Résumé
La
magie est interdite à Sarèje. L'Inquisition n'hésite pas à se
servir d'androïdes pour tuer les « marqués », détenteurs de
tatouages aux propriétés magiques. Natalia est l'un d'eux. Sa vie
est consacrée à soigner les gens, comme l'y a prédestinée sa
marque. Mais ce soir, elle est prise en chasse par un modèle
expérimental.
Mon avis
Tesha Garisaki, auteure de nouvelles publiées dans divers recueils, écrit parallèlement un roman. Je découvre sa plume et une partie de son univers avec La chasse aux marqués et compte bien lire d'autres de ses écrits.
Le
résumé alléchant nous promet un monde futuriste, où la magie est
interdite sous peine de mort. Fidèle à la tradition SF et sous
couvert d'une vision futuriste de la société, l'auteure nous livre
un message percutant sur les conséquences d'une intolérance
fanatique aveugle et sans fondement. On pourrait même la transposer
sous certains angles à notre monde actuel.
Sous
les yeux des inquisiteurs, les humains dotés de magie deviennent de
simples sujets à traiter sans pitié et la vie de ceux ci, de
simples données permettant de les traquer et de les exécuter. Dans
les mots choisis par l'auteur, dans l'attitude hautaine et méprisante
des inquisiteurs, on devine leur facilité à déshumaniser les marqués,
ainsi que leur manque d'empathie, perdue au profit de
l'aveuglement fanatique et du pouvoir.
L'auteure
contrebalance cette impression en présentant leur sujet actuel
«Natalia », dans son quotidien. On découvre une jeune fille
généreuse, qui utilise sa marque pour guérir et apporter son aide.
Sa mère a déjà été exécutée par les inquisiteurs, provoquant
le désespoir de son père. Ce n'est pas une simple marquée qui a
été tuée, mais une épouse et une mère, tout comme ce n'est pas
un simple "sujet" qui est de nouveau menacé. L'auteure amène le
lecteur à en prendre conscience de manière habile, grâce à l'alternance des points de vue. En premier lieu, Natalia présentée comme
marquée, simple fichier de données pour les inquisiteurs, puis
ensuite jeune fille sympathique. On comprend immédiatement quelle
est la menace qui pèse sur elle et comme l'on s'attache immédiatement à elle, on
tremble forcément pour sa vie lors de cette horrible chasse.
La
tension dans la nouvelle est d'ailleurs omniprésente et parfaitement
bien maîtrisée . L'auteur mène son récit de manière à la faire
monter d'un cran graduellement. On reste scotché à la liseuse,
impossible de lâcher sa lecture en route une fois qu'elle est commencée !
L'univers
présenté ne manque également pas de profondeur. Il ne représente
pas un simple décor, dans laquelle prend place la chasse des
marqués. La mégalopole dans laquelle vit Natalia a des quartiers où
la jeune fille évolue, avec sa population, son histoire et ses
blessures, celles qui ont amené les inquisiteurs au pouvoir. L'atmosphère
y est fort bien décrite. L'ensemble sonne juste et ne manque pas de
crédibilité.
En
conclusion, j'ai adoré cette nouvelle qui m'a tenue en haleine du
début à la fin. Le style fluide, la parfaite maîtrise de la
narration et du récit, la vision simple mais crédible de la société présentée donnent du
poids à un message fort et qui prête à réflexion. Un vrai coup de cœur !
Je
suis curieuse de lire d'autres nouvelles de Tesha Garisaki (je pourrai déjà la lire
de nouveau dans le recueil Lhomme de demain chez les
artistes fous associés, dans les recueils A voile et à vapeur, et De la corne du Kirin aux ailes de Fenghuang (dès
qu'il aura rejoint ma pal!) également tous deux publiés chez les éditions Voy'el, que je
remercie pour cette très belle découverte !
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