lundi 30 mars 2015

Les Pirates de L'Escroc-Griffe T1 Les terres interdites de Jean Sébastien Guillermou

Lecture en cours...


Résumé
Lorsque Caboche, après s’être enfui de l’orphelinat militaire, part à la recherche de son père, il ne s’attendait certainement pas à rencontrer la compagnie de L’Escroc-Griffe et encore moins à monter à bord de leur bateau ! Connu pour n’avoir jamais réussi un abordage, l’équipage de Bretelle, vieux capitaine désabusé, ressemble plus à la troupe d’un cirque qu’à une bande de pirates. Mais Caboche va les entraîner dans un voyage rocambolesque sur les Mers Turquoises, à la recherche d’un trésor mythique. Une quête dangereuse puisqu’ils sont pourchassés par l’invincible et immortel Amiral-Fantôme, et qui les mènera jusqu'aux confins du Monde-Fleur, aux abords des mystérieuses Terres Interdites...


Mon avis:
Dès le début de la lecture, on plonge dans une atmosphère propre aux romans d'aventures et de pirates.On sent l' influence de romans tel que L'île au trésor par exemple, pourtant ce serait une erreur de ne voir dans Les pirates de l'Escroc-griffe qu' une simple chasse aux trésor et dans ses personnages que de simples pirates !

Au début du roman, nous faisons donc la connaissance de Caboche, adolescent et orphelin, qui vient de perdre sa mère et désire retrouver son père. Alors qu'il est en quête de renseignements, il se retrouve embarqué malgré lui, sur L'escroc-griffe avec son équipage farfelu et le capitaine Bretelle, qu'il a longtemps admiré, étant enfant.
Si ce démarrage reste un peu classique et le personnage principal un peu cliché, il n'est pourtant pas difficile de s'attacher à lui et de le suivre, surtout que la narration est très vivante et immersive. On se laisse porter par la plume soutenue, agréable et soignée de l'auteur, qui cherche toujours le mot juste et même se joue des mots, les détourne, invente des expressions et dictons pour notre grand plaisir. Une fois plongé dans le livre, le lecteur se retrouve donc vite embarqué à l'instar du jeune héros, scotché au livre et il devient vite difficile de le lâcher...voire impossible !

Les personnages, que l'on retrouve aux côtés de Caboche, ne manquent pas de piquant, et l'auteur a su nuancer leur caractérisation. Par exemple le lecteur réalise à travers le regard du jeune garçon que le capitaine Bretelle, loin d'être le héros de son enfance, n'est pas un lâche pour autant, juste un être humain avec ses forces et ses failles.
Dans l'équipage extravagant de L'escroc-griffe, on retrouve Goowan, l'homme Iguane, L'Obus, habillé d'un attirail qui lui vaut son nom et qui le sauve dans bien des situations, sa chaussette parlante Tic Tac, Doc le docteur chaleureux et bienveillant, Biceps, molosse un peu bougon qui s'endort à tout moment, surtout dans les pires moments, sans oublier leur cuisinier Chef Plumeau, pas très doué.
En cours de route les rejoignent, La Belle Lili, très agile avec des couteaux et Syco, ancien prêtre qui évolue beaucoup, au fil du roman. De cette brochette de personnages, Goowan semble le plus fascinant, car il sait beaucoup de choses sur les chenis et leur magie. C'est toujours un plaisir d'écouter les histoires et anecdotes de son peuple.
Si ces personnages sont tous bien caractérisés et cohérents dans l'intrigue, on éprouve parfois des difficultés à les visualiser, faute de descriptions physiques détaillées.
Pour ce qui est des ennemis de l'équipage, l'amiral mort-vivant victime d'une malédiction, le roi et surtout le cardinal corrompu, ils semblent moins originaux, mais on sent une évolution possible et émergente dans ce premier tome et ils pourraient nous réserver des surprises dans le deuxième.

Accompagner Caboche sur l'Escroc-griffe, c'est également découvrir un monde merveilleux, à la fois fascinant et effrayant. Le roman entremêle harmonieusement fantasy et piraterie, avec une touche steampunk appréciable. Les paysages, la faune et la flore, les aspects culturels des différents peuples, sont décrits avec une multitude de détails. L'auteur a su créer un monde riche, où magie et piraterie trouvent leur place.
Le périple à Perdition ou sur les terres interdites donnent aussi un avant goût de la mécanique et de la magie développée dans le roman, et que j'aurai aimée plus pointue encore. La magie Chénie, bien mystérieuse éveille notre curiosité. En effet, l'univers créé par l'auteur offre un cadre et une ambiance originaux, oscillant entre merveilleux et étrange.

Au style vif de l'auteur, s'ajoute une narration rythmée et trépidante. La pression ne relâche pas pendant tout le roman. Les aventures s’enchaînent et ne laissent pratiquement pas de temps mort. Les révélations, par contre, se font plus rares. Certaines informations se devinent vite. Par exemple on comprend vite, quel a été le sort du père de Caboche, mais l'auteur arrive tout de même à nous surprendre à la fin de l'histoire.
Les émotions, les sensations sont également bien présentes et bien transcrites. On voit des amitiés ( pirates, paternelles, fraternelles et amoureuses) naître, des complicités se renforcer. C'est un réel plaisir de voir évoluer les personnages. Et quand arrive la dernière page, c'est à regret, qu'on les laisse voguer, impatient de pouvoir les retrouver.

« Les Pirates de L'Escroc-griffe » est donc un vrai roman d'aventures et de fantasy, qui vous fait voyager parmi des paysages merveilleux et originaux, à la découverte de cultures et des magies fascinantes. Le dépaysement est garanti et l'équipage un peu loufoque, mais attachant à souhait. Alors n'hésitez pas et embarquez !

Pour ma part, je vais d'ores et déjà me préparer pour attendre le deuxième embarquement... et en attendant, je vais me faire un petit verre de Nénufou... 

PS: si comme moi, vous souhaitez savoir à quoi ressemblent nos héros, vous pouvez retrouver une galerie des personnages ici.

vendredi 27 mars 2015

A bout de mères - Les diables bleus m'emportent de Rachel D Forêt


Résumé
Comme les deux faces indissociables d'une médaille, 
la maternité a son revers. 
Les mères amères sont à bout. 
Le reflet dans le miroir s'est teinté des plus sombres pensées, 
des plus noirs desseins. 
Mères monstrueuses, égoïstes, passives, impuissantes... 
Qu'elles subissent, agissent ou réagissent, 
elles souffrent à travers et pour leur enfant. 
Derrière la comédie des apparences, 
les neuf nouvelles de ce recueil explorent les facettes obscures de l'âme humaine.

