mardi 7 avril 2015

Et le vent se mit à souffler de Gabriel Jean




Résumé

De tout temps, notre bonne vieille Terre connut des ténors politiques, mais les plus remarquables furent ceux qui apparurent dès le XXè siècle. Grâce à eux, nos aieux apprirent que les générations qui leur succéderaient connaîtraient, avec les nouvelles découvertes, un avenir serein. 

Lorsque nombre d'entre eux, pour ne pas dire tous, se transformèrent en devins, monstres de guerre ou clowns, ils ne provoquèrent pas nécessairement le rire. Habilement néanmoins ils firent croire aux peuples qu'ils seraient heureux. Saint-Fric prit du galon et devin Dieu. 

Car sur le monde idéal qu'ils n'avaient cessé de repeindre aux couleurs de la mode, avec un art consommé trà tendance, la grisaille peu à peu se déposa... ET LE VENT SE MIT A SOUFFLER...



Mon avis

Dans un monde rongé par la cupidité, la corruption et la pollution, Virgile fait la rencontre de Sibylle et Vigo, deux extra terrestres pacifiques, grâce à qui il découvre un monde parallèle, à l'opposé du sien : Reconquête 102.

On se lance très facilement dans le roman, grâce à la plume fluide et agréable de Gabriel Jan. En effet, il nous conte son histoire, nous ouvre la porte du récit et on y entre avec plaisir et curiosité.
Les mots employés par l'auteur sonnent justes: il n'essaie pas d'impressionner le lecteur par de mots sophistiqués, mais ne tombe pas non plus dans le piège de la simplification. Le récit est clair, les descriptions détaillées et précises. On visualise sans mal les lieux. Les scènes, les atmosphères, et émotions sont également bien mises en place: que ce soient les scènes amicales et intimes, le climat de violence, l'étrangeté du Pangéa, la sérénité éprouvée sur Reconquête 102. Le lecteur, vite captivé par le récit, a l'impression d'accompagner les personnages au sein de celui ci, en partageant leurs sensations et émotions.
On apprécie aussi la construction pertinente et riche des univers et des faits surnaturels qui l'accompagnent. Le Pangea, passage entre les univers, s'avère en ce sens extrêmement intéressant.

L'auteur prend le temps de poser les personnages et de développer l'intrigue, qui avance progressivement et confortablement. Cependant, s'il ne brusque pas le lecteur et l'installe paisiblement dans la lecture, il amène tout de même son lot de rebondissements et de revirements de situation, avec un naturel et une facilité quelque peu insolents, mais si plaisants.

Si l'intrigue passionne, elle met également en jeu la vie des personnages, auxquels on s'attache sans mal, car ils sont bien caractérisés. Malgré leur grand nombre, la confusion semble difficile, car l'auteur propose des repères bien ancrés : Virgile, amical et astucieux, s'impose comme le personnage principal, mais les personnages secondaires paraissent tout aussi importants : comme son ami Horace, vieil homme sage et lucide, Sibylle et Vigo, les extra terrestres pacifiques, mais aussi Socrate, le philosophe, Ingrid, petite fille (aux étranges pouvoirs), les Amphoms, étranges créatures, résultat des manipulations génétiques des Muzuls, extra terrestres ennemis qui menacent les deux mondes... Tous possèdent un rôle bien défini à jouer dans l'intrigue.
D'ailleurs, la narration révèle ce degré d'importance par une alternance judicieuse des points de vue. Les changements s'enchaînent de manière fréquente, mais fluide : Horace/ Virgile, Sybille/Vigo principalement, mais on note aussi l'incursion propice des autres personnages. Il n'y a pas pour autant confusion à la lecture, grâce à une organisation en chapitres claire.

Au début de l'histoire, le discours écologique et moralisateur semble un peu répétitif et manque d'originalité, mais le message passe tout de même et s'affine au fil du récit. Les conséquences de l'irresponsabilité des humains, poussées à l'extrême, restent vraisemblables, cohérentes et aisées à retranscrire dans notre propre monde : dérèglements climatiques, irruptions volcaniques et autres cataclysmes.
Pourtant, des perspectives d'avenir s'offrent à ceux considérés comme récupérables, c'est à dire non rongés par la cupidité et la violence. Cette note d'espoir atténue la portée sombre et pessimiste de l'histoire.
Ce message fort, certes moralisateur, passe assez facilement, car l'auteur s'en est donné les moyens, par sa plume et la construction du récit, avec intelligence et légèreté.

On note également un zeste de romance, se profilant au fil de l'histoire, mais qui s'efface vite devant les événements. Elle semble bien dosée, même si un peu timide.

En conclusion, « Et le vent se mit à souffler » est un roman assez court (environ 230 pages), mais j'aurai pu continuer l'aventure sans problème, tant j'ai apprécié l'histoire, l'univers et les personnages développés par Gabriel Jan. J'ai apprécié sa fausse simplicité. Je me suis laissée transportée par la plume de l'auteur et ai été surprise par les revirements de situation...Un vrai coup de cœur ! Je remercie Au cœur de l'Imaginarium et Rivière blanche pour cette belle découverte.


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