jeudi 3 juillet 2014

Sexe, mensonges et banlieues chaudes de Marie Minelli



Sara s’ennuie et étouffe sous les contraintes de sa vie de privilégiée. Elle aspire à du changement et se met en quête de liberté.

A travers ce roman, Sara mène une rébellion plus difficile qu’il n'y parait. Elle est enfermée dans une vie entièrement planifiée pour elle (un fiancé qui ne la satisfait pas, un boulot avec belle maman). Elle n’a pas choisi ce qui lui arrive, le subit, sans pouvoir dire un mot, sous la pression d’un monde réglementé par la bienséance et les apparences. Pourtant, Sara fait preuve d’un esprit critique assez surprenant envers ce monde, et même d'un certain cynisme, puisqu’elle a toujours connu cette vie aisée et facile.

Sans doute est-ce lié à sa prise de conscience ou à son envie de liberté et d’indépendance, latentes avant même que l’histoire ne débute (le prologue est en ce sens particulièrement savoureux). Sara est donc un personnage qui évolue. L'élément déclencheur s'avère être une scène, où la jeune femme joue les voyeuses (celle ci sert de déclencheur à l’histoire). Elle y trouve l’envie et l’excitation nécessaire pour forcer le destin et trouver cette nouvelle vie tant convoitée.

Les autres personnages restent assez stéréotypés. On ne les voit pas ou peu évoluer. Dans le roman tout tourne avant tout autour de Sara. Même Djalil, son prince charmant des banlieues semble peu présent.

Amaury le riche fiancé et ses parents coincés et rigides ou les copines superficielles, apparaissent soit totalement dépravés soit totalement prudes et conservateurs, donc clairement basés sur des stéréotypes bien ancrés. Par contre, les banlieusards, même s’ils répondent aux clichés habituels, ont fait des études et se montrent professionnels.

Si les clichés employés contribuent au côté léger et amusant du roman, certains deviennent parfois pesants. D’un côté les riches malsains ou stricts et irrécupérables, trop soucieux de préserver leur petit confort personnel et de l’autre les gentils et courageux banlieusards, cela manque un peu de nuances. On regrette un peu, également, le clivage total entre les deux mondes, dont Sarah reste le seul lien. Certaines rencontres auraient pu être amusantes…

La romance entre les deux protagonistes, Sarah et Djalil, arrive de façon un peu abrupte, mais se met ensuite bien en place. L’auteur prend bien des détours pour réunir ses deux personnages, comme dans toute romance qui se respecte. Sara en bave à cause de Djalil, mais gagne grâce à cette expérience, et au contact de ses nouveaux amis, une évolution positive de sa personnalité (avec plus de tolérance, de générosité et de mordant) ainsi que son indépendance.

Dans le roman, les scènes les plus chaudes sont variées et bien écrites. La justesse des descriptions, des sensations et des émotions leur donne du cachet. Pourtant, si les lieux et les situations sont diversifiées, certaines ne se fondent pas toujours naturellement dans le contexte et paraissent un peu calculées.

Les style et le ton du roman sont agréables. La plume fluide, légère et naturelle de l’auteur, le ton humoristique et ironique, font de " Sexe, mensonges et banlieues chaudes", un livre qui se lit facilement et rapidement.


Je remercie le forum Au coeur de l'Imaginarium et les éditions La Musardine pour cette lecture.

mardi 1 juillet 2014

Le chant du couple de François Chabert


"Le chant du couple" évoque des tranches de vie de couples différents, sous une optique réaliste pimentée de fantasme et d’érotisme, à travers trois nouvelles.
Ces couples possèdent tout pour être heureux, mais la routine les guette impitoyablement. En toute logique, la situation leur échappe et dérape. Le chant du couple nous propose donc de découvrir leurs insatisfactions, incartades et dérives, ainsi que les changements qui s’en suivent, lourds de conséquences pour leur vie amoureuse et intime.

Le faux pas
Antoine prend le chemin du bois pour assouvir ses besoins, fuyant les refus obstinés de sa femme. Leurs problèmes de couple font suite à un incident, pendant lequel Antoine a osé assumer un de ses fantasmes et s’est montré moins conventionnel dans son approche. Celui-ci date d’il y a plusieurs années déjà, et sa frustration et sa patience semblent avoir atteint leurs limites.
Les sentiments d’Antoine oscillent maintenant entre honte, gêne, excitation et culpabilité.
Le concept de cette nouvelle est assez banal, mais celle-ci est bien écrite, donc se lit sans déplaisir.

Par la main
Olivia étouffe dans sa vie de Bourgeoise, sans soucis. Tout est beaucoup trop lisse, parfait et raisonnable, surtout son gentil mari qui ne la satisfait plus. Elle s’insurge à travers ses fantasmes et rêve d’autres mains plus rudes et brutales. Mais quand un jour, excédée, elle s’en prend à son mari, elle découvre que celui-ci n’est peut être pas aussi patient qu’il le parait.
Une approche intéressante qui joue sur les contrastes entre ce qu’on attend d’Olivia et ce qu’elle est maintenant devenue. Ce couple que l’on sent perdu, finit par se retrouver en assouvissant leurs fantasmes.