Mon avis
Le recueil « A bout de mères » attire le regard par sa magnifique couverture. Des tons sombres, un miroir, une silhouette piégée, incertaine et triste,  du mystère et de la mélancolie… Le ton est donné dès le début et ne trompe pas le lecteur. Les explications de Rachel D Forêt sur le titre « Les diables bleus m’emportent », traduction littérale de l’expression « blues devils », signifiant « idées noires » confirment cette première impression.
Ils sont suivis de l’avant propos de l’auteure sur le sujet principal du recueil: la maternité, le lien entre mère et enfant. Ces lignes annoncent un bonheur terni, sans doute emporté par quelques diables bleus, une réalité qui s’effrite pour devenir plus sombre. L’auteure livre sa volonté de varier les types d’écrits, à travers ses nouvelles, mais aussi à travers les thèmes en s’appuyant sur les légendes et mythes. On y sent fortement son investissement et son implication personnelle.  

La différence entre les écrits se traduit par une variation dans la longueur des textes et des types de textes proposés. Certains textes sont courts, voire très courts, mais efficaces, d’autres sont plus longs et plus détaillés, mais tout aussi percutants. En ce qui concerne les types d’écrits, ils varient du texte, à la nouvelle et passent par d’autres variantes comme la lettre ou encore peut-on trouver une histoire respectant la chronologie de clichés photographiques. 
Leur utilisation semble toujours pertinente et cohérente et découle de la volonté de Rachel d Forêt d’adopter la forme la plus appropriée pour son message. On ne les perçoit jamais comme des exercices de style, mais bien comme une facette à part entière de l’écrit qu’ils portent. J’ai particulièrement apprécié cette variété et cette richesse dans l’écriture du recueil, surtout qu’elles s’accompagnent d’une écriture fluide et agréable et que la présentation est particulièrement soignée.

Le thème commun à chaque texte du recueil reste « la souffrance d’une mère ». Chacune de ces mères évoquées par l’auteure annonce un sujet sensible (que l’on soit mère ou non), celui d’une souffrance qui semble peu concevable, sujet que l’on évite sans même s’en apercevoir. Il s’agit donc avant tout d’un sujet tabou.
L’auteure prend le parti de bousculer le lecteur et même de le choquer, en dévoilant une souffrance bien réelle. Les situations évoquées, même quand les textes frôlent le fantastique ou le mystique, décrivent des faits plausibles, pouvant se produire au quotidien. Le fantastique et la fiction n’effacent pas la réalité de la souffrance de ces femmes, quelles que soient la douleur, la faute ou la culpabilité dont-elles s’accablent. Le surnaturel tend même à la renforcer. Ce mélange des genres tout à fait osé, entremêlant psychologie et fantastique, fonctionne donc à merveille.

Que les textes soient à la première ou troisième personne, ce sont principalement les mères qui racontent leur histoire. Elles sont touchantes et tristes, parfois cruelles. Seule dans la nouvelle « Nuit invisible », la mère s’efface pour laisser se produire l’imaginable. Cette nouvelle fait exception. L’auteure émet même un avertissement pour celle-ci, vu son atmosphère particulièrement malsaine.
Dans beaucoup de ces histoires, on sent la solitude de ces femmes, qui souffrent en silence de la perte d’un enfant, d’une absence involontaire, de leur impuissance face à la cruauté de la vie ou des hommes, de leur manque d’amour pour celui qu’elles ont mis au monde, ou de l’amour qu’elles ont perdu.
L’arrivée d’un enfant est un bouleversement que chacun gère à sa façon. Bien souvent source de bonheur, il peut créer une brèche dans le couple et dans les cœurs. En effet, l’amour et le bonheur ne vont pas de soit avec l'arrivée de l'enfant, contrairement aux idées reçues. Toutes les mères ne sont pas sûres d’être prêtes ou à la hauteur, quand leur enfant arrive. Pratiquement toutes les mères ont des doutes, mais chacune gère la situation plus ou moins bien, à sa façon, et dans des circonstances tellement différentes d’une famille à l’autre. Certaines sont vite rassurées, d’autres ne le sont pas et le mal être peut s’installer.
Le message peut paraître dur, mais ces textes sont comme un cri que lance l’auteure, pour nous demander d’ouvrir les yeux et de venir en aide à ces personnes en détresse, ou plus simplement pour les faire déculpabiliser en montrant qu‘elles ne sont pas seules. 

Bien que le recueil a pour but de nous faire réagir, il ne manque pas de pudeur et de délicatesse. Grâce à sa plume sensible, l’auteur nous fait réaliser qu’il ne faut pas juger, mais comprendre. 
Dans ces histoires, je me suis souvent dit, qu’il aurait suffit d’un peu d’aide, d'un simple geste, pour éviter que tout bascule et que la réalité devienne cauchemar. 
Plutôt que de tenir pour acquis l’amour qu’éprouve une mère pour son enfant, ne peut on pas aider les mères qui ne le ressentent pas, qui ne trouvent pas cet instinct dont tout le monde parle ? Doit-on les blâmer pour cela ? Ne peut-on pas les aider pour leur bien et pour celui de l’enfant ?
Face à la perte de son enfant, doit-elle se draper de dignité et passer à autre chose ? Ou quand elle-même disparaît, est-elle irremplaçable ?
Le recueil n’a pas pour optique de répondre à ces questions, mais nous monte qu'elles méritent qu’on s’y attarde, sans chercher à montrer du doigt les torts des uns ou des autres.

J'ai aimé chacun des textes du recueil, car chacun est prenant et marquant à sa façon, mais mon préféré reste Aokigahara. J'ai aimé le cadre forestier, l'immersion immédiate dans l'histoire et l'exploitation de la légende Japonaise (même si on plonge dans l'horreur à la fin de celle ci et je n'en dis pas plus de peur de spoiler). 

En conclusion, ce recueil fut une belle et poignante découverte, le genre de lecture qui vous hante pendant longtemps. L’écriture soignée, sensible et pertinente, le soin de la présentation et la sensibilité de l’auteure y sont pour beaucoup. Je remercie Rachel D Forêt pour sa confiance. « A bout de mères » est un gros coup de cœur et un recueil à découvrir absolument !

