs, remplacez donc Brad Pitt par celui que vous souhaitez et le tour est joué. L’homme idéal semble d’un coup bien interchangeable. D’un autre côté, vous avez donc le mec à transformer selon vos idéaux. Là, je m’avoue bien dépourvue, mais ça ne m’a pas empêchée de jouer le jeu et de continuer ma lecture. Je me suis même sentie presque soulagée parce que sérieusement, Jean-chéri (surnom donné au mec à transformer et nommé ainsi dans l’ensemble du livre) a tout du gros bof et cumule bien des clichés: imaginez-vous le mec qui passe son temps entre foot et console, vous traite comme une boniche, fait preuve d’un mauvais goût et d’un sans gêne à toute épreuve. Il est de plus raciste en plus d‘être macho. Bref, soyons clair : Jean Chéri est complètement à l’opposé de l’idée que l’on se fait de « Brad Pitt » et du prince charmant.
Vous le comprendrez donc, ce petit livre a tout de la parodie et reste à prendre au dixième degré . L’humour y est simple et décapant, parfois un peu bateau et frôlant le cynisme tant les clichés sont sur-exploités. Si on arrive à passer outre, on arrive toutefois à s’amuser. 

Le livre suit une progression dans le temps. N’oublions pas que l’on n'a que 30 jours et vu l’état de Jean Chéri, ça fait peu. A chaque jour, son conseil et la touche Brad Pitt qu’il faut enseigner à Jean Chéri d’amour. On propose de le remodeler, de le relooker, de changer son image, de le refondre en un Brad sans doute au final bien imparfait, mais quand même plus appréciable que le Jean Chéri de départ et qu’un Brad Pitt trop parfait, justement. Plusieurs rubriques jalonnent ce parcours du combattant : ce qui est Brad, ce qui ne l’est pas, ce que dit Brad, ce que dit Jean chéri, ce que fait Brad, ce que fait Jean Chéri… le tout assorti en image, ponctué de questions de lectrices en détresse, toujours avec humour, même s’il nous fait parfois grincer des dents. 
Si Marie Minelli donne le conseil de rester avec son Jean Chéri d’amour, plutôt que de rêver à un Brad Pitt inaccessible et sans doute très pénible (preuve à l’appui), j’avoue que personnellement, je conseillerais de fuir l’un et l’autre…
Sous couvert de l’humour, ce petit livre donne une image quand même négative et clichée de l’homme et de la femme. Certes, les fantasmes font parti de la vie et les imperfections tout autant, mais un peu de nuances et moins de facilités n’auraient pas gâché l’humour sous-jacent.

En conclusion : même si Comment transformer votre mec en Brad Pitt en 30 jours manque de nuances et de finesse, c’est un livre divertissant, à lire en couple ou à plusieurs pour une bonne partie de rigolade. Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions La Musardine pour ce plaisant moment de lecture.


mardi 28 avril 2015

Fées et elfes

"Fées et elfes" sont à l'honneur sur le forum "Au cœur de l'Imaginarium" (lancement de l'événement ici ) pendant les mois de mai et juin et j'ai bien l'intention d'adapter ma pal pour l'occasion. J'ai hâte d'explorer différentes visions des fées et des elfes.

J'ai déjà préparé une bien jolie Pal pour l'occasion. Des relectures, des livres qui m'attendent depuis trop longtemps dans ma bibliothèque et quelques découvertes.

Ma PAL:



         

         

      
  


Dans ma wish list :



en revenir aux fees

lundi 27 avril 2015

Dernières acquisitions 9

J'ai reçu un colis ce matin, rempli de livres, évidemment. Et, je remercie Jean Michel Archaimbault pour sa confiance et sa gentillesse. Merci également pour les supers dédicaces !

Découverte en images :


 Résumé de "Seentha"
Voici l'histoire d'un jeu cruel aux dimensions du cosmos, et d'une damnation éternelle.
L'histoire d'un voyage au bout du désespoir qui emmènera Gottfried Falkenberg des mers de la Vieille Terre aux océans du ciel et aux arrière-mondes où des dieux malades écrivent, en lettres de sang, la tragique destinée de leur Création.
L'histoire, parsemée de faux-semblants, d'une quête infinie, la recherche de l'idéal féminin, du Visage et de SEENTHA



Résumé de "Requiem pour âme d'ombre

"La Fée Noire... Un vrai cancer mental !
Des ondes négatives et destructrices émanaient de ce monstre. Des vagues de terreur pure, glaciale, paralysante.
L'homme en était arrivé à un point que je ne connaîtrais jamais. Il ne savait plus sortir de l'impasse dans laquelle, en jouant, je l'avais conduit à s'enfermer. Il avait essayé de fuir en composant des images transfigurées, abstraites, pour tenter d'y voir plus clair en lui-même. Mais il n'en avait que replongé, et plus profond encore."
Soudain, l'été 1989. L'été d'incertitude…
Il peut suffire d'un rien à des hantises oubliées et à des fantasmes enfouis pour remonter à la surface. Alors, un désir inaccessible exige son aveu. Des rêves sûrement cryptés imposent leur récit. Des lieux connus depuis l'enfance demandent à se dévoiler dans le prisme d'un imaginaire parfois traumatique. L'envie de fuir n'importe où, hors du monde, cherche à s'exprimer dans toutes les nuances de l'angoisse ou de l'étrange. Puis tout un équilibre menace de se rompre. 
Mais quel sera le terme de ce voyage au bout de la nuit ? Les ténèbres des abîmes, ou un chant de REQUIEM POUR ÂMES D'OMBRE... ?



