Seentha est un roman de SF sombre et atypique, difficile à résumer sans dévoiler la richesse de l’intrigue et du récit. Je vous laisse donc découvrir le résumé de quatrième de couverture.
" En ce temps-là tombait lentement sur l'univers de l'homme une nuit mortelle où toute conscience allait s'engloutir. Aux mille points cardinaux du cosmos s'enflaient, invisibles et vénéneux, des vents de désolation. Alors s'illustrèrent les chercheurs d'impossible. Telle la foudre qui sillonne les nuées, partaient les vaisseaux de ces nautes hantés par le mal de savoir. Et le vide aux ténèbres glacées ouvrait sur eux la gueule de la mort. Car au-delà de la lumière et de l'ombre, au-delà de toute conception d'homme, roulaient dans le silence de l'espace de monstrueuses planètes "
D'après Kurt Steiner, Chants des Ordres Parfaits.
Voici l'histoire d'un jeu cruel aux dimensions du cosmos, et d'une damnation éternelle.
L'histoire d'un voyage au bout du désespoir qui emmènera Gottfried Falkenberg des mers de la Vieille Terre aux océans du ciel et aux arrière-mondes où des dieux malades écrivent, en lettres de sang, la tragique destinée de leur Création.
L'histoire, parsemée de faux-semblants, d'une quête infinie, la recherche de l'idéal féminin, du Visage et de SEENTHA
Dès le départ, l’auteur met en place une ambiance particulièrement intrigante, voire angoissante et happe le lecteur. J’ai apprécié de retrouver un parallèle maitrisé entre intrigue et atmosphère, association déjà découverte auparavant avec « Katorga, du même auteur. La lecture reste néanmoins difficile, car l’intrigue complexe s’installe doucement, en déployant des fils bien différents et ne s’éclaircira qu’au fil du récit. Pourtant, pour tout amateur de SF, ce roman vaut la peine que l’on s’accroche : il surprend et fascine quand le puzzle se met en place au fil des pages.
Jean Michel Archaimbault propose une SF traditionnelle en respectant ses codes: il développe un monde futuriste bien construit, possédant sa propre histoire, ses légendes, des paysages décrits avec finesse et poésie, une faune et une flore riches et détaillées. Il dote également son intrigue d’une dimension mythique et mystique tout à fait intéressante. En ce sens, la terra formation, l’histoire de la destruction de la terre, l’exode et l’apparition de la cosmomythologie s’imposent au cœur de l’intrigue.
Le climat propre à la SF est omniprésent, mais la technologie évoluée amenée avec naturel n’entrave pas la compréhension du lecteur et ne prend pas le dessus sur les personnages. Ceux ci ont leurs croyances et leurs secrets, leur étrangeté. On les suit avec une curiosité à la fois impatiente et craintive. La narration précise et les points de vue employés accentuent leur côté énigmatique, tout en nous les rendant attachants dans leurs dissimulations, leurs incertitudes, et leur détresse.
C’est pourtant l’intrigue qui prime. Les fils de celle-ci se démultiplient pour ensuite converger vers une conclusion étonnante. De plus, aux dimensions mystiques et mythiques, s’ajoutent la sphère musicale avec de nombreuses références aux opéras de Wagner, qui servent souvent d’ouverture aux différents chapitres. On peut citer également de nombreuses allusions à Asgard. Ce mélange d’influences offre un côté original et détonnant au roman.
Avancer dans la lecture de Seentha m’a laissé la même impression que celle éprouvé avec Katorga: celle de m’être faite piéger par l’auteur dès les premières lignes et de l’avoir suivi exactement là où il voulait me mener. Jean Michel Archaimbault instaure un confort au lecteur (respect des codes SF, un univers riche et maîtrisé), mais arrive à surprendre tout au long du récit. Pas d’ennui, juste l’envie de poursuivre l’aventure jusqu’à la dernière page.
La plume vive et juste, précise et fluide y contribue aussi largement. Elle prend même une dimension lyrique pour certains passages.
En conclusion, Seentha est un roman complexe et étrange, que j’ai lu avec plaisir. Je le relirai d’ailleurs à l’occasion, car il ne s’agit pas d’un livre d’une seule lecture.
J’ai également pris plaisir à retrouver la plume de Jean Michel Archaimbault et sa touche personnelle (une intrigue riche et surprenante, menée avec précision, une atmosphère mélancolique et sombre, et un personnage principal énigmatique). Je le lirai à nouveau avec plaisir: requiem pour âmes d’ombres attend dans ma Pal.
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