Couple et autres petits arrangements
Même si Magali est loin d’être parfaite, c’est une femme pétillante et bien dans sa peau. Elle accepte son corps, sa volupté et ses imperfections.
Le souci de Magali est qu’elle n’arrive pas à pardonner à Thomas son infidélité. Ils se sont séparés suite à l’incartade de celui-ci, puis remis ensemble. Pourtant, malgré ses efforts, elle n’arrive pas à oublier cet autre Thomas (si différent, si bestial), quelle a surpris avec une autre. Celui-ci lui propose alors d’apporter des changements à leur vie intime. Afin de la reconquérir, il lui fait découvrir des plaisirs partagés avec d‘autres couples, multipliant ainsi les caresses et décuplant le plaisir de son amante.
On suit avec intérêt le parcours de Magali, femme attachante et libérée.

Le livre se lit avec plaisir, car le style est fluide et très agréable. Les scènes érotiques sont abordées avec justesse et bien dosées: ni trop, ni trop peu. Elles s’insèrent avec naturel dans l’histoire de ces couples. Il n’y a également pas de redondance dans les sujets évoqués. S’ils ne sont pas forcément originaux, j’ai apprécié l’exploration psychologique et intime faite par l’auteur. J’avoue une préférence pour la dernière nouvelle, car j’ai apprécié le personnage de Magali.

Je remercie lés éditions Dominique leroy (collection E-ros) et le forum Au coeur de l'Imaginarium pour cette agréable lecture.

La maison ogre d' Arnaud Prieur


Eric, chasseur d’héritiers, mène une vie plutôt banale, jusqu’au jour où il se rend à l’enterrement de son mentor. Après avoir quitté sa veuve, il assiste à un accident, dans lequel semble impliqué l’un de ses amis. En s’y intéressant d’un peu trop près, il se retrouve, bien malgré lui, embarqué dans une sale histoire. On découvre alors, qu’Eric n’est pas si ordinaire qu’il en a l’air et les secrets de son passé douloureux resurgissent. 

Le démarrage du roman se fait tout en douceur. L’auteur prend le temps de présenter les personnages et les bases de son intrigue. Les chapitres successifs offrent une alternance de points de vue, mais l’histoire se resserre vite autour d’Eric et chacun des personnages finit par croiser son chemin. 
Son passé particulier permet à Eric d’appréhender les situations avec compréhension et empathie pour les victimes. Ce détail, loin d’être une coïncidence facile et artificielle mise en place par l’auteur, se révèle au contraire très cohérent dans le récit.
On découvre également des personnages très humains, nuancés et crédibles. Leurs relations compliquées contribuent à développer leur consistance. Parmi eux, on peut citer l’ancienne petite amie d’Eric, Nora, son ami Yannick, mais aussi Brutus, un étrange garde du corps, Ralph le journaliste, et l’inquiétant Victor Kaehl. Ils sont, soit des proches d’Eric, soit des personnages que celui-ci finit par rencontrer et affronter au fil des pages. 
L’approche soignée et progressive des personnages offre un ancrage intéressant à la réalité. Celui ci permet d’amener le surnaturel avec plus d’impact. De plus, on s’attache sans mal à eux, et comme l’auteur ne les épargne pas, la lecture gagne en intensité. On tremble et souffre avec eux. 

Dans «  La maison ogre», les mystères s’imbriquent et chaque nouvelle information amène de nouvelles questions. L’auteur laisse le lecteur toujours sur le qui-vive, en haleine et prêt à tourner la page suivante, non sans l’inquiétude de ce qu’il va découvrir ensuite, car ses certitudes se font et se défont au fil des pages.
Rien n’est laissé au hasard dans le roman. L’intrigue bien ficelée, semble menée par l’auteur, comme une araignée tisse sa toile, sans doute pour mieux piéger le lecteur. En effet, c’est bien lui la proie qui se trouve au centre: Eric est l’instrument qui fait avancer dans cette histoire au départ sombre, et qui plonge le lecteur dans l’horreur et le sordide. 
L’araignée et sa toile sont d’ailleurs des symboles très forts dans le roman. 
La touche fantastique reste discrète, mais n’appelle pas à plus de surnaturel. L’auteur n’a aucunement le besoin d’user d’artifices pour en mettre plein les yeux au lecteur, car sa maîtrise du récit suffit à le fasciner.

L’écriture est fluide, et le style de l’auteur contribue à une atmosphère propre au roman. Celle-ci évolue: elle maintient d’abord le lecteur en alerte, devient menaçante, lourde et pesante, avant que l’angoisse ne s’intensifie. Les descriptions et situations semblent également choisies avec soin. Même les mots et expressions ne doivent rien au hasard. 