N'accusez pas le ciel dont est inspiré "Katorga" (chronique ici)

J'ai hâte de pouvoir me plonger dedans. Chroniques à venir...

Sutures, de Frédéric Livyns




Résumé
Recueil de nouvelles horrifiques préfacé par Marc Bailly.
Qu’est-ce qu’une vie?
Des fragments de temps que l’on essaie d’agencer à notre convenance ?
On a beau essayer d’agir au mieux, on ne dispose jamais de toutes les cartes.
Tout ce qu’on a créé peut être balayé d’un revers de main du Destin.
Quoi que l’on fasse, la souffrance et la mort ne sont jamais bien loin.
Elles guettent le moindre de nos faux-pas afin d’imprimer dans notre chair et notre esprit des cicatrice indélébiles.
Des sutures que nous nous efforçons de cacher…

Mon avis
« Sutures » est un recueil de nouvelles fantastiques écrit par Frédéric Livyns, qui nous conte avec talent, comme nous l’indique Marc Bailly en préface, chacune de ces histoires. En effet, ces nouvelles sont bien écrites, avec des personnages bien caractérisés, des descriptions et atmosphères toujours bien transcrites. L’auteur sait nous entraîner dans leur intrigue, nous laisse faire connaissance avec le personnage, son caractère, ses habitudes, son quotidien avant que le surnaturel n’entre en scène, de façon plus ou moins progressive et spectaculaire selon les nouvelles. Ces personnages sont nombreux et différents: cela va du flic détestable à l’adolescente, en passant par le concierge, le détective, la jeune fille accompagnée de ses amis, le père de famille, le petit garçon. Ce sont des personnes pleines de vie, mais parfois amères, violentes ou innocentes que la faucheuse vient chercher de manière plus ou moins cruelle, plus ou moins sanglante.
Dans ces nouvelles, l’auteur amène souvent une chute finale pour surprendre ses personnages et le lecteur. Et, ce sont toujours les ténèbres qui viennent les clore. On ne peut dire qu’elles finissent bien ou mal, mais comme elle le doivent : elles suivent avec fatalité leur logique implacable. En effet, Sutures, loin d’être un recueil joyeux, comme le laisse entrevoir la couverture, se lit plutôt à la lueur d’une lumière tamisée, dans la solitude et le calme absolu, pour savourer l’intrusion du surnaturel et des ténèbres qui se déversent par flots continus.

L’auteur varie chaque fois la narration de ses nouvelles. Que ce soit première ou troisième personne, il prend soin de rester suffisamment proche pour permettre l’immersion du lecteur, pour qu’il puisse partager la surprise ou confronter l’horreur. Quel que soit le personnage choisi, il sait s’adapter et optimiser le point de vue mais aussi le style, pour parfaire leur caractérisation. Il réussit à capter le lecteur, même pour une courte durée, car cette immersion reste toujours précédée d’une découverte détaillée de leur quotidien, mais aussi par une description soignée de leurs sentiments et émotions.

Les situations proposées par Frédéric Livyns augmentent le sentiment de malaise du lecteur, car elles sont tout à fait plausibles. Elles s’insèrent dans un quotidien qui pourrait être le notre ou celui que l’on lit dans les fait divers. Certaines situations s’inscrivent dans la noirceur, comme par exemple ce petit garçon, dont le père est violent. D’autres évoquent un quotidien plus banal, dont la fin est abrupte, comme cette adolescente ou ces hommes qui comprennent qu’il est trop tard et que la mort les a cueillis sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Dans d’autres, de malheureuses rencontres, de sorcières ou démons, ou autres créatures terrifiantes font virer l’histoire au cauchemar.
Le recueil semble suivre ces trois directions comme fils directeurs et les nouvelles se fondent sur ces différents axes. De plus si certaines sont basées sur un surnaturel plutôt classique, d’autres sont plus sanglantes, voire plus abouties. Pourtant, le sentiment d’angoisse reste toujours présent pour chacune d’entre elles.
Même si ces différents thèmes forment la cohérence du recueil, celui ci se caractérise tout de même par la diversité de ses personnages et des contextes abordés.

En conclusion, j’ai dévoré en une seule fois ce recueil riche par sa diversité, et sa qualité d’écriture, sans éprouver la moindre lassitude. A noter que le recueil a remporté le prix Masterton 2015 (catégorie nouvelles). Je remercie le forum « Au cœur le l’imaginarium » et « Les éditions Lune écarlate » pour cette belle et effrayante découverte.

dimanche 26 avril 2015

Sir Terry Pratchett à l'honneur: retour sur mes lectures.

Mon entrée dans l'univers de Terry Pratchett s'est faite par la lecture du 35 ème tome des annales du disque monde. Pas très pratique pour une entrée en matière, mais je souhaitais participer à la lecture commune organisée sur le forum "Au coeur de l'imaginarium". Difficulté supplémentaire, j'ai choisi de le lire en VO pour profiter pleinement du style de l'auteur.

Déraillé

Raising stream
Par-dessus le raffut, Henri Roi brailla : "Comment s'appelle ce machin, tu m'as dit, mon gars ? -Poutrelle-de-Fer, m'sieur, répondit Richard Simnel. Et, si vous nous autorisez à poser des rails, on peut vraiment vous montrer de quoi elle est capable. -Des rails ? -Ouais, m'sieur. Elle roule sur un chemin de fer, vous allez veir." Fleuri Roi a du flair et des moyens financiers : le chemin de fer a du potentiel.
Alors ? Cap sur le progrès teque-nol-ogique ? Pas si sûr. Certains fondementalistes parmi les nains du Schmaltzberg sont prêts à tout pour lui barrer la route, prêts au terrorisme et prêts au coup d'Etat. Sous la houlette menaçante du seigneur Vétérini, il n'aura pas trop de tout son talent et de sa faconde, le Moite von Lipwig, ex-escroc désormais directeur des Postes et de la Banque royale, pour graisser les rouages du train de l'avenir et déblayer la voie.