Remarque je tiens à partager le lien que Rachel D Forêt conseille en annexe de son livre: 
http://www.maman-blues.fr
Car on ne naît pas mère, on le devient…



dimanche 22 mars 2015

Le dieu était dans la lune d'Hervé Thiellement


Résumé: 
Dieu existe et elle est mégalomane. Elle n’a pas mauvais fond mais un peu d’adoration ne saurait nuire à son statut, alors elle entreprend d’asservir la galaxie à petites touches de destruction massive. C’est un peu long au début car elle est loin de tout, comme cette Terre d’où sont partis les Adventistes du Dernier Recours pour fonder la Nouvelle Alliance de l’Est Mortifère et qui feront d’excellents fidèles pour accomplir son Grand-Œuvre. Mais Labette veille et LE DIEU ETAIT DANS LA LUNE....


Mon avis:

Dans un court texte, précédant le premier chapitre, intitulé « justificatifs et remerciements »,  l'auteur, Hervé Thiellement, remercie les amis, auteurs et l'éditeur qui l'ont encouragé et aidé dans l'écriture de ce roman. Il explique aussi avec clarté et précision son objectif principal, distraire le lecteur et en profite pour annoncer la couleur : si le roman est un Space Opéra, il se veut avant tout un Space Op. déjanté !
L'idée me plaisait grandement. J'ai donc attaqué avec curiosité ce drôle de roman SF et très franchement, je ne l'ai pas regretté...

Le récit plonge tout de suite le lecteur, dans l'univers créé par Hervé Thiellement.
Nous rencontrons en premier Gontrand Rieu, jeune Humano en détresse, dont l'astronef est tombé en panne dans le Système de Cible. Pas un astronef dans les parages, personne pour l'aider. Celui ci s'entretient avec son « camgek » appelé Créon, petit animal télépathe, à la morphologie de lézard, qui se branche à l'oreille et sur le cerveau pour communiquer avec toute autre forme de vie équipée du même système (les pensées des uns et des autres étant traduites en langage compréhensible pour son hôte). L'auteur nous présente brièvement Gontran, ado ingrat et indiscipliné, il a été viré de sa pension éducative sur Triton, s'est acheté un astronef pour être coursier dépanneur.

Ce début, à lui seul, laisse immédiatement sentir la maîtrise de l'auteur d'un monde vaste et cohérent, d'inventions ambitieuses et ingénieuses, qui font appel à l'imaginaire, mais aussi à une maîtrise scientifique et technique (qui n'a pas toujours été à ma portée). Il révèle d'emblée l'étendue imaginative dont l'auteur a su faire preuve pour créer son univers. La suite le confirme et on retrouvera ce type de trouvailles, tout au long du récit. L'auteur veille à décrire ses nouveautés avec soin, mais sans lourdeurs, afin que le lecteur puisse s'approprier les caractéristiques étranges de son univers. Entrer dans le roman, c'est arriver en tant que touriste interplanétaire, pour découvrir de bien étranges merveilles. Il faut pourtant prendre soin de bien tout enregistrer, au risque de perdre le fil du récit. Chaque détail possède son importance, rien n'est inutile.

Donc, revenons à Gontran perdu dans l'espace et qui fait la rencontre la plus improbable qui soit : Labette, une anibulle venue à sa rescousse.
L'anibulle est un animal de taille immense et rare, capable de voyager sur de très longues distances en creusant des trous de ver, pour défier le temps. Spécialisée dans le commerce, activité dans laquelle celle ci excelle, au vu de ses dispositions à voyager en un temps record, elle cherche aussi à communiquer. En effet, loin des autres anibulles (dispersées dans l'espace, n'oublions pas qu'elles sont rares) Labette se sent seule. Elle recueille donc Gontran, qu'elle surnomme Gont à la manière de son Gamgek, et lui propose de l'accompagner dans ses aventures commerciales.
Ils commencent par être associés, avant de devenir amis et entreprennent de se lancer dans la contrebande et autres commerces pas toujours recommandables. Au fil de leurs vols dans l'espace et de leurs actions commerciales, ils font d'autres rencontres et Labette accueille en son sein d'autres membres d'équipage qui forment un ensemble hétéroclite.

Si Gont reste le capitaine du vaisseau, Labette a un caractère fort et a souvent le dernier mot sur les décisions à prendre, qu'elles soient commerciales ou non. Elle se laisse guider par son instinct et se trompe rarement. J'ai adoré cette immense bête, qui loin de ne représenter qu'un moyen de transport et malgré sa taille désavantageuse, sait s'imposer dans ce groupe comme une figure maternelle. Elle communique évidemment grâce à son gamgek et reste la meneuse du groupe. Il s'agit donc d'un personnage fort et extrêmement attachant.
Gont reconnaissable à ses cheveux mi long, premier arrivé de l'équipage, semble plus effacé, même s'il fait sentir qu'il tient à son rôle de capitaine et ses décisions s'avèrent également souvent judicieuses.
Lursu, deuxième embarqué, est un mécanicien du genre « poilu » et au caractère entier, qui sympathise facilement avec les autres.
Deux nouvelles équipières, rejoignent bientôt ces messieurs et apportent une touche de féminité et de sensualité, puisque des couples se forment bien vite. Ce sont deux anciennes strip-teaseuses, qui ne manquent pas de personnalité et de charme. Julie la rousse plus discrète s’efface un peu devant Chang, la changeling, qui possède la faculté de prendre la forme qu'elle désire. On la retrouve bien souvent sous la forme d'une humano brune, aux courbes suggestives, mais la coquine aime changer de forme en cas de besoin ou pour aguicher son partenaire.

Ces personnages, bien que sympathiques, manquent toutefois d'un peu de profondeur. Ils se font submerger par le charisme de Labette, par l'histoire et par l'univers foisonnant qui les entoure. La narration d'un point de vue externe a tendance à accentuer cette impression de distance.

Les quatre membres d'équipage sont ensuite rejoints par le professeur Heinz  et sa fille Irina, sauvés de justesse par Labette, quand un missile touche leur vaisseau.
Cet incident lance définitivement l'intrigue, quand Labette et son équipage mènent l'enquête, pour retrouver l'origine de cette agression. Les regards vont se tourner vers Gaude, la chose sur la Lune, déjà présentée depuis peu au lecteur. Cet être doté d'intelligence, qui a pris naissance dans la boue recouvrant la lune, semble prisonnière de celle ci. Seule, elle grandit, observe, reçoit des ondes, des informations. On suit sa croissance et le développement de son fonctionnement de pensée. L'auteur nous amène progressivement toutes ces données, le récit se posant en parallèle des aventures de Labette et son équipage. Le lecteur comprend peu à peu la relation qui les lie.

