Commencer la lecture de la nouvelle Le Roi Soleil, c’est s’immiscer dans l’intimité d’un homme confus, s’adressant à la femme qui l’attire, l’intrigue, le fascine, mais aussi paradoxalement, la femme qu’il traque.
Du début à la fin de la nouvelle, celle ci reste l’objet de ses désirs et de son obsession, même si ses sentiments oscillent entre amour et déception.
Si le récit est très bien écrit, la première partie de la nouvelle parait froide. Quelques indices évoquent le danger et le côté obscur de la belle, la crainte qu’elle éveille en lui. Le traqueur prend le pas sur l’homme. Le style reste légèrement impersonnel, sans passion. Peu de place pour les émotions romantiques. Au sentiment amoureux viennent se mêler la peur et la déception.
Dans cette première partie, le narrateur livre peu de détails. Bien au contraire, les énigmes s’accumulent au fil des mots. Le lecteur peut se sentir perdu face au manque d’informations (sur les personnages ou leurs motivations), et ne possède que peu de repères pour entrer dans la deuxième partie.
Dans cette deuxième partie, le lecteur s’immerge un peu plus dans la tête du narrateur qui nous entrouvre enfin la porte de son intimité. Parallèlement, la confusion (celle du narrateur, tout comme celle du lecteur) s’accroît un peu plus encore.
Une fois de plus, la présentation du personnage reste brève et teintée de noirceur: il fuit, mène une vie sordide, se cache derrière des murs de crasse, s’adonne à la boisson, fréquente les prostituées…Il semble également instable, quand il s’agit de la femme, objet de son désir. On le découvre en proie à la jalousie, quand il comprend que sa belle avait un amant, à la paranoïa, quand il se pense l’objet d’une machination et à la déception, car celle qui l’obsède s’éloigne de plus en plus de l’image idéale qu’il s’était faite d’elle. Impossible de déceler le vrai du faux. Le personnage est-il réellement la victime d’un piège, ou est-il en proie à la folie et aux remords ? Même le narrateur ne sait faire le tri entre la réalité et ses fantasmes. La tension monte. Le lecteur se retrouve pris au piège de la toile, que l’auteur a tissée au fil de sa plume. celui-ci semble maîtriser parfaitement l’avancée de son récit.
Dans la troisième partie, la personnalité du narrateur change. Les sentiments de jalousie et de paranoïa restent prégnants. La confusion, (voire la folie) à présent empreinte de déception et de haine froide, ne cesse de s’intensifier jusqu’à la conclusion finale.
Dans les derniers mots de la nouvelle, le titre prend tout son sens.
En conclusion: j’ai beaucoup aimé cette nouvelle. L’auteur maîtrise son récit et parvient à nous mener dans les méandres de l’esprit torturé de son personnage. On partage ses doutes et sa confusion, jusqu’à l’éclaircissement final. J’ai également apprécié la plume assurée et sombre de l’auteur.
Je remercie le forum Have a break, Have a book et les éditions Les chemins obscurs pour cette lecture.
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