Je ne cache pas que la lecture des premiers chapitres fut laborieue et que j'ai failli me décourager: vocabulaire spécifique au monde de Pratchett, personnages déjà intervenus dans d'autres tomes que je ne connaissais pas, style propre à l'auteur. Puis, aidée par les encouragements de mon co-lecteur, je me suis prêtée au jeu. La lecture s'est fluidifiée et je le suis sincèrement régalée. C'est à regret que j'ai fermé le livre.

***

Lecture suivante, seule cette fois : La huitième couleur, le premier tome des annales du disque monde. Je reprends au premier tome en toute logique (version traduite, même si je me laisserai peut être un jour tenter par une relecture en VO )


La huitième couleur
Dans une dimension lointaine et passablement farfelue, un monde se balade à dos de quatre éléphants, eux-mêmes juchés sur la carapace de la Grande Tortue. Oui, c'est le Disque-monde. Les habitants de la cité d'Ankh-Morpork croyaient avoir tout vu. Et Deuxfleurs avait l'air tellement inoffensif, bonhomme chétif, fidèlement escorté par un Bagage de bois magique déambulant sur une myriade de petites jambes.
Tellement inoffensif que le Praticien avait chargé le calamiteux mage Rincevent de sa sécurité dans la cité quadrillée par la Guilde des Voleurs et celle des Assassins ; mission périlleuse qui devait les conduire loin : dans une caverne de dragons ; peut-être jusqu'au Bord du Disque. Car Deuxfleurs était d'une espèce plus redoutable qu'on ne l'imaginait : c'était un touriste... A la lumière de l'octarine, la huitième couleur, découvrez l'univers fantastique et cocasse de Terry Pratchett.

Avec ce premier tome, Terry Pratchett nous offre bien plus qu'une parodie des livres de fantasy populaires. A la lecture de la "huitième couleur, on découvre un monde cohérent et fantaisiste. On y sent la touche de l'auteur dans son style, ses réflexions, son engagement, qui même s'il n'est pas explicite reste bien présent. Les atouts de Pratchett : l'humour sous diverses formes, ses personnages tantôt naïfs, tantôt cyniques, ses descriptions colorées et précises, soucieuses du détail.
Lire Pratchett, c'est s'amuser, frissonner, rire et apprécier. Apprécier un monde hors du commun, des personnages attachants par leurs failles et faiblesses autant que par leurs qualités.

Enthousiaste après cette bonne lecture, j'ai tout de suite poursuivi ma lecture avec Le peuple du tapis. Ce livre ne faisant pas parti de la série "Les annales du Disque-monde", il se lit tout à fait indépendamment


Le peuple du tapis
Sur tout le Tapis règne la paix de l'empire dumii. Aux marges de la civilisation, la tribu des Munrungues coule sous les poils une existence paisible. Mais, un jour, un terrible cataclysme frappe à proximité du village munrungue. Une ville dumiie est broyée par l'ancien monstre des légendes : le grand Découdre est de retour ! Dans son sillage, des créatures féroces montées sur des fauves parachèvent son oeuvre de destruction. Cernés, les Munrungues s'engagent dans un grand périple à travers les poils, sous la conduite des frères Orkson. Un voyage qui les conduira à la découverte des merveilles de leur monde, et qui changera pour toujours l'existence de tous les Fils de la poussière.

On retrouve l'esprit Pratchett, qui s'appuie sur l'absurde pour créer un monde cohérent et riche. Imaginez des peuples vivants sur un tapis, parmi ses poils aux couleurs variées, délimité par les bords de celui-ci. Ces peuples menacés par les Moises vont devoir fuir, puis réagir pour retrouver la paix. Encore un monde qui foisonne de bonnes idées avec son atmosphère propre, des créatures fantastiques issues de l'imagination débordante de Pratchett. L'humour est moins marqué que pour la huitième couleur, mais la bonne humeur est toujours au rendez-vous. Un plaisir à lire.

***

Ma découverte de Pratchett ne s'arrêtera pas à cette expérience fort intéressante. "Strate à gemmes" est toujours dans ma PAL.

Strate à gemmes
Kin Arad faisait autorité en matière de design planétaire et elle en avait vu des vertes et des pas mûres au cours de sa carrière de créatrice de mondes pour la Compagnie. Elle avait vu de tout dans les strates géologiques : des bottes en caoutchouc écrasant des ammonites fossiles, des dinosaures portant des bracelets-montres en brandissant des pancartes " A bas le nucléaire ". Elle en avait vraiment vu, des choses bizarres.. Mais ça, ça battait tout. Aucun doute, c'était bien un monde...plat ! Entouré d'une sphère translucide sur laquelle étaient fixées des étoiles. Bref. La Terre telle qu'on se la représentait au Moyen Age avec son cortège de dragons, de démons, de Vikings. Un monde où si l'on s'approchait trop du bord, on risquait de tomber dans le vide... Mais qui avait pu inventer une pareille planète ? Pour en avoir le coeur net, Kin n'a qu'une seule solution : partir à la recherche des Maîtres du Disque - direction le Centre du monde, un gigantesque dôme de cuivre incrusté dans une île de sable noir...


Je vais également continuer l'aventure des Annales du Disque-Monde avec le deuxième tome, Le huitième sortilège.


