lundi 20 avril 2015

Ombre chinoise, de Christophe Masson


résumé
À Clermont-Ferrand, un ancien écrivain, vivant à l’écart du monde, loue un studio au-dessus de chez lui à un étudiant chinois. Peu à peu, des liens d’amitié se tissent entre ces deux hommes que tout sépare.
Et quand surgit Chuntian, une professeur de mandarin, un trio amical et amoureux se met en place entre séances à la piscine et promenades sur les volcans d’Auvergne. Jusqu’au jour où l’étudiant disparaît sans laisser de traces…
Corruption et trafics sont les mamelles de la nouvelle Chine capitaliste. L’enquête du narrateur pour retrouver son ami le conduira à Shanghai puis aux portes du Tibet, dans une vallée censée abriter l’Éden sur terre. Mais on le sait, le paradis peut être pavé de mauvaises intentions…


Mon avis
Ombre chinoise nous propose de partager l'histoire de deux personnages que tout oppose. Le narrateur et Gao, étudiant Chinois qui débarque dans sa vie et la bouleverse.
Au delà des deux univers totalement différents, on retrouve une opposition entre la jeunesse, la vitalité, et l'ambition de Gao et l'âge, l' immobilisme et le regret des voyages d'autrefois de notre narrateur. Celui ci fut un grand voyageur et un romancier, mais plus rien ne semble attractif et il est tombé dans la morosité, la nostalgie et l'ennui.
Gao Jian, de son côté est le séduisant étudiant au rire facile, naïf, rêveur, aimant (il est très attaché à sa famille), serviable et droit avec ses voisins, séducteur avec les filles et avide d'argent. Le narrateur lui découvre au fil du récit une double personnalité et on se demande quelle est son identité véritable.

L'amitié entre les deux hommes semble basée sur une compréhension mutuelle, l'étudiant chinois essayant de faire évoluer la vision occidentale qu'a le romancier de la Chine et le pousse à focaliser son intérêt sur son pays. Il agit comme un véritable déclencheur de changement pour le narrateur, qui prend des cours de mandarin et développe sa fascination pour l'empire du milieu. On sent qu'à travers cet intérêt pour le jeune homme et sa culture, il tente de se retrouver et de rattraper quelque peu sa jeunesse envolée et son goût de la découverte et de l'exploration.
Son amitié pour le jeune homme lui permet ainsi d'ouvrir d'autres portes de sa vie qu'il croyait définitivement fermées : il tombe amoureux et entreprend un voyage en Chine. Si le jeune homme influence le romancier de manière forte en changeant son quotidien, il bouscule aussi son amour propre. Le narrateur ne peut que lui envier sa jeunesse, sa beauté, son charme et ressentir de la jalousie à son égard.
Cette jalousie atteint son paroxysme quand il tombe amoureux de Chuntian, jeune professeure de mandarin, élégante et bosseuse, qui lui préfère finalement Gao. 
Pourtant, même s'il ressort amer de l'expérience, il comprend la jeune femme et préfère conserver l'amitié des deux jeunes gens.

La disparition de Gao bouleverse leur vie.
C'est pour Chuntian que le narrateur entreprend de retrouver le jeune homme, même s' il souhaite également comprendre ce qui est arrivé à son ami.
Pourtant, ses justifications paraissent un peu bancales, pas forcément convaincantes, car il entreprend un voyage assez risqué et à l'aveugle. Difficile de comprendre ses motivations profondes. A quoi va-t-il servir de retrouver le jeune homme qu'il sait menacé ? Pourquoi prendre ce risque et ne pas renoncer quand il sait qu'il les met tous les deux en danger ?

L'aventure n'est pas forcément très présente dans le roman, contrairement à ce que laisse penser le résumé. On peut considérer qu'il y a deux parties bien distinctes dans le récit.
Dans la première partie : on assiste aux discussions du narrateur, principalement avec Gao (parfois avec Chuntian), ce sont deux visions et deux personnalités qui se découvrent et s'opposent.
Le côté historique (vécu par le grand père et le père de Gao) très développé s'avère intéressant.
La deuxième partie, plus vivante relate le voyage et les recherches : l'auteur nous propose une bonne immersion dans le pays, pas forcément seulement en tant que touriste, car l'enquête et les recherches font découvrir d'autres aspects sur la personnalité de Gao, mais aussi sur les autres habitants des villes et villages traversés, leurs coutumes et leur vie quotidienne.
L'auteur semble tenir à montrer une facette différente et vraie. Les descriptions des paysages et mode de vie des habitants apportent de la crédibilité et un dépaysement immersif au lecteur.

L'absence de chapitres est inconfortable pour le lecteur et provoque des difficultés à se repérer, et certaines longueurs. Le manque de rythme se fait surtout ressentir dans la première partie où les longues discussions et l'absence d'action peuvent devenir lassants, si le lecteur n'est pas un passionné d' anecdotes historiques et culturelles. De plus l'auteur s'attarde sur un quotidien répétitif et des banalités inutiles pour l'intrigue. Les indices laissés sont peu prégnants, voir imperceptibles, noyés dans ces longueurs narratives.
Parfois, on assiste au passage d'un sujet à l'autre, sans coupure cohérente ou des scènes sont simplement juxtaposées, entraînant la confusion du lecteur qui peut vite se perdre et se lasser.
Toutefois, la plume de l'auteur est fluide et agréable à lire.

En conclusion, « Ombre Chinoise » est un roman instructif, inspiré de faits réels, pourtant mon avis reste mitigé. Ce n'est pas un mauvais roman, mais la rencontre ne s'est pas faite. Dommage. Je remercie le forum Au cœur de l'Imaginarium et les éditions l'Ivre-book pour cette lecture.

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