lundi 9 février 2015

Les nuits d'après d'Emanuelle Aublanc

Les Nuits d'après, d'Emmanuelle Aublanc

L'auteur nous propose une romance aux bases assez classiques, cependant le style agréable emporte sans mal le lecteur avec efficacité. Si l'intrigue reste prévisible, les émotions et sentiments des personnages sont bien fouillés et la psychologie travaillée. Même les personnages secondaires sont loin d'être négligés.

Parmi ses personnages, on découvre celui de Véronica, partie en Italie pour oublier son amour de jeunesse, et qui rencontre Mario, qu'elle épouse. Mario, mari attentionné, lui apporte l'amour et le bonheur qu'elle attendait, mais il la laisse seule et désemparée après sa mort. Ce passage se pose rapidement sur un premier chapitre introductif et laisse place ensuite à l'histoire, la vraie, quand Véronica rentre chez elle et retrouve son amour de jeunesse, Damien, le meilleur ami de son frère.

Veronica s'avère un personnage blessé par la vie, instable, hésitant, mais pourtant têtu. Elle ressort marquée, blessée, meurtrie de ses deux histoires d'amour. Dans la première, Damien l'a trahie et rejetée après avoir passé une nuit avec elle. Dans la seconde elle est finalement également abandonnée.
Damien s'est donc avéré être un véritable gougeât. Pourtant, Véronica arrive encore à se laisser troubler par lui, lors de leurs retrouvailles. C'est un homme séducteur, volage, mais plus sensible qu'on peut le croire. Pourtant, son comportement m'a paru totalement égocentrique et peu compréhensif avec les femmes, que ce soit avec Adeline, sa compagne qu'il délaisse rapidement, ou Véronica, qu'il bouscule de manière grossière, vu la période de fragilité dans laquelle elle se trouve. Damien jette dehors Adeline et son garçon du jour au lendemain, sous prétexte que c'est mieux ainsi, pour qu'elle puisse couper facilement. Il manque totalement de délicatesse et lui dit de manière abrupte que finalement, après plusieurs années passées ensemble, il ne l'aime pas vraiment. Il faudrait bientôt le remercier pour cette « gentillesse », après tout il le fait pour Véronica ! Cette façon de minimiser et pardonner aussi facilement cet acte abject m'a fait grandement tiquer et le récit perd en crédibilité. J'ai tout de même apprécié de connaître les réactions d'Adeline apportées de son point de vue. Si Veronica n'est pas choquée dans un premier temps par cette séparation, dont elle est tout de même la cause, elle prend conscience de la situation, quand elle croise Adeline et son garçon, alors qu'elle est accompagnée de Damien. Toutefois, elle rapporte la situation à elle même une fois de plus et à sa souffrance personnelle. Elle n’éprouve aucune empathie pour les autres, ce qui la rend quelque peu agaçante au fil du roman. Si on s'attache facilement au personnage au début, on prend peu à peu ses distances face à ses caprices et sa froideur envers les autres.
On a parfois l'impression que ces deux personnages peuvent se permettre beaucoup de choses en tant que personnages centraux et parce qu'ils sont amoureux. Un peu plus de réalisme dans les conséquences de leurs actes aurait été bienvenu. 
Le frère de Véronica, Christiano, apparaît comme un personnage important dans cette histoire. Ce frère hyper protecteur aurait pu avoir un rôle plus régulateur, si l'auteur lui avait donné un peu plus d'emprise sur sa sœur. Mais elle reste froide face à ses reproches, parfois très sensés. Il apparaît un peu comme le méchant de l'histoire, celui qui manque de tact et de compréhension, pourtant il ne manque pas de lucidité. J'ai aimé son côté « frère » qui se sent responsable de sa sœur. On sent à travers ses mots durs, son attachement pour elle et sa volonté de la faire réagir.
Sa mère, plus discrète et compréhensive connaît sa propre romance qui apporte un peu d'air frais à l'histoire : enfin quelqu'un qui se prend en main et qui avance ! Ce qui va aider sa fille a en faire de même, car elle reste longuement empêtrée dans ses doutes et ses hésitations.
Le psychologue que consulte Véronica joue un rôle surprenant aussi dans un sens. On y sent l'intervention de l'auteur pour guider son personnage, car un psy qui suggère les décisions et solutions que doit prendre son patient me semble bien intrusif. 

L'histoire se construit sur la base de nombreux flash-back, qui permettent de reconstituer par morceaux l'histoire de Véronica et Damien. J'ai fortement apprécié cette mise en place bien menée et plaisante à la lecture. On aime également le passage du point de vue de Véronica à celui de Damien. On peut ainsi suivre l'évolution parallèle de leurs sentiments, souvent en totale inadéquation (le couple a bien du mal à se comprendre) et à faire la lumière sur ce qui c'est vraiment passé. La transition entre les deux se fait avec aisance et fluidité.

A la fin du récit, un mystérieux personnage amène un revirement de situation inattendu et même totalement invraisemblable. Cette partie est-elle vraiment utile ? On sent la volonté de l'auteur d'apporter un coup de théâtre et de surprendre le lecteur, mais cela alourdit au contraire le rythme de l'intrigue.

Au final, je reste sur un avis mitigé. La lecture n'a pas été désagréable, mais beaucoup de choses dans le comportement des personnages et dans le déroulement de leur histoire m'ont dérangé. J'ai eu du mal à m'attacher à eux. Heureusement, je me suis laissée porter par la plume de l'auteur et l'organisation en flash-back m'a semblé fort intéressante. Je remercie Au cœur de l'Imaginarium et les éditions Artalys pour cette lecture.

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