Le huitième sortilège
Octogénaire, borgne, chauve et édenté, Cohen le Barbare, le plus grand héros de tous les temps réussira-t-il à tirer Deuxfleurs et Rincevent des griffes de leurs poursuivants ? Question capitale, car le tissu même du temps et de l'espace est sur le point de passer dans l'essoreuse. Une étoile rouge menace de percuter le Disque-Monde et la survie de celui-ci est entre les mains du sorcier calamiteux : dans son esprit (très) brumeux se tapit en effet le... huitième sortilège ! La suite de l'épopée la plus démente de la Fantasy, avec, dans les seconds rôles, une distribution prestigieuse : le Bagage, l'In-Ocavo, Herrena la harpie, Kwartz le troll, Trymon l'enchanteur maléfique et, naturellement, la Mort...

Sex and the tv, d'Octavie Delvaux

Résumé
La seule comédie érotique et romantique made in France !
Les coulisses de la télévision, où règnent jalousie et luttes de pouvoir, réservent bien des surprises à Charlotte, devenue chroniqueuse cuisine dans une émission quotidienne. Entre les avances très hot de la présentatrice vedette et les menaces d’un mystérieux maître chanteur, la jeune femme ne sait plus où donner de la tête. 
Et c’est sans compter le départ de son chéri pour le Brésil qui laisse le champ libre à de nouvelles expériences sexuelles… Heureusement, ses deux meilleures amies – Morgane, la fashionista délurée, et Déborah, la dominatrice en mal d’amour – répondent toujours présentes…
Tentations, fantasmes, sextapes et trahisons sont au programme de cet opus à l’érotisme torride et à l’humour toujours aussi décoiffant. 

Après le succès de Sex in the Kitchen, Octavie Delvaux redouble d’imagination et nous prouve une fois de plus qu’elle n’a pas la langue dans sa poche pour retranscrire les aventures de ces filles espiègles et piquantes, en phase avec notre époque.



Mon avis
L’entrée dans le roman se fait facilement, car le style fluide de l’auteure rend le récit très agréable à lire. A la fois clair et soutenu, il entraîne dans les aventures de Charlotte et de ses amies, Déborah et Morgan. 
Les personnages, les descriptions, l’ambiance et les dialogues sont traités avec soin et dynamisme. Les chapitres, bien que longs, se lisent très vite. Ils se distinguent par le choix des titres, tous tirés de celui d’émissions TV, car c’est bien sur le milieu de la télévision que se centre l’intrigue. En effet, Charlotte personnage principal de ce roman, vient d’être engagée comme chroniqueuse pour une rubrique de cuisine bio dans une émission TV populaire. Elle découvre ce milieu, qui l’implique dans des situations scandaleuses. Elle connaît bien des déboires: entre le vols de ses vêtements, ou des ingrédients de sa recette, la jalousie, la futilité et le mépris qui l’entourent sur le plateau. Pourtant, Charlotte retombe toujours sur ses pieds avec sérénité. C’est une jeune femme équilibrée, moderne et libérée. On aime ses réparties, son attitude pétillante, son goût des vêtements vintage à contre courant de la mode. C’est une battante, même si elle semble un peu timide. Charlotte possède une personnalité forte et attachante. Ses deux meilleures amies, mais aussi sa relation de couple heureuse et épanouie avec Benjamin contribuent à son équilibre et l’aident en cas de problème. 
L’auteur installe à merveille la relation entre Charlotte et Benjamin, dont la tendresse et l’amour sont bien mis en évidence. Leur vie intime ne manque pas non plus de surprises et de piquant. Malgré les difficultés que rencontrent le couple, leur complicité, l’authenticité de leur affection l’un pour l’autre restent évidentes.
Parfois, Benjamin prend des allures de prince charmant trop parfait, pourtant il ne manque pas de crédibilité. L’auteur arrive à nous convaincre, malgré tout. 
Morgan et Déborah, les deux bonnes copines, toujours complices et présentes en cas de besoin ne manquent pas d’humour également.
Morgan, prof d’histoire (qui raconte du grand n’importe quoi à ses élèves avec désinvolture) s’avère une passionnée de mode, bloggeuse et toujours habillée en suivant les dernière tendances, même les plus improbables qui soient. Son côté à la fois déjanté et blasé en fait un personnage quelque peu frivole, mais aux réparties tantôt décapantes, tantôt hilarantes. Pourtant, ses jugements et propos dérapent parfois et la rendent beaucoup moins amusante. 
Déborah, orthophoniste de profession, Domina le reste du temps, ne manque pas de mordant non plus. Ses vannes, bien que crues, font toujours mouche. Pourtant, son comportement de Domina semble excessif et pas toujours très crédible: quand elle met en danger la santé et la réputation de l’un de ses soumis par exemple. Elle exècre les hommes et on se demande si la soumission qu’elle exerce n’est pas une forme de vengeance envers la gent masculine. D’ailleurs, lors des discussions entre les trois amies, on tombe souvent dans les clichés. Les hommes apparaissent par catégories quelque peu caricaturales: les lourdauds, les machos, les hommes-objets et les princes charmants (comprendre les amoureux des demoiselles: Benjamin, bientôt rejoint par un nouveau prétendant au titre).
Malgré ce manque de nuance à ce sujet, les dialogues sont souvent drôles. On sourit et rit franchement aux répliques des jeunes femmes. 
Les scènes érotiques ponctuent également le récit. Elles sont amenées avec naturel et jamais gratuites. Elles sont sans détour et crues, mais se teintent toujours de sensualité et d’audace.
Charlotte se montre libérée et entreprenante, toujours à l’affût de nouveauté, de désir et de plaisir. Avec cet attrait du personnage pour le risque et la découverte, l’auteur varie les situations rencontrées au fil de l’histoire: jeux érotiques et passionnés avec son amoureux, plaisir de la nouveauté dans sa relation lesbienne, variante des supports (échanges de mails très chauds) et assouvissement des fantasmes du couple dans des situations spéciales et dans des lieux plus ou moins adaptés pour ce genre d’activité.