La construction du récit repose sur ce parallèle. La numérotation très particulière des chapitres contribue à identifier cette double narration, dont les fils s'entrecroisent jusqu'à la rencontre finale.
On constate également que les chapitres proposés sont très courts. L'auteur semble vouloir installer confortablement le lecteur, dans un rythme soutenu qui reste néanmoins agréable, et qu'il contrôle. A cela s'ajoute une plume claire et fluide, des dialogues naturels et plaisants.
Le livre se lit très bien et rapidement. Il est difficile de décrocher une fois la lecture entamée.

L'idée de m'être incarnée pour un moment en touriste interplanétaire n'a pas quitté mon esprit à la lecture du roman. Tourner les pages, m'a fait voyager, car j'ai pu découvrir grâce à Hervé Thiellement des planètes diverses, parfois paradisiaques, d'autres fois hostiles, mais toujours attrayantes en terme d'exploration livresque. L'auteur décrit avec détail chacune d'entre elle, avec un mot sur ses caractéristiques, des noms extravagants pour ses plats et boissons à déguster, ou sa population locale. L'auteur ne manque d’ailleurs pas d'anecdotes croustillantes à son sujet. Le décor est donc planté avec soin et on visualise l'ensemble sans mal. Il manque peut être une petite touche d'ambiance pour que le dépaysement soit parfait, mais j'ai tout de même apprécié l'exotisme de l'univers proposé.


En conclusion, l'auteur a atteint son objectif en ce qui me concerne. J'ai aimé cette lecture qui s'est avérée distrayante, même si le roman se révèle plus sérieux qu'il n'y paraît. Il a su me faire voyager et cela en très bonne compagnie ! 


samedi 21 mars 2015

Marathon de lecture "Sur les sentiers printaniers" (1)

 Aujourd'hui je commence mon marathon de printemps !
(pour plus d'infos rendez-vous ici. )

Première lecture :

Lecture en cours...

En parallèle je vais lire mes livres de recherche sur les incas.

Pal de marathon, dans le désordre :





 

 

L'océan au bout du chemin par Gaiman

5ans_petit 

 Sutures de Frédéric Livyns

Lecture à venir...



 

vendredi 20 mars 2015

7 points dans ma vie d'auteur

    J'ai été taguée sur Facebook par une amie auteure (dont vous aurez bientôt plus de nouvelles ici puisque un de ses livres fait partie de ma pal urgente). Je dois donc vous livrer sept points sur ma vie d'auteure (amateur), ce que je fais ici avec plaisir (et de manière plus développée que sur FB).
     Et en images en plus !!! 

    1) J'ai écrit mon premier récit alors que j'avais une dizaine d'années.
A l'époque j'écrivais plutôt des poésies. Je visualise encore la bonne douzaine de feuilles format 17/22 que j'avais remplies assez rapidement (plutôt étonnant quand je pense à qu'elle point je peux être lente maintenant). Je ne les ai plus malheureusement, mais je me souviens bien de l'histoire (déjà portée sur le fantastique à l'époque).
 Voilà un résumé en quelques mots:


Imaginez une petite fille tout à fait ordinaire, qui à son réveil découvre qu'elle n'est plus chez elle dans son lit, mais se retrouve piégée dans un labyrinthe. Son but en sortir. Je ne me rappelle plus bien quels obstacles elle rencontre sur son chemin. Elle croise un tigre blanc qui parle. Il décide de l'accompagner et lui vient en aide. Très vite ils deviennent de très bons amis. A deux, ils parviennent à venir à bout du labyrinthe. A leur sortie, le tigre se transforme en un petit garçon (on lui avait jeté un mauvais sort). Ils se promettent de se revoir, contents de pouvoir poursuivre leur amitié dans le monde réel. Deux portes apparaissent et ils peuvent rejoindre leur chambre.


On retrouve déjà des thèmes qui me sont chers:

- la frontière fragile entre monde réel et imaginaire, entre rêve et réalité
- la coopération, l'amitié, le duo de personnages complémentaires (qui décuplent leur force ensemble)
- les conséquences positives des aventures imaginaires sur la vie réelle des personnages (et indirectement l'influence positive sur l'évolution des personnages)
Cette similitude avec mes projets actuels est à la fois amusante et intrigante.

2) J’ai un fichier idée, pour noter toutes mes idées de roman, de personnages ou situations, car j’ai une muse capricieuse qui ne me laisse pas tranquille tant que je ne les ai pas notés pour les garder bien au chaud et pourquoi pas les utiliser plus tard. Il y en a déjà quelques uns bien développés qui ne demandent que moi et du temps pour voir le jour.

3) J’aime travailler en même temps sur plusieurs projets totalement différents. Je me suis rendu compte, que j’étais plus productive ainsi. Ça me frustre et ça me bloque de devoir abandonner l’un au détriment de l’autre. J’ai des cahiers pour chacun, où je rassemble recherches, synos etc… pour chacun d’entre eux pour pouvoir toujours m’y retrouver.


Mes cahiers et casiers (pour ranger mes fiches au fur et à mesure des préparations, avant de les coller dans mes cahiers.)




4) J’aime écrire en musique. Je choisis mes supports avec soin. En écoutant une chanson, je suis capable de me rappeler quelle scène j’ai écrite en l’écoutant, et inversement une scène me fait fredonner instinctivement la musique sur laquelle je l’ai écrite.
Le lien peut être minime, parfois incohérent. Parfois, il ne suffit d'un mot du titre: par exemple l'album Virgin suicide pour le premier jet de Vierges du soleil.




5) J'ai besoin d'un visuel pour écrire. Que ce soient pour les personnages ou pour les paysages, j'ai besoin d'images pour cibler ce que je veux écrire dans un roman ou dans une scène. En général, j'aime utiliser des personnages de mangas pour mes perso et j'intègre souvent une série d'images dans leurs fiches pour les caractériser.
J'aime pouvoir me repérer sur des cartes et des plans également.

Voici Damien (Jouer n'est pas tricher) :




6) Je peux écrire n'importe où, à condition de réussir à recréer ma bulle.
J'ai normalement mon espace de travail bien aménagé, avec tous les outils nécessaires en cas de besoin, mais je eux aussi écrire dans la voiture, l'ordi sur les genoux quand j'attends mon garçon à la musique.

Mon espace aménagé, agréable, mais pas indispensable :







7) J'aime mes personnages, tous mes personnages. Qu'ils soient “gentils” ou “méchants”, justes ou cruels. 