Si la fin apporte des explications, certains petits points demandent encore des éclaircissements. Cette fin semble d’ailleurs inviter le lecteur vers un deuxième tome, qui apporterait peut être des réponses aux questions que l’on peut encore se poser. 

En conclusion: l’auteur maîtrise de manière impressionnante l’intrigue, l’atmosphère et les mots. L’ensemble permet une immersion progressive dans un roman intense. Le deuxième tome serait envisagé. Je reste donc en attente, tout comme je l’ai été tout le long du roman, et c’est avec un soupçon d’excitation et d’impatience que je vais guetter la sortie de ce deuxième tome.
Je remercie les éditions du Riez et le forum Au coeur de l'Imaginarium pour cette très belle découverte.

samedi 21 juin 2014

PAL des vacances

Pour cette PAl spéciale vacances, pas de livres papiers, que du numérique pour remplir ma liseuse. Pas de thématique non plus, juste les livres qui me font de l’œil depuis longtemps, plus quelques partenariats. Bref, je me fais plaisir.


Livre numérique Lettres écarlatesLivre numérique Les Marcheurs de BrumeLivre Avis de tempêteLivre numérique Le Goût des CendresLivre numérique Purespace - episode 1

Livre numérique Lady Bang and The Jack - Les Foulards rouges - Saison 1 - Épisode 1Lady Falkenna Episode 1



mercredi 11 juin 2014

La cité écarlate de Sami Mokaddem



Résumé
A la fois féérique et déchirante, ces nouvelles traquent les marques laissées par des rencontres perdues, des histoires inachevées et des baisers volés. Sans aucun apprêt, laissez-vous tenter par ces aventures surprenantes. Chantez la vie, l'amour, la mort et l'éternité. Reprenez le refrain résonnant de ce chant : épousez ses rimes et saisissez ses blancs.

L'auteur nous invite à nous soustraire du réel morose afin d'explorer les contrées d'un au-delà rutilant chargé d'accueillir des fictions qui se croient et se fondent. Chaque conte se lit à son propre miroir et se lit au miroir des autres. Jouez le jeu et cherchez vous parmi ces panoplies de reflets...

Mon avis

Le recueil « La cité écarlate » se constitue d’un ensemble de courtes nouvelles, qui mettent en scène des moments de vie fugitifs, tendres, sensuels, passionnels, doux, parfois tristes et cruels. On retrouve, dans chacune d’entre-elles, des couples qui se rencontrent, s’aiment, se déchirent, se quittent, et se regrettent, sous la forme d'instants du quotidien insouciants et précieux, de rencontres et de moments de séduction, de brèves incartades, de flashes nostalgiques ou de ballades oniriques.

La nostalgie amoureuse y est d’ailleurs un thème assez récurent, car l’auteur y célèbre l’amour avec un grand A, l’explorant des débuts de la passion naissante, à la fin souvent cruelle et dévastatrice. Grâce à chacune de ses nouvelles, il emmène le lecteur de la petite étincelle qui éveille les cœurs, à la tristesse et au deuil difficile (impossible ?) de l’amour perdu.

Le style de l’auteur, simple et fluide se lit avec plaisir, d’autant que les nouvelles sont empreintes de poésie et de volupté.
Les personnages paraissent peu développés, presque anonymes (seuls quelques signes distinctifs permettent de faire le lien pour les retrouver dans les différentes nouvelles). Ils permettent toutefois de s’ identifier sans mal, car ce sont toujours les émotions qui prennent le pas. De plus, on les découvre au fil des pages et on apprend à les connaître peu à peu.
Si les nouvelles sont courtes, c’est souvent presque à regret qu’on les finit, et les histoires évoquées sont d’une telle intensité, qu’en rajouter aurait ôté leur effet percutant.

La nouvelle « La cité écarlate » représente le cœur du recueil, mais chacune des nouvelles apporte les pièces d’un puzzle, qui se met en place lors de la nouvelle finale. Là, le recueil prend toute sa dimension et ce point final donne presque l’envie de le relire aussitôt. A ce moment, les nouvelles prennent pleinement leur sens et forment enfin une unité.
La touche fantastique, légère et bien exploitée, apporte également une jolie cohérence à l’ensemble.

En conclusion:
« La cité écarlate » ne se dévore pas, mais se savoure mot après mot, nouvelle après nouvelle. Même si certaines nouvelles m’ont moins touchée, d’autres m’ont totalement transportée. Tout dépend de la sensibilité et de l’expérience personnelle du lecteur. Le recueil n’en reste pas moins magnifique et je conseille vivement sa lecture aux amateurs de romances vraies, justes et poétiques, aux adeptes de nouvelles fantastiques douces et oniriques.
Je remercie le forum Au cœur de l'Imaginarium et les éditions Pop Libris pour cette merveilleuse découverte.