En conclusion: Malgré quelques défauts, c’est un livre qui se lit avec grand plaisir, car il est drôle et ne manque pas de fraîcheur. La plume de l’auteure soignée m’a entraînée dès le début de la lecture. Merci au forum « Au cœur de l’Imaginarium » et aux éditions « La Musardine » pour ce bon moment de lecture.

vendredi 24 avril 2015

Les Enfants de Karia, d'Anthony Holay



Résumé
Depuis plusieurs mois, les enfants de la petite ville de Karia disparaissent mystérieusement. Les villageois effrayés parlent d’une sorcière et d’êtres revenus d’entre les morts…
Kenan, un jeune Redresseur de Foi est envoyé pour mener l’enquête.
Une novella d’horreur qui ravira les amateurs du genre.


Mon avis
Kenan, Redresseur de Foi, accompagné de son charrou, arrive dans une ferme isolée pour y passer la nuit. Sa présence, loin d’être anodine, puisqu’il vient enquêter sur des faits surnaturels frappant la région, est également loin d’être la bienvenue. Pourtant, ses occupants lui doivent l’hospitalité, et la nuit qui va suivre est loin d’être de tout repos.

Le style fluide de l’auteur permet d’entrer immédiatement dans le récit. L’ambiance froide, voire glaciale qu’instaure l’auteur se renforce par l’isolement de la ferme et de signes inquiétants vite interprétés par Kenan. Sauf que le lecteur ne connaît pas leur signification. Kenan s’ingénue à garder ça pour lui, et l’auteur entretient le mystère, en apportant les informations au compte goutte. Il utilisera ce procédé dans toute la nouvelle, entre secrets à découvrir, signes à intégrer, et leurre de l’ennemi, qui se révélera bien fourbe. Il tient ainsi le lecteur en haleine, en le surprenant souvent, même si certains détails sont plus facilement déductibles que d’autres. Parfois, on tremble avec Kenan et d’autres on voudrait le prévenir des dangers qui l’attendent. Il s’établit donc, une interaction particulière entre le lecteur et le personnage.

La ferme semble, pourtant, de premier abord banale. Tout semble calme: trois hommes d’un certain âge, occupés par les travaux de la ferme, une jeune et jolie fille et la mystérieuse femme de l’un d’entre eux, qui se fait remarquer par son absence.
Le plus dangereux, ou en tout cas le moins inoffensif, semble Kenan. En effet, les redresseurs de foi sont d’anciens prisonniers qui obtiennent grâce en acceptant de s’occuper de missions confiées par les Officiants du temple. Cependant, l’agressivité qu’il rencontre en ces lieux lui semble anormale. Heureusement que la présence d’Alrune, la jeune paysanne, apporte un peu de candeur dans ce climat lourd et qui deviendra de plus en plus pesant, jusqu’à sombrer dans l’horreur. 
C’est que Kenan chasse un monstre bien particulier: un ogre qui a kidnappé les enfants de Karia, et il compte bien le maîtriser pour mettre fin à ses agissements, ou si possible briser la malédiction (pour cela il devra trouver le sorcier qui en est à l’origine). 

Le monde créé par l’auteur a sa propre cohérence où le surnaturel prend ses aises. Malgré le format court du récit, il est clairement exposé, et crédible. Les redresseurs de foi, tel Kenan, semblent y avoir un rôle de régulateur, puisqu’ils s’occupent des comportements surnaturels déviants et ici, même horribles et dangereux. Pour mener à bien leur mission, les Officiants les dotent d’un Kriss, dague puissante pour venir à bout des créatures démoniaques, et de connaissances des signes et des herbes, qui se révéleront fort utiles. Donc, même si la nouvelle ne permet pas découvrir un univers ample, avec ses paysages et décors, l’auteur y exploite sa dimension religieuse et fantastique.
On retrouve également dans ce monde, des étranges créatures, tel le charrou de Kenan, animal qui lui sert de monture et de chien de garde, et d’autres plus traditionnelles, tels que les sorcières, lycanthropes et les ogres.

L’histoire se suffit à elle-même et ne manque pas d’intensité, pourtant on pourrait imaginer sans mal une ré-exploitation de ce personnage et de ce monde, tant les possibilités qu’ils offrent sont riches. On aimerait le retrouver pour d’autres aventures et éventuellement en apprendre plus sur lui. Cela reste en effet, le seul point sombre à évoquer. On en apprend peu sur Kenan et de manière confuse, lors de sa lutte avec la sorcière qui essaie d’utiliser ses faiblesses. Pourquoi est-il redresseur de foi ? Quel est son parcours jusqu’à ce rôle délicat ? On se pose encore des questions à son sujet à la fin de la nouvelle. 

En conclusion, « Les enfants de Karia » est une nouvelle riche et intense, qui permet la découverte d’un personnage prometteur et d’une aventure particulièrement terrible et vive. On apprécie la dimension fantastique du monde crée, s’inspirant de créatures traditionnelles et le rôle des Redresseur de foi.
Je remercie le forum Au cœur de l’imaginarium et les éditions House made of dawn pour cette lecture intense.