Petit point bonus, avec mes outils


Mes bibles de l'écriture, mes encyclopédies et dictionnaires :


 



Mes cahiers, mon ordi, et ma tasse fétiche:





Oui, je sais, en fait c'est un mug... 

dimanche 15 mars 2015

Le monde de Marcelo de Francisco X. Stork // Challenge: we need diverse books//


Le monde de Marcelo de Francisco X. Stork



Résumé

À dix-sept ans, Marcelo Sandoval n'est pas un adolescent comme les autres. Atteint d'une forme d'autisme, il est beau, très intelligent, obsédé par certains sujets dont il connaît tout, mais ne sait pas communiquer avec les autres, se déplacer sans plan ou encore, draguer une fille. Parce qu'il pense que Marcelo peut se rapprocher de la "normalité" en s'y confrontant, son père l'embauche pour l'été dans son cabinet d'avocats. Au service courrier, Marcelo rencontre la belle Jasmine qui va le chapeauter. Il découvre aussi la compétition, la jalousie et tombe sur la mystérieuse photo d'une fille au visage affreusement mutilé...
Roman d'amour, drame judiciaire, roman d'apprentissage aux multiples enseignements, «Le monde de Marcelo» fait du bien à l'âme.


Meilleur roman - Jeunes adultes et meilleur héros de roman de 2009 (Publishers Weekly - USA).





Mon avis


Se plonger dans le roman, c’est réellement se plonger dans le monde  de Marcelo, comme nous le laisse entendre le titre. Une narration à la première personne maîtrisée et immersive nous entraîne dans sa vie et dans sa tête, nous fait envisager les choses sous son angle et nous aide à  saisir sa propre logique. Même si sa façon de raisonner ne parait pas toujours simple, elle est pourtant toujours cohérente et efficace. Celle ci est simplement différente, puisque Marcelo est atteint d’une forme d’autisme.

Marcelo s’avère vite un personnage frais et attachant, quoique têtu et pas très sûr de lui, ce que l’on peut difficilement lui reprocher vu le comportement de certains adultes à son égard. C’est un jeune homme serein, tant qu’on ne touche pas à son quotidien, constitué d’évènements rituels et routiniers. Marcelo a une idée bien précise de son futur proche: travailler l’été qui arrive dans les écuries Paterson, où il étudie actuellement et qui lui ont permis de beaucoup progresser, puis y trouver ensuite un travail à la rentrée. C’est un lieu où il se sent bien, où on ne l’expose pas au regard extérieur, où sa différence n’est pas un souci. Pourtant, son père en  a décidé autrement et va contrecarrer son beau programme.

Si sa mère comprend la différence de Marcelo et semble l‘accepter comme faisant parti de la personnalité de son fils, son père, par contre, ne veut pas croire à cette différence. Il veut la voir se résorber, maintenant que Marcelo a bien progressé (suite au travail effectué à Paterson). Il veut que son garçon soit normal. Pour cela, il lui propose de s’inscrire au collège à la prochaine rentrée et lui demande de travailler dans son cabinet d’avocat pour obtenir sa première expérience professionnelle.
Même si on saisit la volonté de bien faire du père, qui souhaite sans doute le bonheur de son garçon, il cherche avant tout à se rassurer dans son rôle de père. Et pour que son fils puisse le satisfaire, il faut que Marcelo passe par la case « être comme les autres ». On se demande si sa façon de bousculer son garçon dans ses habitudes et dans ses projets vient vraiment d’une intention l’aider ou s‘il ne cherche pas à faire de lui tout simplement « le garçon dont il pourrait être fier». Il y a un côté cruel et antipathique chez lui, mais là est la clé de l’histoire et des aventures de notre héros.
Devant la vive réticence de son garçon à se plier à ses projets, le père lui propose un marché : si Marcelo fait ses preuves pendant son travail d’été au cabinet, il lui laissera choisir ce qu’il fera à la rentrée.
Le père espère que cette nouvelle expérience amènera son fils à côtoyer de nouvelles personnes, des personnes qu’il considère comme « normales » contrairement aux enfants de Paterson et que par conséquent Marcelo aura envie d’élargir ses horizons. Il veut donc le voir changer, au risque même de lui faire perdre ses amis et sa vraie personnalité. 
Marcelo voit dans ce contrat la possibilité, certes retardée, mais toujours possible, de rejoindre les écuries Patterson, comme il l’a toujours voulu.

L’arrivée de Marcelo dans le cabinet va chambouler beaucoup de choses pour lui. Il était installé dans un certain confort routinier et familier. Là, tout devient une épreuve, même la plus simple des actions. Toute interaction avec les autres,  tout travail à effectuer, représente un réel défi. Le monde de Marcelo se confronte subitement et violemment à la réalité.
Même si Marcelo éprouve des difficultés à s’adapter et s’il lui faut du temps, toujours plus de temps que les autres, il procède à sa façon en adéquation avec lui même. A aucun moment, il ne renonce à lui-même, à sa différence, à sa propre logique. Elle fait partie de lui, même si elle le rend anormal aux yeux des autres. Il en a conscience, l’accepte, l’exploite avec lucidité, car Marcelo possède sa propre intelligence, sa propre analyse et  interprétation des situations et des événements, mais aussi sa propre sensibilité. C’est même ce fonctionnement de pensée spécifique, qui marque sa personnalité et fait de lui une personne juste, équilibrée et très attachante, voire adorable par moments.
Les relations de Marcelo sont toujours biaisées du fait de son autisme. Le regard des autres varie bien sûr, mais il reste toujours avant tout « Marcelo l’autiste », et même « l’idiot » pour certains, avant d’être Marcelo tout court et c’est cette façon d’être et de réagir vis-à-vis de lui qui va amplifier ses difficultés à communiquer. Seule, Jasmine, la secrétaire qui va le prendre sous son aile pour son travail au cabinet, s’adressera à lui en toute franchise, comme elle le fait avec tout le monde. Elle ne se gêne pas au départ pour lui transmettre son mécontentement et elle lui dira toujours la vérité, même au risque de le blesser. Elle ne s’embarrasse pas de faux-semblants et mieux vaut ne pas la mettre en colère. Marcelo en prend vite conscience et s’applique pour ne pas la décevoir. Son entrée à Paterson en dépend et il apprécie aussi de savoir à quoi s’en tenir avec elle. Ils communiquent ainsi plus facilement. Jasmine va même peu à peu entrer en phase avec sa façon de penser. Il s’apprivoisent l’un, l’autre et apprennent à se respecter et s’apprécier.
Les autres membres du cabinet sont loin d’être aussi transparents que Jasmine. Il y a  ceux qui montrent leur vrais visages et se montrent méprisants, moqueurs ou simplement méchants (et imbéciles…), Marcelo les évite au maximum. Et il y a également ceux qui manipulent, jouent de l’ironie, pensent pouvoir se servir de lui, et ceux-là sont plus difficiles à cerner pour lui, car il ne comprend pas l‘utilité du mensonge et de la fourberie. Il sera alors amené à réfléchir à plus d’une situation , à juger ce qui lui semble bien ou non et souvent soumis à des choix à faire.
La découverte de la photo d'une jeune fille défigurée et l’enquête qu’il mènera pour la retrouver, vont bousculer encore plus son monde et le confronteront à l’une des décisions les plus difficiles de sa vie. 

