Résumé
Quand un vieux médaillon et quelques documents anciens révèlent à Noâm les soupçons de collaboration qui pèsent sur son arrière-grand-père, son monde bascule. Comment accepter et vivre avec cette honte ? Il veut comprendre. Avec son meilleur ami, il se rend au Château de Noisy, là où son aïeul fut aperçu pour la dernière fois.
Sur place, ils sont victimes d’un éboulement. Ils se réveillent en 1944 à la veille de la Bataille des Ardennes. Noâm voit là l’occasion de restaurer l’honneur de sa famille, au risque de changer le cours de l’Histoire. Et si, justement, celle-ci avait déjà changé ?
Sur place, ils sont victimes d’un éboulement. Ils se réveillent en 1944 à la veille de la Bataille des Ardennes. Noâm voit là l’occasion de restaurer l’honneur de sa famille, au risque de changer le cours de l’Histoire. Et si, justement, celle-ci avait déjà changé ?
Mon avis
On entre rapidement dans le vif du
sujet et l'intrigue piège le lecteur sans mal. Par contre,
l'imprégnation dans la vie de Noâm se fait brève et on le découvre
surtout par ses discussions avec son ami Lucas ou avec son père.
Leurs relations, dans ce début de roman, manquent un peu de profondeur et je me
suis inquiétée pour la caractérisation à suivre des personnages, mais ce
soucis se résout très vite au fil du récit.
La narration reste centrée
essentiellement sur Noâm, mais on s'attache également à son ami
Lucas et Félicien, son arrière grand-père. Lucas se révèle vite
une aide précieuse pour lui. Il fait preuve de maturité. Calme et
réfléchi, sa lucidité l'apaisera plus d'une fois dans les moments
difficiles. Son amitié avec Noam et leur complicité sont palpables
et semblent grandir encore au fil de leurs aventures. Si la relation
avec Félicien commence par de la méfiance et de l'incrédulité, ce
qui peut bien se comprendre vu la situation, les liens familiaux
reprennent vite le dessus et la tendresse entre ces deux personnages
semble évidente.
On suit donc les aventures de ce trio
improbable, dans leur lutte pour leur survie et pour leur cause. On les
voit souffrir et évoluer. Cependant, la coopération et la
solidarité qui les lie, n'excluent pas les choix compliqués et décisions difficiles à prendre ainsi que des sacrifices parfois
nécessaires. Les deux adolescents apprennent à jongler avec les
circonstances historiques de la guerre, comprennent pleinement la
gravité des enjeux, l'horreur présente au quotidien, inévitable et
frustrante et font face à des situations auxquelles ils n'étaient pas
préparés.
Bérengère Rousseau retranscrit très
bien cette période trouble, marquée par une atmosphère lourde,
cruelle et triste, où règnent les sentiments de peur, de lâcheté,
d'amertume, de culpabilité, et de duplicité.
L'ennemi et sa fourberie, Hitler et ses
hommes, tellement infâmes qu'on se demande s'il leur reste une once
d'humanité, y sont aussi parfaitement bien abordés. L'auteur s'appuie sur leur intelligence
stratégique et calculatrice, leur manque total de scrupules et de
respect pour les vies humaines. Ils apparaissent comme de vrais
monstres, tantôt mielleux, tantôt sadiques et implacables. L'auteur
sait également nuancer leur degré d'ignominie, et leur accorde
ainsi du réalisme et de la crédibilité. De plus, elle ne triche
pas sur l'horreur de la guerre, l'évoque et la décrit avec
justesse, sans tomber dans l’excès, mais sans rien omettre non
plus.
L'auteur donne au fil de l'intrigue des
repères précis au lecteur, ce qui lui évite toute confusion dans
les méandres d'un espace-temps capricieux : un personnage,
Noâm, un artefact, le médaillon (qui provoque le voyage temporel),
et un lieu, le château Miranda. Ils représentent des ancrages entre
le passé d'un monde parallèle et le futur variant selon les
conséquences des actes de Noâm. Celui ci interfère dans le
déroulement du temps et brise la ligne temporelle telle qu'elle
devait être. Ces points d'ancrage particuliers du récit possèdent
donc une évolution marquée par cette brisure et révélatrice des
changements à venir.
L'auteur insiste également sur les
lieux, dont elle fait une description détaillée, cohérente et
immersive: en donnant de nombreux détails sur l'architecture du
Château Miranda, lui aussi au cœur de l'intrigue, ce qui permet au
lecteur de situer les changements d'un point temporel à l'autre,
d'un monde à l'autre.
Le mystère dans l'histoire est dosé
pour intriguer le lecteur, mais n'entrave pas son déroulement: il
prend la forme de rêves et d'hallucinations très réalistes qui accablent Noâm, et
bien sûr du voyage dans le temps.
La gestion de l'espace-temps, bien mise
en place, s'accompagne d'un questionnement juste et intéressant sur l'influence des deux adolescents. Pourtant, ce déplacement
spatio-temporel constitue le principal élément fantastique de
l'intrigue. Le récit quand à lui reste très réaliste : ceci
permet une réécriture des faits historiques logique et dont les conséquences marquent la conclusion du roman.
L'auteur n' y épargne d'ailleurs pas ses personnages.
Dans Rédemption, le style est fluide
et le récit rythmé par des chapitres équilibrés, ni trop courts,
ni trop longs. Une narration vivante et confortable entraîne le
lecteur. C'est un livre qui se dévore, tant on a hâte de connaître
la suite (et le roman ne manque pas de rebondissements!) et le
dénouement final.
En conclusion, "Rédemption" s'est révélé
intéressant, juste et intelligent, mené avec vivacité, réalisme
et intensité. Je m'y suis plongée facilement, et en suis sortie
marquée, troublée. (bon, je l'avoue, j'ai versé une petite larme
sur la fin).
J'ai apprécié tout autant l'intrigue,
les personnages, le style. L'auteur a su harmoniser ces différents
points dans son roman, sans faire prévaloir l'un au détriment de
l'autre. C'est donc un gros coup de cœur et un livre que
je vous conseille vivement.
D'ailleurs, je le glisserai un jour
dans la bibliothèque de mon garçon l'air de rien.