Système d'exploitation, de Vincent Germain


Résumé
Arthur Verkamp est un Nolife. Toute sa vie tourne autour de son PC et de sa connexion Internet, grâce auxquels il rejoint le monde d’Asgard.
Mais un jour, son PC ne s’allume plus… et la descente aux enfers commence pour Arthur.

Mon avis
L'auteur nous met directement en immersion dans le monde du personnage, un « no life » de 26 ans, au chômage, asocial, dont la seule source de plaisir et de vie se résume à son ordinateur et à son jeu en ligne « Asgard ». En fait, il centre le roman exclusivement autour de ce personnage : son approche de la vie, son addiction au jeu, ses réactions et son évolution quand il doit faire face à un imprévu qui bouleverse sa vie.
La narration à la première personne nous permet de le suivre dans sa vie quotidienne, sa routine habituelle, son ordinateur, Asgard, ses séries, des repas pris quand il y pense, cuisinés à la va vite, si on peut appeler cela cuisiner. Cette routine entrecoupée de sorties « obligatoires », à Pôle emploi dans un premier temps, et pour les courses, inévitables et contraignantes, est mise en place avec aisance par l'auteur.
Lors de ces sorties, on découvre une facette antipathique du jeune homme : il considère les autres, leurs problèmes, leur misère, avec condescendance et mépris. Mais on se rend aussi bien vite compte que son caractère asocial va plus loin. Arthur considère que sa vraie vie, celle qui vaut le coup d'être vécue est celle qu'il partage sur Asgard avec ses amis. Dans la vie IRL, on le sent anesthésié : il se contente de réagir aux situations et aux personnes, selon un scénario pré- établi. Il ne possède aucune chaleur, aucune empathie, aucune compassion envers les autres. Même si on comprend que la vie est loin d'être facile pour lui, il explique de lui même que c'est celle qu'il s'est choisie. J'ai éprouvé beaucoup de difficultés à trouver ce personnage sympathique et je me suis vite demandé comment l'auteur allait faire évoluer ce personnage.
C'est lorsque son ordinateur tombe en panne, que tout son monde s'écroule. Son manque d'argent, les mensonges à ses parents (il prétend travailler et subvenir à ses besoins d'étudiant, alors qu'il a arrêté ses études depuis deux ans) l'empêchent de résoudre rapidement ce problème. Au début, il s'organise pour pouvoir jouer et quand cela devient impossible, le manque s'installe. C'est la descente aux enfers, on le voit confondre réalité et fiction, plonger dans la noirceur et la paranoïa.
Si c'est une façon intéressante d'envisager le personnage, la progression lente et le manque d'empathie ne m'ont personnellement pas transportée. La routine, la plongée dans un cauchemar toujours plus vif, toujours plus noir, sont bien mis en place. L'ensemble est bien écrit, l'ambiance, les plongées de la fiction dans le réel (apparition de personnages du jeu dans le quotidien d'Arthur), bien transcrites et mises en place. De sa lassitude blasée, en passant par son état de manque (du jeu) à la folie, le chemin est semé d’embûches et de péripéties.
Pourtant, la rencontre ne s'est pas faite. Le temps passé aux côtés d'Arthur m'a paru très long, car je n'ai pas réussi à entrer en phase avec lui, à trouver quelque chose qui me le rende moins antipathique. Seule la plume fluide, la crédibilité apportée au monde du personnage, à son comportement de plus en plus déviant ont réussi à accrocher mon attention, jusqu'à un final un peu prévisible, certes logique, mais qui manque un peu de panache.

En conclusion : même s'il s'agit d'un bon roman, mon avis est un peu mitigé. Je remercie le forum Au cœur de l'Imaginarium et les éditions House Made of Dawn pour cette lecture.

mercredi 22 avril 2015

OPJ 1 - Le Centre, de Laure Izabel



Résumé
Nat et moi, on roule pour la Crime depuis belle lurette. Alors, les trucs moches, on connait. Ce soir-là, on débarque dans les jardins du Sacré-Cœur, en plein Paname : une fiesta a tourné au vinaigre. 
Un mort. Banal, quoi !
Ce qui l’est moins, c’est le Modus Operandi du criminel, et la victime. Surtout la victime, d’ailleurs ! Nat va en prendre plein la poire. Et les dommages collatéraux ne vont pas être sans conséquences… pour bibi !
Après les superbes succès de « Double jeu » et « Le fils de mon boss » aux éditions Sharon Kena, Laure Izabel s’essaie avec réussite au thriller fantastique.
Don’t bite, please !



Mon avis


Le roman « OPJ1 » débute sur un meurtre, que le lecteur va découvrir dès le prologue et qui se distingue par son caractère surnaturel.
Les policiers, Malik et Nat, arrivent sur le terrain et nous prenons connaissance d’un duo complice, malgré les différences qui les opposent.
Ici l’enquête s’avère particulièrement difficile, car le cadavre retrouvé est celui du père de Nat. De plus, ce dernier ne réagit pas de manière très naturelle et son ami peine à le comprendre. Quand un autre meurtre survient, plus de doute possible, les policiers ont affaire à un serial killer et les circonstances qui l’entourent, demeurent toujours aussi troubles. Nat continue de se comporter de manière étrange et Malik s‘inquiète pour sa santé, mais les changements ne font que commencer

Si le roman est bien écrit et l’intrigue bien mise en place, l’auteur prend des libertés avec la narration, sur les points de vue adoptés, la personne employée qui s‘avèrent très efficaces: toujours à la première personne pour Malik, tandis qu’on assiste à un passage de la troisième à la première personne pour celui qui laisse la bête prendre emprise sur lui. Loin d’être perdu, le lecteur se plie aux changement naturellement, car ils se justifient dans l’écrit. De plus la narration est très vive, captivante. On se retrouve scotché dès les première lignes.
Malik se montre un personnage extrêmement bavard. Il s’étale parfois même un peu trop. Que l’on apprécie ou non, on ne peut nier son côté charismatique, sa force de caractère. Mais derrière ce personnage qui a un physique hors du commun, avec sa carrure imposante et son béret rasta qui ne le quitte pas, se cache un grand tendre, un vrai gentil que l’on apprécie dès le départ et que l’on apprend à connaître au fil des lignes et des pages avec grand plaisir. Il se révèle loyal, prévenant, chaleureux.