Pourtant Marcelo réagit toujours en fonction de ce qui lui semble juste,.
Il laisse les chamboulements influer sur son monde, que ce soit en bien ou en mal et en tire les leçons conséquentes: il apprend à quitter son confort égoïste, à affronter l’extérieur, cette réalité si peu en phase avec son monde : il grandit et gagne en maturité. Son fonctionnement de pensées va s’enrichir de nouvelles sensations, de nouvelles façons d‘appréhender le monde extérieur (même si celui ci restera toujours source d’agression et d’angoisse) , de manière plus nuancée. Il acquiert aussi de nouvelles  relations, et de nouveaux projets. 
Cette expérience professionnelle s’avère donc, comme son père l’a prévu, une possibilité d’élargir ses horizons, mais certainement pas de la façon dont il s’y attendait. Elle s’accompagne de bien des surprises, pas toujours réjouissantes, mais finalement positives pour notre Marcelo.

Quand les choses le dépassent, Marcelo a une technique personnelle bien au point pour trouver un refuge, sa propre bulle: il cherche sa musique personnelle, disponible par et pour lui seul,  aux variations qui lui sont propres. Il appelle cela son état de « remémoration ». C’est le terme qu’il emploie pour communiquer son état avec sa mère et ses proches. Donc l’état de remémoration fonctionne comme un jardin secret qui lui sert de refuge, lui permet de se calmer et peut s’atteindre, en ce qui le concerne, par la récitation des écritures saintes. Ce n’est pas que Marcelo  soit un grand croyant, mais il s’intéresse à toutes le religions, y cherche les différences et points communs, se sert des écritures de l’une ou l’autre des religions pour analyser, comprendre une situation qui lui échappe, et en discuter avec son amie. Cette exploitation ponctuelle et sélective des écritures saintes et de la religion m’a semblée fort intéressante. 

Dans le monde de Marcelo, le sujet de l’autisme est abordé avec naturel et justesse: sans chercher à tomber dans les grandes explications, justifications ou démonstrations, ou de l’inaptitude des uns ou des autres à s’adapter l’un à l’autre. Il véhicule plutôt un message de compréhension de l’autre, et du premier pas que l’on peut faire l’un vers l’autre.
Le style fluide et immersif, nous permet d’entrer dans la tête de Marcelo et de comprendre son raisonnement, mais on ne peut s’empêcher de s’identifier à la personne qui se trouve face à lui également : réagirait-on pareil ? Que ferions nous à sa place ? Que serait-il plus juste de faire ? Cette réflexion que l’on soit dans la peau de Marcelo ou face à lui, ce va et vient dans les deux rôles est extrêmement enrichissant, car il permet de mieux le comprendre et de mieux se comprendre.
Après, il est évident que Marcelo est un personnage, une personne singulière, dont on ne peut faire le modèle pour toute personne souffrant d’autisme et que l’on peut être amené à rencontrer. Il existe différentes formes et degrés dans l’autisme et chaque personne possède sa propre personnalité. Pourtant, le roman nous montre une démarche de tolérance à adopter pour essayer de comprendre l’autre, malgré sa différence, en comprenant son fonctionnement propre de pensée. Car cette personne n’est pas moins intelligente, elle l’est autrement. Par exemple dans le roman, Marcelo est capable d’emmagasiner tellement d’informations et de détails, qu’il a parfois du mal à les analyser et les traiter, mais une fois qu'il trouve la réponse à sa question, il ne se trompe jamais. Ce n’est pas non plus une personne hors d’atteinte. Il suffit de faire preuve de patience et de compréhension et de faire un pas vers elle, pour que le lien se fasse. C’est une personne qui nous respectera si on la respecte, au-delà de tout préjugé, sans la considérer comme une personne malade ou anormale. Cette personne est différente, mais ne sommes nous pas tous différents ? Notre point commun reste l’humanité, à nous d’en faire preuve.

En conclusion, Le monde de Marcelo est un roman intelligent et sensible, qui m’a apporté tellement en une seule lecture…et que je relirai, car je suis sûre qu’il me reste encore beaucoup à découvrir ! J’ai adoré vivre cette aventure du point de vue de Marcelo, explorer son monde, et le voir évoluer peu à peu. La fin est tout simplement sublime: juste, simple et émouvante. Ce fut donc, vraiment une belle découverte, réalisée grâce aux conseils et suggestions judicieux du site « We need diverse books ». J’espère que les autres romans proposés, et qui ont rejoint ma Pal, m’offriront la même intensité et autant d’émotion !




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vendredi 13 mars 2015

Et la mort perdra tout empire de jean Bury

Et la mort perdra tout empire, de Jean Bury


Résumé

La guerre totale est engagée et il est maintenant évident qu’aucun camp n’en sortira vainqueur. Mais la lutte doit continuer jusqu’à la dernière munition, jusqu’au dernier soldat, jusqu’à la dernière étincelle. Dans ce brouillard de sang et de poudre, une musique perce timidement : celle du fifre. Et quelques vers dont l’origine est inconnue résonnent en chœur avec elle.

Plus un cri de mouette à leurs oreilles
Ni de fracas de vagues sur les rivages ;
Là où la fleur surgissait, aucune fleur
Ne poussera plus sous les déluges ;
Ils seront morts et fous, simples clous,
Mais les têtes martelées jailliront entre les fleurs
Au soleil jusqu’à l’effondrement du soleil,

Et la mort perdra tout empire.



Mon avis

Jean Bury propose dans «  Et la mort perdra tout empire », une bataille qui oppose les humains aux lycans : l'avant, le pendant et l'après bataille avec toutes les stratégies, attaques, tueries et horreurs, se déroulant sur ce champs de bataille.

