Résumé
Élevé par son frère Madriel depuis son plus jeune âge, Arquel partage son quotidien entre une vie tranquille à la campagne et ses allées et venues au lycée. Il ne rêve que d'une chose : marcher dans les pas de son aîné et devenir, comme lui, créateur de jouets.
Jusqu'au jour où la marionnette rouge fabriquée autrefois par Madriel se réveille, levant le voile sur l'existence de Snezelheim, un pays caché où une magie aussi mystérieuse que maléfique permet aux objets de venir à la vie...
Nouvelle venue chez L’ivre-Book, l’auteure signe un chef-d’œuvre au premier essai.
Mon avis
A ma grande surprise, « Snezelheim » est le premier roman de Laetitia Millet. Elle fait preuve d’une maîtrise telle, aussi bien sur le fond que sur la forme, que j’en reste admirative.
« Snezelheim » est un roman qui s’adresse plutôt aux enfants petits et grands. A la manière d’un Harry Potter arrivant à Poudlard, Arquel, personnage principal, nous entraîne dans un autre monde « Snezelheim », régi dans une réalité très différente de la nôtre, empli de mystère, de magie et de danger, avec une cohérence et une originalité qui lui est propre.
Au début du roman, Arquel est un adolescent comme les autres… enfin presque. Élevé par son frère Madriel, artisan marionnettiste de métier, il lui donne bien du fil à retordre. Peu sérieux en classe, il préfère bricoler dans l’atelier que de travailler ses cours.
Arquel vit dans une maison isolée, et garde son côté sauvage et peu sociable. Il ne veut pas ressembler aux autres et perdre son étincelle créatrice et son savoir faire.
Sa vie change soudainement quand il prend connaissance des secrets que son frère lui a cachés depuis toujours et qu’il se fait repérer à un concours de jouet. Leur véritable identité constitue alors un danger. Par discrétion et pour éviter les soupçons il part devenir apprenti à Snezelheim, sous sa fausse identité.
Dans cette partie du roman l’auteure prend le temps de poser les bases de son personnage, de le rendre attachant. La narration à la première personne fonctionne très bien. Elle donne de la profondeur à la caractérisation d’Arquel et c’est avec enthousiasme que l’on suit les aventures du garçon, qui ne font que commencer…
Arrivé à Snezelheim, la vie n’est pas simple, surtout qu’Arquel doit protéger le secret de son identité. Difficile de savoir à qui se fier.
Les personnages sont nombreux, mais on s’y retrouve parfaitement, car l’auteur maîtrise les fils de son intrigue à merveille. Ils sont d’ailleurs multiples, se croisent, s’étendent et ne se dénouent qu‘à la fin du roman. Entre les secrets d’Arquel, sa vie d’apprenti, les amitiés, les béguins amoureux, les traîtrises, qui se font et se défont, mais aussi les meurtres qui se multiplient dans son quartier de résidence, impossible de s’ennuyer.
Arquel avance à tâtons dans cette toute nouvelle vie, apprend à ne compter que sur lui-même et à déjouer les pièges d’une ville remplie de magie et de dangers. Cela ne l’empêche pas d’avoir des comportements immatures, mais il reste tout de même un adolescent généreux et courageux, que l’on apprécie sans peine.
Pour faire face, il est accompagné de deux marionnettes facétieuses, fabriquées par son frère pour le protéger, qui l’aident dans son enquête, le soutiennent et le rabrouent si nécessaire. Ces deux personnages s’avèrent particulièrement amusants et apportent une touche pétillante au récit.
Sa vie d’apprenti mécaniste lui apprend également le dur métier d’artisan, le mène à utiliser l’animatière, élément magique qui permet de créer des jouets « vivants ». Si à la base, tout le destinait à être marionnettiste, il s’adapte parfaitement à sa condition de mécaniste.
La ville de Snezelheim est tout à fait fascinante. Avec une hiérarchie sociale basée sur le grade de la personne dans les différentes guildes (mécanistes, logisticiens, marionnettistes etc…), être apprenti, c’est être en bas de l’échelon, mais cette position apporte un certain respect ou tout du moins de la crainte de représailles pour les gens « du commun ». La différence est immense entre les nantis et les miséreux des quartiers gris. C’est pourtant dans ces quartiers de misère qu’Arquel trouve un logement dans une pension, son faible salaire d’apprenti ne lui permettant pas mieux. Dans cette pension, Arquel trouve des amis inestimables, même s’il ne les considèrent pas souvent à leur juste valeur. Il apprend à les connaître eux et leurs voisins et ne peut donc pas rester de marbre quand un meurtrier sévit et massacre ses victimes. Il pourrait même être la prochaine !
Le centre de Snezlheim est un lieu enchanteur, entre l’éternitrain, conçu par les mécanistes, les marionnettes et automates qui sont au service des humains et qui parcourent les rues parmi eux. Les constructions de la villes, le décor et les coutumes fermées au monde extérieur et eu développement moderne la rendent forcément différente de nos villes (pas de télévision, de téléphone etc…). Comme Arquel, on retrouve nos yeux d’enfants quand on parcourt ses rues.
L’auteure ne manque pas de nous décrire les scènes dans les moindres détails et maîtrise avec habileté l’organisation de sa ville, de sa population et des clans qui la dirigent.
En conclusion, la plume de l’auteur vive, fluide, agréable à la lecture mène le lecteur à travers Snezelheim pour notre plus grand bonheur. Je lirai la suite avec grand plaisir et je ferai découvrir le livre à mon garçon qui devrait aussi l’apprécier (j‘espère qu‘il y aura une version papier, car il ne lit pas en numérique). Une bonne alternative à Harry Potter, mais attention, l’auteure n’est pas tombé dans le piège de perdre son originalité. Elle a su garder pour son roman son identité propre et une magie subtile et enchanteresse. Merci aux éditions L'Ivre-book et au forum Au cœur de l'imaginarium pour cette excellente découverte !
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