Nat est plus difficile à cerner, plus froid et distant, à l’opposé de Malik. Pourtant, son ami ne doute pas de sa prévenance, de sa bienveillance. Son comportement étrange déstabilise Malik et nous intrigue. Même si on comprend vite à quoi s’en tenir avec lui, on reste quand même en attente, car on se demande quelle va être son évolution. Et l’auteur sait rester fidèle au personnage, malgré les changements qui s’imposent à lui.

La relation entre Malik et Nat est posée soigneusement et dès le début : ils sont co-équipiers, amis et co-locataires. Pourtant l’affection de Malik est plus qu’amicale, même si Nat ne lui a jamais laissé espérer la moindre progression dans leur relation. Visiblement, ça lui convient ainsi. Pourtant, leur relation va se détériorer et même être fortement mise à mal. On se demande comment va finir leur belle amitié, bien abîmée par les événements et vouée à changer, par la force des choses.

L’enquête reste au centre de l’intrigue principale du roman, même si les relations amicales et amoureuses prennent également de l’importance.
Le tout est correctement dosé, posé, mis en place pour tenir le lecteur en haleine. Les intrigues secondaires s’intègrent et se mêlent d’ailleurs si bien à la principale, qu’elles fusionnent quand arrive le dénouement final.
L’action et le surnaturel sont aussi bien présents dans le roman, même si on aime se perdre dans les réflexions de Malik, avec qui on devient vite complice, comme s'il était un ami de toujours.

En conclusion : je me suis retrouvée scotchée à la liseuse, portée par les mots de Malik, personnage hors du commun, et captivée par ses aventures avec Nat. Un vrai coup de cœur, et même un sacré coup de foudre pour ce roman, dont je vais attendre la suite avec impatience, car j’ai passé un excellent moment. Merci au forum Au cœur de l’Imaginarium et aux éditions L’Ivre-book pour cette très belle découverte!

lundi 20 avril 2015

Nécromanciennes de Corinne Guitteaud


Résumé
Quand elle se réveille un beau matin, Elizabeth Rosenbach a la désagréable impression qu’il lui manque un pan entier de sa vie. Pour tout dire, elle a signé un pacte un an plus tôt avec une nécromancienne, pacte qui doit non seulement changer sa propre existence, mais aussi permettre à un être cher de trouver enfin le repos

Mon avis
« Nécromanciennes » fut d’abord proposé sous forme d’une série numérique, diffusée par épisodes. On les retrouve dans le livre dans sa version papier, sous la forme de cinq parties. Ces différentes parties et séparations de paragraphe sont joliment illustrés. Si on ajoute à cela la superbe  couverture, on obtient un objet-livre soigné et agréable à la lecture.  
Se plonger dans Nécromanciennes, c’est partir à la découverte d’un monde moderne où les êtres mystiques et mythologiques sont restés présents. L’auteur arrive à nous proposer une coexistence cohérente de ses êtres avec les humains et fait se croiser leurs chemins pour notre grand plaisir.
Dans la première partie, nous faisons la connaissance d’Elisabeth, jeune femme complément perdue, quand elle s’aperçoit qu’elle a perdu un an de sa vie et que Perséphone, une nécromancienne lui demande de sauver l’âme de sa cousine disparue depuis longtemps.
Cet épisode pose les bases des épisodes suivants. Bien que bien écrit, la perspective du point de vue d’Elizabeth rend les choses un peu confuses. On assimile les informations au fur et à mesure de ses découvertes quelque peu tumultueuses. L’intrigue se fluidifie largement dans les parties suivantes. Cependant, Elizabeth et Perséphone restent deux piliers de ces histoires, que leur rôle soit important ou non.
Dans la deuxième partie, raconté du point de vue de Perséphone, l’auteure nous montre qu’il est bien difficile d’allier ses fonctions surnaturelles à sa vie quotidienne. Perséphone a fort à faire, entre son travail de nécromancienne, la formation de sa protégée Elizabeth future nécromancienne, de puissants ennemis et son fils sur qui plane une menace. Aidée d’Elizabeth, elle tente de le sauver; L’auteure aborde ici l’homosexualité du jeune garçon. Difficile de s’y retrouver quand on se sent déjà différent et que l’on se découvre en plus une destinée surnaturelle.  L’auteure aborde le sujet avec justesse et sait nous rendre Samuel, le jeune garçon, attachant. De plus, cet épisode ne manque pas d’action.
On retrouve d’ailleurs Samuel en troisième partie. Il y évoque l’évolution de sa vie, et sa vie de fa mille un peu spéciale. On suit avec intérêt. Le naturel de la narration et de la plume de l’auteur nous portent sans mal. 
Dans les dernières parties, il est question d’une nouvelle nécromancienne, la fille d’Elizabeth, prisonnière d’une mystérieuse poupée. Bien que tout aussi intéressante que les précédentes, cette histoire est plus complexe. Dans ces parties, apparaissent des personnages du crépuscule des anges. Malheureusement, je ne l’avais pas encore lu et je l’ai regretté, car ces personnages semblent très intéressants. Je compte donc réparer cette erreur surtout qu’il fait partie de ma Pal. 
Pour chaque différente partie, l’auteure a choisi différents points de vue, mais toujours à la première personne. Les narrations sont différentes, adaptées aux personnages. Le ton est juste et le choix perspicace offrent des moments tendres, du point de vue de Samuel, plus mystérieux du point de vue de Mira et des surprises du point de vue d’Ismaël/ Harfang.