Pour la présenter, l'auteur utilise une narration à plusieurs voix. Même si chaque chapitre propose le point de vue de différentes personnes, cinq au total, il garde une linéarité et une cohérence chronologique. L'auteur place ses fils, tisse son intrigue, construit le récit avec soin. Il le maîtrise à la perfection et tient le lecteur en haleine. Il parvient même à le surprendre, grâce au jeu de ces différentes voix, très bien mises en place.

Les personnages sont liés ou se croisent. On s'attache à certains plus qu'à d'autres, notamment au petit fifre, dont on suit les aventures avec angoisse et qui s'avère bien vite le personnage central du récit. Certains personnages apportent des informations utiles ou une aide inespérée, mais ils ne marquent pas le récit dans la même mesure que d'autres, plus prégnants. Le capitaine Barraine et le sergent Liatochinski y jouent par exemple un rôle important, au même titre que le fifre et apparaissent dans deux chapitres. Cependant, on ne comprend le véritable rôle de certains d'entre eux, qu'après la bataille, quand les masques tombent.
L'immersion dans le récit est immédiate et totale: la narration à la première personne et le style de l'auteur, qui s'adapte et propose un ton différent selon les narrateurs, y contribuent pour beaucoup.

L'auteur distille des informations sur les lycans au fil du récit, mais finalement, cela se résume à peu. Les hommes ne semblent savoir sur eux que leurs caractéristiques physiques, utiles lors du combat (leur tailles, griffes, leur manque d'intelligence, si ce n'est pour les loups gris, leur puissance, leur bestialité et capacité à tuer), ou leur territoire. Peu de notions liées à leur mode de vie, leur culture. Les ennemis des deux camps semblent ne pas se connaître beaucoup. Et le récit nous le démontre dans son dénouement.

Les descriptions détaillées, riches et imagées font appel aux sens du lecteur, l'entraînent dans cette bataille aux côté des protagonistes.
A travers une atmosphère oppressante, l'auteur installe le sentiment de peur, de menace latente, omniprésente. Par le biais de ses personnages, par cette bataille et sa conclusion, il cherche également à démontrer l'absurdité de la guerre.
La fin propose pourtant une note d'espoir, touchante même si très mince et tout à fait relative. Au lecteur de choisir s'il veut y croire ou non.

En conclusion : je me suis trouvée complètement happée par l'histoire. J'ai apprécié le jeux des différentes voix, la détresse du jeune fifre, personnage très attachant par sa jeunesse et son courage, ces soldats qui se battent avec l'énergie du désespoir, mais aussi le style riche et soigné de Jean Bury. J'avais déjà adoré « Terre zéro » (mon avis à lire ici) et je n'ai pas été déçue par « Et la mort perdra tout empire ». Je remercie le forum Au cœur de l'Imaginarium et les éditions House made of dawn pour cette excellente lecture.

dimanche 8 mars 2015

Le testament de Galilée 2 de Sébastien Tissandier


Le Testament de Galilée 2 : Le parchemin, de Sébastien Tissandier


Résumé
Quelques semaines après les événements du premier volume, remis de ses blessures et libéré de l’armée, Kurtis Monroe part à la recherche de Jules Galio et de ses amis, périple qui le conduira jusqu’en France.
Des questions l’obsèdent : que sont devenus Anna et Hector ? Anna, enfermée dans son sarcophage, a-t-elle obtenu toutes les capacités en étant inondée par la Lumière Originelle filtrée par L’Œil de Galilée ?
Mais le temps presse car Kurtis ne semble pas être seul à suivre les traces laissées par son ami : les Ghosts, mystérieux groupe militaire, sont sur ses talons.
Après le succès de « L’œil », ce deuxième volume lèvera un peu plus le voile sur le Testament de Galilée !

Mon avis 
Ce deuxième tome du Testament de Galilée débute du point de vue de Kurtis Moneroe, maintenant ancien militaire depuis qu’il a démissionné de l’armée. A présent doté d’une capacité, qui s’avérera très utile, Kurtis n’a qu’une hâte : revoir Jules et leurs amis. Ceux-ci se sont enfuis, après l’avoir laissé encore souffrant à l’hôpital.
Sébastien Tissandier profite de ce premier chapitre pour proposer un rappel complet des événements du premier volet du testament de Galilée. C’est donc avec plaisir et soulagement qu’on retrouve Kurtis, totalement guéri et prêt à se lancer dans de nouvelles aventures. Pourtant, bien des obstacles se dresseront devant lui avant qu’il ne puisse retrouver ses amis. Entre la cachette secrète de Jules qu’il doit découvrir en cumulant les indices, que son ami a semé sur le chemin, sa nécessaire discrétion et les coups bas de leurs ennemis, les Originels de nouveau actifs, la tâche n‘est pas aisée. L’auteur met notre patience à rude épreuve, avant que les retrouvailles, bien sûr très émouvantes, ne se produisent. Malgré l’attente, on poursuit la lecture avec enthousiasme.

Si les Originels ont repris du service, ils ont retrouvé leur « reine » Anna, transformée elle aussi par son contact à a lumière originelle. Sa nouvelle capacité à assimiler les pouvoirs en fait un ennemi redoutable. Accompagnée d’Hector, toujours aussi abject, et de ses hommes de main, elle part en quête de nouveaux pouvoirs avec avidité, puis à la recherche de nos amis dont elle convoite également les capacités. Les Originels, représentent donc un danger plus puissant encore que dans le premier tome. De nombreuses confrontations sont au rendez vous et l’action prédomine.

De nouveaux protagonistes apparaissent également parmi les militaires : le capitaine Anderson à la tête d’un commando (les mystérieux Ghosts) recherche et identifie les personnes dotées d’une capacité. Après sa rencontre avec Hector et Anna, en quête d’un « crieur » qu’il protège, et qui deviendra vite plutôt mouvementée, il part à la recherche de Kurtis et de ses amis également. Ce commando deviendra-t-il allié ou ennemi ? Entre mensonges, complots et trahisons, le capitaine Anderson hésite sur les décisions à prendre.

Dans ce deuxième tome on retrouve la narration dynamique et le style fluide de Sébastien Tissandier. Il met l’accent sur l’action dans des scènes vivantes et soignées. Il est dommage qu’elles soient entrecoupées de détails de localisation qui freinent le rythme de lecture. La succession par exemple de « dans l’appartement» , « en bas de l’immeuble » sur plusieurs pages, entrecoupés de paragraphes plus ou moins longs, peuvent en effet gêner la lecture. Ce type de présentation se retrouve à plusieurs reprises dans le roman.