En conclusion : j’ai apprécié ma lecture de nécromanciennes. J’ai apprécié la plume de l’auteure et les thèmes abordés. J’ai particulièrement aimé le jeu des narrations. J’avoue une préférence pour les épisodes 2 et 3, mais je compte bien lire Le crépuscule des anges afin de relire les dernières parties. J’aimerai également pouvoir lire l’auteur dans un autre registre. Justement le premier tome de 393 me fait de l’œil dans ma pal depuis un moment déjà.












Belfort, ville de morts, de Cédric Citharel



résumé
Après avoir fait connaissance avec une liche dans « On torture bien les animaux », avec un loup-garou dans « Les crocs de la forêt », ces créatures doivent maintenant se réunir pour se lancer à l’assaut de la ville de Belfort.
Entre guérilla urbaine, manipulation des institutions et mysticisme gothique, « Belfort, ville de morts » nous entraîne dans une lutte où les protagonistes, humains ou morts-vivants, se complaisent dans un monde pervers, violent et fantastique.
Ce sont des personnages de roman, n’essayez pas de les imiter.
La suite des « Morts-vivants ne font pas la queue dans les grands magasins » de Cédric Citharel, à dévorer de toute urgence.


mon avis
« Belfort ville de morts » troisième volet de la série « Les mort-vivants ne font pas la queue dans les grands magasins » fait le lien avec les deux premiers épisodes : on retrouve en effet les créatures de ceux ci, la liche et le loup-garou, qui vont interagir et avoir un véritable rôle dans l'histoire.
Ici le personnage principal, Tristan le vampire, nous révèle le plan qu'il a projeté pour la ville de Belfort. Ce personnage ambitieux, malin, séducteur, patient et prudent ne mélange pas business et vie vampirique : il prend garde à prendre son repas en dehors de la ville en écumant les boîtes de nuit.Il sait charmer de manière stratégique de façon à gagner en influence et paraît tout à fait civilisé. Il se révèle donc un personnage à la fois charismatique et captivant, malgré sa nature sombre.
De plus c'est un personnage crédible, qui s'est construit une vie organisée, un projet ambitieux, entre son café, la galerie, l'assouvissement de ses besoins vampiriques et sa volonté d'emprise sur la ville. On le suit sans difficulté. Il paraît plus complexe et raffiné que les deux créatures précédentes : c'est un véritable amoureux des arts (ce n'est pas une simple couverture), mais aussi un fin stratège qui sait mener ses troupes et ne se laisse pas déborder par ses instincts . Il est proche des humains, se sert d'eux et reste bien ancré dans la réalité.
Par contre, sa nature vampirique reste assez classique et n'influe pas particulièrement sur l'intrigue. 

Tristan mène une routine bien ancrée et avance lentement, avec patience, pour assouvir ses ambitions. Pourtant ses sorties nocturnes lui valent d'être arrêté par la police. Il passe alors une sorte de pacte avec le commissaire qui n'a pas manqué de faire le lien entre les différents méfaits des créatures de l'ombre et lui propose l'impunité sur une partie de la ville, considérée mal famée par la société. 
La police apparaît sous un jour stéréotypé, et Tristan qui a l'habitude de considérer les humains avec dédain, n'apprécie pas particulièrement d'être jugé par l'un d'entre eux, alors que celui ci ne connaît ni sa nature, ni sa puissance. Pourtant, il compte bien se servir de ce pacte à sa convenance, pour mener à bien ses projets, avec l'aide de la liche et du loup-garou. En effet, il souhaite faire de Belfort une ville où les créatures des ombres puissent vivre en toute tranquillité, sans se cacher. Il lui vient l'idée de s'infiltrer dans la cité et d'en faire son quartier général. Son plan est organisé, intelligent et bien mené. Dommage que le récit manque un peu de profondeur.

Le récit ne manque pas d'originalité et de crédibilité. C'est passionnant à lire, on avance avec plaisir dans l'histoire et ses rebondissements, mais aussi avec l'impatience de voir quelle conclusion elle prendra. Les événements et obstacles proposent bien des surprises au lecteur, ainsi qu'une galerie de personnages et de créatures non-vivantes variés et fascinants
On apprécie également l'idée originale de créer des créatures, processus difficile, et la transformation qui se fait en fonction de la personnalité de chacun.

Tristan doit faire face à deux ennemis lors de ses aventures : la police, également ennemi naturel de la cité et Nora, artiste qui pratique le chamanisme et qui, accompagnée de son petit ami, s'avère bien plus puissante et dangereuse qu'elle ne le paraît.

Une narration rythmée par des chapitres courts et une plume fluide rendent la lecture agréable.
La narration, essentiellement du point de vue de Tristan, propose un récit captivant, dont on voudrait qu'il continue. En effet, la fin laisse le lecteur en attente du prochain volet, car beaucoup de questions restent encore sans réponses. 

En conclusion , j'avais apprécié la lecture de « On torture bien les animaux » et « Les crocs de la forêt », mais j'ai adoré « Belfort, ville de mort » ! 
Merci au forum Au cœur de l'imaginarium et aux éditions l'Ivrebook pour cette excellente lecture.