La narration se fait à la troisième personne, la plupart du temps, en alternance entre alliés et ennemis dont on suit l’avancée parallèle. Quand la narration passe de nouveau à la première personne, avec le point de vue de Jules, le lecteur peut rester confus. En effet, dans le premier volume l’auteur reste principalement du point de vue de Jules à la première personne et laisse quelques chapitres du point de vue des autres personnages, à la troisième personne. Comme on accompagne Jules la plupart du temps, c’est moins déstabilisant. Dans ce deuxième volume, il faut se réhabituer à ce procédé, ce qui est d’autant plus difficile, que l’on reste longuement éloigné de Jules.
Pourtant, le récit organisé sous forme de chapitres courts nous porte.
Les personnages découverts dans le premier tome restent toujours aussi attachants et leur complicité et amitié toujours intactes. On apprécie également les dialogues simples, chaleureux et naturels, souvent dotés d’une pointe d’humour.

En conclusion, on retrouve l’esprit de L’Œil de Galilée dans ce deuxième tome: simplicité, justesse des personnages chaleureux avec Jules et ses amis et des personnages de plus en plus dangereux chez les ennemis .
La narration et la plume de l’auteur agréables à lire, malgré quelques gênes à la lecture m’ont entraînée dans le livre, que j’ai dévoré en deux soirées: impossible de lâcher la liseuse. Je lirai la suite avec plaisir. D’ailleurs le troisième tome vient de sortir !
Je remercie le forum « Au cœur de l’Imaginarium » et les éditions « l’Ivrebook » pour ce bon moment de lecture.

samedi 7 mars 2015

Bilan de lecture-Février

Le mois de février s'est révélé riche en excellentes lectures: des partenariats, des livres en VO, de la SF, du fantastique, du Merveilleux et de la romance... et pas moins de cinq coups de cœur ! Un bilan très positif au final



katorga
Katorga de J.M. Archaimbault

Partenariat Au coeur de l'Imaginarium et Rivière Blanche
(Chronique en cours de validation, mais je peux déjà vous dire que j'ai beaucoup aimé: un très bon roman SF)
Premier coup de cœur du mois.



Sacrements par Barker
Sacrements  de Clive Barker

Un livre que j'ai adoré ! Un roman intense, avec une touche de chamanisme bien mise en place, beaucoup de noirceur, un personnage principal à l'esprit torturé, mais très attachant, un ennemi cynique et pervers.
Gros coups de cœur pour ce livre !



L'aube incertaine (Les futurs mystères de Paris) de R.C Wagner

Une entrée en matière que je ne fais pas dans l'ordre ! Je débute Les futurs mystères de Paris, tout simplement parce que j'ai trouvé le livre par hasard à la bibliothèque et que je n'ai pas résisté. Maintenant, je regrette de ne pas avoir commencé par le début, puisque celui ci contient bien des spoilers des tomes précédents. Tem (Temple sacré de l'aube radieuse) est un détective hors du commun et qui a déjà vécu bien des aventures. L'intrigue est sympa. J'ai bien envie de reprendre ma lecture au premier tome.





Les gentlemen de l'étrange d'Estelle Val De Gomis

Des personnages charismatiques et de mystérieuses enquêtes, certes un peu trop vite résolues à mon goût. Dommage, car j'ai aimé l'ambiance Victorienne. Une bonne lecture dans l'ensemble. 




Price of Passion de Cassandra Pierce (vo)

Bien trop court à mon gout, même si l'idée de base était bonne.
Elle méritait d'être étoffée. Dommage.
En tout cas, je lirai sans doute d'autres écrits de Cassandra Pierce.



Lecture de nouvelles en cours

Fairytales Slashed de Megan Derr (VO)

Megan Derr fait une réinterprétation très personnelle, tendre, parfois cruelle des contes traditionnels, tout en restant fidèle à l'esprit de ceux-ci.
Il s'agit ici de romances M/M, très agréables à la lecture. J'ai dévoré avec plaisir, apprécié les personnages et leurs extraordinaires aventures.
Un vrai coup de cœur !



Ombre Chinoise de Christophe masson

Partenariat Au coeur de l'Imaginarium et L'Ivrebook
(Chronique en cours de validation)



San coeur de Gail Carriger
Je continue ma lecture des Aventures d'Alexia Tarabotti et je ne m'en lasse pas !!!
Le dernier est d'ailleurs dan ma pal et je viens de faire une extraordinaire découverte, que je vous laisse découvrir en image:


sortie prévue sous peu en VO !!!





Redemption par Rousseau
Rédemption de Bérengère Rousseau

Chronique ici.
Gros coup de cœur !


Le monde de Marcelo de Francisco X.Stork

Encore un coup de cœur.
Un livre à découvrir !
Chronique à venir...



jeudi 5 mars 2015

Dernières acquisitions 6

Ils sont arrivés hier. Ils sont beaux et j'ai bien envie de me plonger dedans prochainement !



lundi 2 mars 2015

Dernières acquisitions (papier) 5

Voici mes dernières acquisitions : pratiquement que de l'occas. pour une fois (sauf Black dog et girl stolen) à un prix imbattable (moins de 3 euros frais de port compris!), et en VO (sauf Neverwhere)

J'ai été très agréablement surprise de la rapidité de l'envoi (d'Angleterre) et du très bon état des livres.


J'ai craqué sur ces livres de Clive Barker en VO. J'ai déjà lu Abarat en numérique, mais là, cette version illustré est juste magnifique !
Evidemment, j'ai pris également le deuxième tome. J'y ai ajouté Galilée que l'on m'a vivement conseillé.

 Ce livre fait parti de la sélection des romans proposés dans We need diverse books.
Hâte de me plonger dedans. 


Deux livres qui s'opposent: l'un promet d'être angoissant et oppressant
et l'autre d'être plus léger. A confirmer après lecture.


Le seul qui soit en VF. J'en ai beaucoup entendu parler.
 Il est temps que je me plonge dedans à mon tour !

J'ai encore 8 livres en attente de réception: moitié occas, moitié neuf et moitié VO (anglais) et VF
Je vais surveiller ma boîte aux lettres avec attention encore toute la semaine.

La dernière terre (1)

C'est avec plaisir et fierté que je peux  maintenant partager avec vous la bonne nouvelle: mon entrée dans la dernière division des Arpenteurs des Cinq Territoires.
Preuves en images :

Ma carte et mon courrier d'affectation 
signé par le Haut-Capitaine Magali Villeneuve en personne !

Pour ceux qui ne connaissent pas encore La dernière terre.
"Courrez pauvres fous !"
Pour l'acheter évidemment !